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mardi 21 février 2023

Protection civile : un sauf qualitatif majeur est en vue

 



Un nouveau pas conséquent va être franchi à travers une communication comprenant une recommandation. L’objectif ? Définir 5 nouveaux objectifs visant à constituer un programme commun destiné à muscler la capacité collective de l’UE ainsi que de ses Etats membres.  Concrètement, un saut qualitatif majeur en vue à travers des scénarios prospectifs, une montée en puissance de la réserve stratégique européenne et la soumission des centres nationaux d’opérations d’urgence à des «stress tests».
La publication de ces textes intervient à l’heure où le dispositif européen est déployé en Turquie et en Syrie suite à un puissant séisme.


Un mécanisme de protection civile de l’Union très utilisé

Lorsqu’une crise dépasse les capacités d’un seul pays, le mécanisme de l’Union en matière de protection civile fournit l’ossature opérationnelle qui permet la réaction collective de l’Europe, tant dans l’Union (y compris dans les régions ultrapériphériques de l’UE) qu’à l’extérieur. 

Or, entre 2020 et 2022, le mécanisme de l’Union a été activé à plus de 320 reprises, dont plus de 100 fois par les États membres. C’est 5 fois plus que la moyenne des 10 années précédentes.

Au début de la pandémie de COVID-19, le mécanisme de l’Union a constitué le premier arsenal stratégique rescEU de contre-mesures médicales. Il a facilité le rapatriement de plus de 100 000 ressortissants de l’UE bloqués à l’étranger durant la pandémie et la distribution de 40 millions de doses de vaccin à 49 pays dans le monde, conformément à la stratégie de vaccination de l’UE.


Un mécanisme dont l’utilisation a trouvé son paroxysme lors de la guerre en Ukraine 

Le mécanisme de protection civile de l’Union a apporté une réponse aux incendies de forêt massifs qui ont sévi durant l’été 2022: des avions et des hélicoptères ont ainsi été mobilisés pour participer à 38 opérations de l’UE de lutte contre les incendies, en plus des quelque 400 pompiers et 100 véhicules déployés sous la bannière de l’UE.

Dans le contexte de la guerre d’agression livrée par la Russie à l’Ukraine, a été mené l’opération de protection civile de l’UE la plus importante et la plus complexe depuis la création du mécanisme. C’est ainsi que plus de 80 000 tonnes d’aide en nature, d’une valeur d’environ 500 millions d’euros, ont été acheminées en Ukraine et dans les pays voisins.


Une mutation du centre de coordination de la réaction d’urgence

Le centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) s’est transformé en plateforme opérationnelle de gestion des crises de l’UE. Il est désormais doté d’une capacité analytique et d’anticipation accrue. 

Il est capable d’assurer la coordination entre les secteurs en juxtaposant les demandes d’aide et les réponses des États membres, de pays tiers et d’acteurs du secteur privé. Il travaille, en outre, en coordination avec le dispositif intégré de l’UE pour une réaction au niveau politique dans les situations de crise (IPCR) au Conseil. 

Lorsqu’il fait face à des crises consulaires et de sécurité hors de l’UE, il collabore avec le centre de réaction aux crises du Service européen pour l’action extérieure (SEAE). 

Pour faire face à d’éventuelles crises à venir, l’ERCC renforcera son rôle de plateforme centrale d’un réseau reliant l’ensemble des acteurs de la gestion des crises.


Une planification des risques à l’échelle européenne: la nécessité d’aller plus loin 

Face à l’évolution du profil des risques, il y a lieu de renforcer ces efforts. Pour être efficaces, la prévention et la préparation doivent s’appuyer sur des scénarios prospectifs dépassant le cadre du système de protection civile. 

Or, le recensement et la planification des risques de catastrophes à l’échelle nationale atteignent vite leurs limites lorsque des menaces, des vulnérabilités et des interdépendances sont de nature transfrontière et paneuropéenne. 

A lire sur securiteinterieure.fr  : Le mécanisme européen de protection civile fait peau neuve

Il convient d’adapter la prévention et la préparation en conséquence, en faisant en sorte qu’elles deviennent multisectorielles et paneuropéennes et qu’elles couvrent plusieurs niveaux.


L’instauration de cinq nouveaux objectifs en matière de résilience

L’UE et ses États membres ont collectivement établi 5 objectifs qui ciblent les domaines dans lesquels le besoin de renforcer la résilience de l’Europe. 

Ils sont énoncés dans une recommandation de la Commission accompagnant la cette communication. 

Les cinq objectifs sont:

  1. anticiper, en améliorant l’évaluation et l’anticipation des risques, ainsi que la planification de la gestion des risques de catastrophes;
  2. préparer, en renforçant la sensibilisation et la préparation des populations aux risques;
  3. alterter en renforçant l’alerte précoce;
  4. réagir, en renforçant les capacités de réaction du mécanisme de protection civile de l’Union;
  5. protéger, en se dotant d’un système de protection civile solide.

Ces objectifs forment une base commune destinée à soutenir les actions de prévention et de préparation face aux catastrophes susceptibles d’avoir des effets transfrontières plurinationaux.


Le but ? Créer un programme commun de renforcement de la capacité collective

Fixant chacun ses propres buts, ces objectifs définissent un programme commun visant à renforcer la capacité collective de l’UE à résister aux conséquences des catastrophes à venir et à protéger les citoyens, les moyens de subsistance et l’environnement.

Le programme de prospective stratégique de la Commission et les objectifs en matière de résilience face aux catastrophes partagent un même but, celui de placer la résilience au cœur de l’élaboration des politiques de l’UE. 

Ils se tournent vers l’avenir pour éclairer la prise de décisions actuelle, en s’appuyant sur la recherche, sur des scénarios, sur l’analyse des tendances pour renforcer la résilience de l’Europe.


Où va-t-on ?

Les travaux visant à mettre en œuvre les recommandations devraient commencer en 2023, au niveau de l’UE comme au niveau national. 

Courant 2024, les éléments fournis par les nouveaux scénarios de catastrophes et les orientations découlant de l’évaluation européenne des risques climatiques à venir donneront lieu à une recommandation sur les objectifs en matière de résilience face aux catastrophes. 

Il conviendrait de lancer, au niveau des pays, un exercice complet d’examen par des pairs de la mise en œuvre des objectifs en matière de résilience face aux catastrophes. 

Enfin, les progrès réalisés dans la mise en œuvre des objectifs feront aussi l’objet d’un examen durant le prochain forum de la protection civile en 2024.

Quant au réseau européen de connaissances en matière de protection civile, il fera office de guichet unique pour les professionnels, les chercheurs et les acteurs de la société civile en vue de créer des liens et de partager des connaissances. Il s’agira d’entamer un dialogue commun sur les objectifs en matière de résilience face aux catastrophes.


Une mesure concrète : la création de scénarios de catastrophes à l’échelle de l’Europe

D’ici la fin de 2023, la Commission entend parachever l’élaboration de scénarios transfrontières et transsectoriels clés couvrant 16 grands risques et les éventuels effets en cascade auxquels l’Europe est exposée :

(cliquez sur l'image pour agrandir)

Étant donné que l’incidence des catastrophes à grande échelle se fait sentir par-delà les frontières nationales, les États membres devraient pleinement contribuer à ce que la planification de scénarios nationaux alimente les scénarios de catastrophes à l’échelle de l’Europe et guide les activités ultérieures de préparation aux catastrophes. Après 2023, les scénarios seront actualisés et étendus au besoin, à l’issue d’un dialogue permanent mené avec les États membres.


Une autre mesure concrète : l’instauration d’un programme paneuropéen de sensibilisation à la résilience 

Les outils à élaborer seront:

  • la mise en avant de «héros» et mise au point de documents visuels sur le sujet, destinés aux écoles, aux lieux publics (y compris aux plateformes de transport) et aux hauts lieux du tourisme;
  • la publication d’un «Atlas des risques en Europe» visant à sensibiliser les citoyens de l’UE et à parerà la désinformation;
  • le lancement d’un «mois de la préparation aux catastrophes», pour sensibiliser les citoyens à la résilience au niveau du foyer.

La Commission et les États membres devraient tirer parti du potentiel de l’intelligence artificielle, des nouvelles technologies, des applications conviviales et de la réalité augmentée.


Initiative phare: lier les alertes précoces mondiales et l’action locale en Europe

Le centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) a mis au point toute une série de systèmes européens et mondiaux automatisés d’alerte et de détection précoces. 

Afin de mieux aider les États membres à interpréter rapidement des alertes concernant des événements locaux, l’ERCC mettra ces capacités analytiques au service des autorités nationales en offrant un service d’évaluation précoce à la fois proactif et sur demande. Il élaborera également un tableau de bord qui fournira une appréciation de la situation en Europe aux gestionnaires de situations d’urgence. 

 

Une autre initiative phare: faire monter en puissance la réserve stratégique rescEU

La Commission entend mieux doter encore la réserve rescEU en réexaminant périodiquement la capacité globale au niveau européen. 

Il s’agit de doubler les moyens mis à la disposition de la flotte aérienne de lutte contre les incendies de la réserve rescEU d’ici à 2023, avec jusqu’à 3 hélicoptères et 12 aéronefs légers supplémentaires, de manière à combler les lacunes décelées. 

Combiné avec un renforcement des mesures de prévention et des prépositionnements de pompiers, ce renforcement de la flotte aérienne devrait contribuer à faire face à la prochaine saison des incendies de forêt en Europe. 

Les capacités de réaction aux incendies de forêt devraient considérablement s’accroître avec l’achat programmé de 9 hélicoptères entre 2023 et 2026 et de 12 avions à partir de 2026, qui viendront compléter la flotte permanente de rescEU. 

 

Un autre projet : soumettre les centres d’opérations d’urgence à des « stress tests » 

Un test de résistance pilote concernant la préparation aux catastrophes de la protection civile paneuropéenne vérifiera la continuité des activités des centres d’opérations d’urgence. 

Ce test porte sur la simulation de scénario de panne d’électricité susceptible de toucher simultanément plusieurs sous-régions d’Europe. Ce genre de simulation devrait être cohérent avec les activités en matière de tests de résistance des infrastructures critiques qui se déroulent actuellement à l’échelle de l’UE. 

Ce test pilote, à prévoir courant 2023, fournira des résultats et des enseignements qui alimenteront les futures éditions.


synthèse de la communication par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr


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