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jeudi 28 mars 2024

Immigration clandestine : la route de la Méditerranée orientale voit son volume d’arrivée multiplié par deux et celle de l'Afrique de l'Ouest par… cinq

 


Le tout dernier rapport de Frontex met en évidence le dynamisme des routes migratoires. Même si la situation semble se stabiliser, ces routes évoluent rapidement, en témoigne la recrudescence du nombre de passages par celle de la l'Afrique de l'Ouest. De son coté, un rapport sur l’immigration souligne l’importance du rôle opérationnel des agences européennes en la matière. A ce sujet, la montée en puissance de Frontex devient toujours plus palpable avec plus de 2500 garde-frontières déployés.
A noter également des partenariats opérationnels été mis en place avec des pays partenaires pour combattre le trafic de migrants en vue d’une coopération plus approfondie avec Frontex et Europol.



Le succès de la route de l'Afrique de l'Ouest


D’après Frontex, la route de l'Afrique de l'Ouest est restée la route migratoire la plus fréquentée de l'UE, avec des arrivées en janvier et février atteignant près de 12 100. Il s'agit du total le plus élevé pour ces deux mois depuis que Frontex a commencé à collecter des données en 2011.

La deuxième route migratoire la plus active était la Méditerranée orientale, avec le nombre de détections qui a plus que doublé pour atteindre 9 150 au cours des deux premiers mois de l’année.
 
 
Une stabilisation du nombre d’arrivées 
 
Toujours selon Frontex, le nombre de passages irréguliers des frontières vers l'Union européenne au cours des deux premiers mois de 2024 a atteint 31 200, soit un niveau similaire à celui d'il y a un an. 
La Méditerranée centrale a connu la plus forte baisse des détections de passages irréguliers parmi les principales routes (-70 %), tandis que les routes de l'Afrique de l'Ouest et de la Méditerranée orientale ont connu les plus fortes augmentations (+541 % et +117 %, respectivement).

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nombre de franchissements illégaux (janvier/février 2024)
source: Frontex

La route de la Méditerranée centrale, qui a connu le plus grand nombre de traversées irrégulières en 2023, a continué d'afficher une tendance à la baisse par rapport aux derniers mois, avec une baisse de 70 % sur un an pour atteindre un peu plus de 4 300. En janvier, environ 2000 détections ont eu lieu sur le parcours.


Un chantier qui s’ouvre pacte sur la migration et l’asile

Selon le rapport sur l’immigration, l’accord politique historique entre le Parlement européen et le Conseil relatif au pacte dotera l’Union d’une base juridique solide pour gérer la migration de manière globale et intégrée. Onze actes législatifs étroitement liés garantiront une approche collective visant à mieux sécuriser nos frontières extérieures, un système de solidarité et de responsabilité équitable et plus efficace, ainsi que des procédures d’asile efficaces offrant une meilleure protection aux personnes dans le besoin.

La Commission a entamé les préparatifs afin de mettre en œuvre et de rendre opérationnel le pacte. D’ici juin 2024, la Commission présentera un plan commun de mise en œuvre qui définira la voie à suivre et sera assorti d’une feuille de route, d’un calendrier et de jalons concernant les actions de l’Union et des États membres. Le plan recensera les lacunes et les mesures opérationnelles nécessaires pour faire en sorte que tous les États membres mettent en place les capacités juridiques et opérationnelles requises afin de commencer à appliquer avec succès la nouvelle législation d’ici à 2026.

Le plan de mise en œuvre de la Commission comprendra des analyses des lacunes par pays qui pourront servir de base aux États membres afin d’élaborer leur propre plan national de mise en œuvre. Les États membres devront également élaborer des stratégies nationales, qui constitueront ensuite la base d’une stratégie européenne quinquennale de gestion de l’asile et de la migration, qui sera élaborée par la Commission dans un délai de 18 mois à compter de l’entrée en vigueur des nouvelles règles.


Une approche axée sur l’ensemble de la route

D’après le rapport sur l’immigration, l’une des principales innovations de ces dernières années a été de s’orienter vers une approche axée sur l’ensemble de la route afin de traiter les mouvements mixtes de réfugiés et de migrants, en tenant compte de l’ensemble des situations dans lesquelles les personnes peuvent se trouver et en les examinant avec les pays d’origine et de transit.
La Commission a élaboré quatre plans d’action de l’UE – consacrés aux routes des Balkans occidentaux, de la Méditerranée centrale, de l’Atlantique/de la Méditerranée occidentale et de la Méditerranée orientale – afin de tracer la voie à suivre pour une action collective et opérationnelle sur ces routes. Ils contiennent une série d’actions qui, à ce jour, sont en train d’être mises en œuvre ou sont déjà achevées. Cette approche plus ciblée et coordonnée a renforcé la réactivité et l’agilité de l’Union face à des défis en constante évolution, grâce à un large éventail de mesures à court et moyen terme.
Les plans d’action de l’UE s’adaptent aux spécificités de chaque route et renforcent le soutien apporté par l’Union aux États membres soumis à une pression migratoire et aux pays partenaires, notamment grâce au travail des agences de l’UE. Les actions de ces plans visent à réduire la migration irrégulière et dangereuse.


Un exemple plan d’action : les routes de la Méditerranée occidentale et de l’Atlantique

Le rapport sur l’immigration indique que le plan d’action de l’UE concernant les routes de la Méditerranée occidentale et de l’Atlantique, adopté en juin 2023, met l’accent sur le renforcement des mesures opérationnelles concernant la recherche et le sauvetage, la prévention des départs irréguliers, la protection des frontières, les procédures de retour, et la migration de la main-d’œuvre. Son approche axée sur l’ensemble de la route a renforcé la coopération avec le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Gambie. Le plan consiste notamment à renforcer les capacités, à intensifier les activités de lutte contre le trafic de migrants, la gestion des frontières, la protection, et la migration de main-d’œuvre, ainsi qu’à relever les défis découlant des problèmes de sécurité au Sahel.


Les agences sur tous les fronts

Des experts des agences de l’UE, telles que l’AUEA, Europol, Frontex et Eurojust, sont déployés aux principaux points d’entrée pour aider les autorités nationales à identifier les personnes qui pénètrent sur le sol de l’Union.

Au 4 mars 2024, Europol comptait 79 déploiements dans 11 États membres et en Moldavie.
Ces équipes, composées de spécialistes d’Europol et d’agents invités, aident les autorités nationales dans le cadre de contrôles de sécurité secondaires et d’enquêtes. Elles recueillent également des informations sur le terrain, qui sont utilisées pour réaliser des évaluations de la menace criminelle au niveau européen et soutenir les enquêtes.

Les équipes d’appui «asile» de l'Agence de l’UE pour l’asile (AUEA) déployées dans l’ensemble de l’UE apportent un soutien aux autorités nationales compétentes en matière d’asile et d’accueil dans les domaines de la gouvernance, de la planification stratégique, de la qualité et des procédures.
Au 3 mars 2024, l’AUEA comptait 1 141 déploiements dans 12 États membres.


Le fer de lance : les déploiements de Frontex


Au début de l’année 2024, Frontex compte 22 activités opérationnelles en cours qui visent à soutenir les États membres et les pays associés à l’espace Schengen en matière de contrôle aux frontières et de retour, de même que des pays partenaires. À ce jour, l’Agence a déployé plus de 2 700 membres du corps permanent. Les opérations apportent un soutien à la surveillance des frontières terrestres, maritimes et aériennes. Elles soutiennent entre autres tâches les contrôles aux points de passage frontaliers ainsi que les opérations de retour.
Aujourd’hui, 2650 garde-frontières et garde-côtes du contingent permanent sont déployés afin d’aider les États membres dans le cadre des contrôles aux frontières, des opérations de retour et de la surveillance des frontières.

Au début de l’année 2024, Frontex avait déployé plus de 500 agents dans les Balkans occidentaux, en Albanie, au Monténégro, en Macédoine du Nord et en Serbie, ainsi qu’en Moldavie, pour aider les autorités nationales dans les domaines de la gestion des frontières, de la surveillance, de la détection des documents falsifiés et de la lutte contre la criminalité transfrontalière, ainsi que des véhicules utiles à ces tâches.

Des avancées considérables, dont la conclusion par Frontex de 17 arrangements de travail et de cinq accords sur le statut, ont été réalisées durant le mandat actuel. Ces arrangements et accords comportent systématiquement des garanties en matière de droits fondamentaux. Actuellement, plus de 500 officiers de liaison sont dépêchés dans les pays tiers, qui œuvrent dans le cadre d’un réseau européen commun et sont chargés de collecter et de partager des informations essentielles en vue d’obtenir une vision commune de la situation au niveau européen.


Des partenariats opérationnels visant à combattre le trafic de migrants


Des partenariats opérationnels, spécifiques et adaptés aux besoins, ont été mis en place avec des pays partenaires, les États membres et les agences des Nations unies pour combattre le trafic de migrants dans des endroits stratégiques. Un premier partenariat a été lancé avec le Maroc en juillet 2022, ouvrant la voie à une coopération plus approfondie avec Frontex et Europol.

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Ce partenariat pourrait conduire à la conclusion d’un accord de travail et au déploiement d’un officier de liaison. Le partenariat opérationnel avec la Tunisie, conclu en avril 2023, couvre les négociations menées en vue d’un accord de travail avec Europol et de la poursuite de la coopération avec CEPOL et sera complété par un programme, doté d’un budget de 18 millions d’euros, en faveur de la lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains en Tunisie. Un partenariat opérationnel régional avec les Balkans occidentaux a été lancé en novembre 2022 et a été suivi en juin 2023 d’un programme régional de lutte contre le trafic de migrants d’un montant de 36 millions d’euros.

Une boîte à outils opérationnels et diplomatiques


La Commission est présente en Afrique et en Asie dans le cadre d’une coopération opérationnelle bilatérale et régionale. Cette coopération se traduit notamment par un soutien à la coopération policière et judiciaire, par le renforcement des capacités de gestion des frontières terrestres et maritimes et par l’organisation de campagnes d’information et de sensibilisation. Des campagnes d’information financées par l’UE ont été lancées au printemps 2023 afin de mettre les migrants en garde contre les dangers liés à l’acceptation d’une aide des passeurs. Ces campagnes ciblent les pays d’origine et de transit situés le long des principales routes migratoires, notamment le Nigeria, la Tunisie, le Maroc, le Sénégal, la Gambie, le Pakistan et l’Iraq.
En outre, en juin 2023, la Commission a adopté une boîte à outils visant à lutter contre l’utilisation de moyens de transport commerciaux pour faciliter la migration irrégulière vers l’UE. Ces outils consistent notamment en un ensemble de mesures opérationnelles et diplomatiques devant permettre de remédier à l’augmentation de l’utilisation abusive du transport commercial par les réseaux criminels qui se livrent au trafic de migrants. La boîte à outils a été mise en place afin d’encadrer les discussions avec les pays partenaires (Turquie, Pakistan) et contribue de la sorte à la diminution des arrivées irrégulières dans l’UE, en particulier à Chypre.

synthèse par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr

 


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