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jeudi 21 février 2019

Gestion des catastrophes, criminalité et cybersécurité : les 28 ministres européens valident l'injection de 20 milliards d’euros dans l'intelligence artificielle


Les 28 ministres viennent tout juste d'adopter le "plan coordonné" européen sur l'IA présenté en décembre 2018 par la Commission européenne. Ils recommandent la mise au point d'applications haut de gamme dans tous les secteurs économiques pour assurer l'anticipation des catastrophes naturelles, la lutte contre la criminalité et l'amélioration de la cybersécurité.

Retour sur ce plan d’action ambitieux qui repose sur 3 piliers: accroître les investissements publics et privés dans l’IA, se préparer aux changements socioéconomiques et garantir un cadre éthique et juridique approprié.

D’où vient-on et où va-t-on ?

Dans sa stratégie sur l’IA pour l’Europe, la Commission a proposé de travailler avec les États membres sur un plan coordonné pour l’IA pour la fin de l’année 2018, dans le but de maximiser les retombées des investissements au niveau de l’UE et des États membres, d’encourager les synergies et la coopération dans l’ensemble de l’UE, d’échanger les meilleures pratiques et de définir conjointement la voie à suivre pour faire en sorte que l’UE dans son ensemble puisse rivaliser avec la concurrence internationale.
La proposition de plan coordonné s’est inspirée de la déclaration de coopération sur l’IA lancée en avril 2018 lors de la Journée du numérique et signée par l’ensemble des États membres et par la Norvège. Cette stratégie a été approuvée par le Conseil européen en juin 2018.

Les États membres (dans le cadre du groupe sur le passage au numérique des entreprises européennes et sur l’IA), la Norvège, la Suisse et la Commission ont préparé le plan lors de plusieurs réunions entre juin et novembre 2018.
Des échanges ont également eu lieu lors des réunions du Conseil «Compétitivité» sous la houlette de la présidence autrichienne de l’UE.
Le résultat de ce travail conjoint – le plan coordonné – détaille les actions à engager en 2019-2020 et prépare le terrain pour les activités à mener au cours des années suivantes.
Il sera revu et mis à jour chaque année.

Faisant suite, une stratégie européenne en avril 2018, ce plan d’action vise à profiter au mieux des possibilités offertes par l’IA.
Le calendrier est court puisque les États membres doivent mettre  au point leurs stratégies nationales en matière d’IA d’ici à la mi-2019.

Le  plan coordonné :   un cadre stratégique pour les stratégies nationales

À l’heure actuelle, 5 États membres ont déjà adopté une stratégie nationale dans ce domaine, dotée d’un budget à cet effet.
Tous les autres États membres sont encouragés à développer leur stratégie nationale en matière d’IA d’ici à la mi-2019, en s’inspirant des travaux menés au niveau européen.
Ils sont censés définir les niveaux d’investissement et les mesures d’exécution.

Au cours de l’année prochaine, les États membres et la Commission conviendront également d’indicateurs communs pour surveiller l’adoption de l’IA et son développement dans l’Union ainsi que le taux de réussite des stratégies en place, avec le soutien d’AI-Watch, le projet développé par le Centre commun de recherche de la Commission.

20 Milliards d’euros injectés


La stratégie européenne en matière d’IA a fixé des objectifs ambitieux mais réalistes: les investissements publics et privés dans l’IA réalisés dans l’Union doivent être augmentés pour atteindre l’objectif de 20 milliards d’euros par an au cours de la prochaine décennie.

Dans un premier temps, la Commission porte à 1,5 milliard d’euro pour la période 2018-2020 les investissements dans l’IA au titre du programme-cadre de recherche et d’innovation «Horizon 2020». Ce montant correspond à une augmentation de 70 % par rapport à la période 2014-2017.
Si les États membres et le secteur privé consentent des efforts similaires, le total des investissements dans l’Union passera à plus de 20 milliards d'euros pour la période 2018-202, ce qui permettra à l’Union d’intensifier ses efforts au cours de la décennie suivante, pour porter progressivement les investissements à 20 milliards d'euros par an.
Cela correspondrait à un investissement annuel de 7 milliards d'euros par le secteur public (États membres et Commission), soit le même niveau que sur les autres continents.

La Commission a proposé, pour la prochaine période de programmation 2021-2027, que l’Union investisse dans l’IA au moins un milliard d'euros par an au titre du programme «Horizon Europe» et du programme pour une Europe numérique.

Vers un partenariat public-privé européen dans le domaine de l’IA


La Commission réunira les entreprises et les organismes de recherche pour développer un programme commun de recherche stratégique sur l’IA, en définissant des priorités conformes aux besoins du marché et en encourageant les échanges sectoriels et transfrontières.

La voie vers un nouveau partenariat en matière de recherche et d’innovation sera ainsi tracée, ce qui renforcera la collaboration entre le monde universitaire et l’industrie en Europe.
Dans le cadre de ce partenariat contractuel, le secteur privé est appelé à procéder à des investissements spécifiques et importants dans l’IA.
Ce partenariat s’inspirera de ceux qui existent déjà dans les domaines de la robotique et des mégadonnées, qui représentent 4,4 milliards d'euros d’investissements, dont la majorité (3,2 milliards d'euros) provient de l’industrie. Les parties prenantes ont déjà marqué leur soutien à la mise en place d’un partenariat IA.

Vers un financement accru des jeunes pousses et des petites et moyennes entreprises innovantes

Un montant de 100 millions d'euros devrait, dans un premier temps, être mobilisé en 2020, et pourrait être complété par la participation des banques nationales de développement et d’autres établissements.
Cela pourrait contribuer au renforcement futur de l’accès aux sources de financement de l’IA au titre du programme InvestEU à partir de 2021.

En parallèle, la Commission progresse sur la voie de la création du Conseil européen de l’innovation, afin de soutenir les technologies de pointe et les jeunes pousses les plus innovantes.
En réponse à l’invitation du Conseil européen de juin 2018, une nouvelle initiative pilote sera lancée début 2019 et prévoit de soutenir la prochaine génération de technologies de l’IA axées sur le facteur humain.

Enfin, la proposition de nouveau programme pour une Europe numérique prévoit des co-investissements réalisés par les États membres et la Commission dans des pôles d’innovation numérique partout en Europe, y compris par l’intermédiaire des fonds de la politique de cohésion.

Le programme facilitera aussi la diffusion des capacités en matière d’IA dans chaque État membre et sera relié à une plateforme d’IA à la demande.
À cette fin, en 2019, les États membres dresseront l’inventaire des pôles d’innovation numérique en matière d’IA présents sur leur territoire.

Renforcer l’excellence dans des technologies fiables en matière d’IA

Les États membres et la Commission entendent développer les capacités nationales de recherche et arriver à une masse critique par l’intermédiaire de réseaux plus denses de centres européens d’excellence en recherche dans le domaine de l’IA.
L’objectif vise à renforcer la coopération entre les meilleures équipes de recherche européennes afin qu’en unissant leurs forces, elles puissent relever plus efficacement les grands défis scientifiques et technologiques liés à l’IA.

La mise sur le marché d’applications de pointe en matière d’IA exige de procéder à des expériences et des vérifications en conditions réelles.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de passage au numérique des entreprises européennes adoptée en 2016, la Commission soutient déjà des projets pilotes et des expériences à grande échelle.

Pour optimiser les investissements et éviter le dédoublement des efforts, la Commission propose que plusieurs sites d’essai de référence à grande échelle, ouverts à l’ensemble des acteurs de toute l’Europe, soient développés grâce à 1,5 milliard d'euros maximum du volet IA de la proposition de programme pour une Europe numérique, en s’appuyant sur les bases solides que constituent les centres d’excellence existants des États membres.

Adaptation des programmes européens d’éducation et de formation afin de mieux préparer notre société à l’IA

Presque tous les États membres sont confrontés à des pénuries de professionnels des technologies de l’information et des communications et il existe actuellement plus de 600 000 postes vacants d’experts numériques.

En outre, des chercheurs talentueux et des jeunes pousses prometteuses reçoivent fréquemment des offres intéressantes venant de l’étranger.

Ainsi, en 2017, 240 000 Européens travaillaient dans la Silicon Valley, dont beaucoup qui s’étaient rendus aux États-Unis pour pourvoir un emploi spécifique dans le secteur des technologies.

Les États membres échangeront donc des meilleures pratiques sur la manière de :
  • renforcer l’excellence et de retenir les travailleurs talentueux,
  • intensifier les efforts pour exploiter pleinement les possibilités offertes par l’acquis actuel en matière de migration légale, y compris la carte bleue pour attirer des talents. 
En outre, la Commission soutiendra les maîtrises et les doctorats en IA au travers de la proposition de coopération plus étroite entre les centres d’excellence en recherche dans le domaine de l’IA et, plus largement, les programmes de recherche et d’innovation de l’UE.

Les aspects liés à la sécurité des applications et des infrastructures en matière d’IA

Il y a lieu de mieux comprendre comment l’IA peut avoir une incidence sur la sécurité à 3 niveaux: - comment l’IA pourrait améliorer les objectifs du secteur de la sécurité;
  • comment les technologies de l’IA peuvent être protégées des attaques;
  • comment traiter toute utilisation abusive potentielle de l’IA à des fins malveillantes.
Compte tenu du potentiel et de la sensibilité croissants des applications liées à l’IA dans de nombreux domaines de l’économie numérique et de la société, comme la mobilité autonome ou la prévention des coupures d’électricité, il est hautement utile de fixer des exigences en matière de cybersécurité pour l’IA.

Développement de lignes directrices en matière d’éthique dans une perspective mondiale

Pour gagner la confiance, qui est nécessaire pour que les sociétés acceptent et utilisent l’IA, la technologie doit être prévisible, responsable et vérifiable, respecter les droits fondamentaux et se conformer à des règles éthiques.
Il est donc essentiel que les êtres humains comprennent comment l’IA prend ses décisions.

L’Europe peut devenir un leader mondial du développement et de l’utilisation de l’IA pour le bien de tous ainsi que de la promotion d’une approche centrée sur le facteur humain et les principes «de la conception respectueuse de l’éthique».

Afin d’ancrer ces principes plus fermement dans la mise au point et l’utilisation de l’IA, la Commission a nommé un groupe d’experts indépendants de haut niveau pour l’IA chargé de développer un projet de lignes directrices en matière d’éthique de l’IA.

Une première version sera publiée d’ici à la fin de 2018 et les experts présenteront leur version finale des lignes directrices à la Commission en mars 2019 au terme d’une consultation élargie dans le cadre de l’Alliance européenne pour l’IA.
L’ambition est de porter ensuite l’approche éthique de l’Europe sur la scène mondiale. La Commission va ouvrir la coopération à l’ensemble des pays tiers désireux de partager des valeurs communes.

Et que disent les ministres ?

Les 28 ministres du Conseil :
  • accueillent favorablement le plan coordonné dans le domaine de l'intelligence artificielle:
  • préconisent de renforcer la mise au point et le déploiement des applications liées à l'intelligence artificielle dans tous les secteurs économiques, pour faire de l'Europe un acteur mondial de premier plan;
  • soutiennent une large diffusion des capacités en matière d'intelligence artificielle et un large accès à celles-ci dans chaque État membre, par exemple au moyen de la plateforme d'intelligence artificielle à la demande, du réseau de pôles et de groupements d'innovation numérique, ainsi que du réseau de centres d'excellence, par l'intermédiaire des programmes proposés pour le prochain cadre financier pluriannuel (CFP), 
  • sont conscients de la nécessité de renforcer les capacités centrales, notamment :
    • les ressources de données, 
    • les mécanismes d'échange de données fiables tels que les entrepôts
      virtuels de données, 
    • les bibliothèques d'algorithmes;
  • invitent les États membres et la Commission à échanger de bonnes pratiques sur la manière de renforcer l'excellence et de créer des écosystèmes permettant d'attirer et de retenir des talents provenant de l'intérieur et de l'extérieur de l'UE.
     


synthèse des textes par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr

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