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lundi 17 novembre 2025

TE-SAT 2025: toujours plus jeunes et violents, Europol s’alarme de la jeunesse des terroristes

 


12 ans. C’est l’âge du plus jeune terroriste. L’implication croissante des mineurs dans les actes terroristes est l’une des tendances inquiétantes figurant dans le dernier rapport sur l’état de la menace terroriste en Europe (TE-SAT). Deux autres tendances à noter sont l’usage de l’IA et l’hybridation du terrorisme islamiste et celui d’extrême-droite. A relever également : 14 États membres ont signalé ces 58 attentats (menés, échoués et déjoués). La plupart des attentats ont eu lieu en France (14), qui demeure par ailleurs la cible principale des djihadistes.


Points clés à retenir


Le Rapport sur la situation et les tendances du terrorisme dans l'Union européenne (EU TE-SAT) 2025 est un aperçu de la situation, présentant des chiffres agrégés et décrivant les principaux développements et tendances du paysage terroriste dans l'UE en 2024.
En 2024, 58 attentats terroristes ont été recensés dans l'UE, dont 34 ont été menés à bien, cinq ont échoué et 19 ont été déjoués. 24 attentats terroristes ont été attribués au terrorisme djihadiste, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux 14 attentats signalés en 2023. La plupart d'entre eux ont été perpétrés par des acteurs isolés (20 sur 24).
14 États membres ont signalé ces 58 attentats (menés, échoués et déjoués). La plupart des attentats ont eu lieu en Italie (20) et en France (14), suivies par l'Allemagne (6), l'Autriche (3), la Grèce (3), la Tchéquie (2), le Danemark (2), la Lituanie (2), la Belgique (1), l'Irlande (1), Malte (1), les Pays-Bas (1), la Slovaquie (1) et l'Espagne (1).

Au total, 449 personnes ont été arrêtées pour des infractions liées au terrorisme dans 20 États membres, soit une augmentation par rapport à 2023 (426) et 2022 (380). La majorité des arrestations ont eu lieu en Espagne (90), en France (69), en Italie (62) et en Allemagne (55).
Les suspects arrêtés étaient majoritairement des hommes (405), dont 43 étaient des femmes. 275 personnes arrêtées pour des accusations liées au terrorisme étaient des citoyens de l'UE et 174 étaient des citoyens de pays tiers.

Seize États membres de l'UE ont informé Eurojust des procédures judiciaires pour infractions terroristes conclues en 2024.17 Ces procédures judiciaires ont abouti à 485 condamnations et acquittements pour infractions terroristes.
Le plus grand nombre de condamnations et d'acquittements pour infractions terroristes en 2024 a été signalé par la France, l'Autriche et la Belgique (133, 64 et 62 respectivement).


Une tendance inquiétante : la jeunesse des terroristes

L'implication de mineurs et de jeunes dans le terrorisme et l'extrémisme violent est une évolution inquiétante qui a continué de croître en 2024. Le nombre de mineurs et de jeunes impliqués dans des activités terroristes et extrémistes violentes a continué de croître dans l'UE en 2024. Sur 449 suspects arrêtés en 2024, 133 étaient âgés de 12 à 20 ans, soit plus de 29 % du total des suspects arrêtés pour des infractions liées au terrorisme. Le plus jeune délinquant, âgé de 12 ans, a été arrêté pour avoir planifié un attentat. La grande majorité de ces jeunes suspects étaient liés au terrorisme djihadiste (114), suivis par le terrorisme d'extrême droite et l'extrémisme violent (12). Ils faisaient le plus souvent l'objet d'enquêtes pour participation à des attentats (57)9, production et diffusion de propagande (32) et appartenance à un groupe terroriste et/ou extrémiste violent (17). Ces jeunes auteurs étaient majoritairement des hommes10, ils avaient le plus souvent subi un processus d'auto-radicalisation en ligne et agissaient en dehors de toute organisation centralisée, souvent seuls ou au sein de petites cellules de pairs.

Deux autres points à retenir : l’usage de l’IA et l’hybridation des terrorismes islamiste et d’extrême-droite

Une autre préoccupation majeure était l'exploitation continue de l'intelligence artificielle et d'autres technologies innovantes, ouvrant de nouvelles possibilités en matière de recrutement, de propagande, de modes opératoires et d'outils de financement. Ces outils technologiques avancés transforment le paysage des menaces, remettant en question les réponses conventionnelles des forces de l'ordre et de la lutte antiterroriste.
À ces défis s'ajoute l'imbrication croissante des vies numériques et physiques des individus – la réalité « sur le terrain » – où la radicalisation en ligne se traduit naturellement par des violences dans le monde réel. Il existe une multitude de communautés en ligne où des individus radicalisés, insensibles au mal et à la souffrance, se laissent entraîner à visualiser, échanger et perpétrer des actes de violence. Ces communautés se recoupent idéologiquement, reliant le terrorisme djihadiste à l'accélérationnisme, produisant une hybridation des idéologies traditionnelles.


Du côté du terrprisme djihadiste


En 2024, 24 attentats djihadistes ont été signalés par les États membres de l'UE, dont six ont été menés à bien et 18 ont été déjoués. Ces six attentats ont été signalés par la France (2), l'Allemagne (2), l'Irlande (1) et les Pays-Bas (1), faisant 18 blessés et cinq morts.
Tous les attentats ont été perpétrés par des assaillants isolés, sans être dirigés ni instruits par un groupe terroriste spécifique.
18 attentats ont été déjoués respectivement en France (9), en Autriche (3), en Allemagne (4), en Belgique (1) et en Espagne (1).

La tendance à l'implication de très jeunes individus dans des enquêtes liées au terrorisme djihadiste s'est poursuivie en 2024. Des groupes de mineurs ont été observés se mettant en réseau en ligne, se radicalisant et planifiant des attentats. La majorité de ces jeunes étaient des partisans de l'État islamique (EI), mais semblaient rester largement à l'écart des mouvements djihadistes établis et avaient une connaissance limitée de l'idéologie djihadiste.

La radicalisation dans les prisons et la libération d'anciens détenus terroristes sont également restées une préoccupation majeure pour les États membres de l'UE.

La propagande d'Al-Qaïda et de l'État islamique a continué d'exploiter les événements de Gaza tout au long de l'année 2024, dans le but d'inciter à des attaques et d'intensifier la violence, notamment contre des cibles israéliennes et juives.


Du côté du terrorisme d'extrême-droite

Dans l'UE, 47 personnes ont été arrêtées pour des infractions terroristes violentes d'extrême droite en 2024. Ce chiffre représente une augmentation par rapport aux 26 arrestations de 2023, mais reste conforme aux 46 arrestations effectuées en 2022.
Les 47 arrestations ont été effectuées dans 10 États membres, la grande majorité en Italie (15). Des arrestations ont également été effectuées en France (8), en Allemagne (8), aux Pays-Bas (7), en Hongrie (3) et en Belgique (2). La Tchéquie, le Danemark, la Lettonie et la Slovaquie ont signalé une arrestation chacun.

La menace posée par les terroristes d'extrême droite et les extrémistes violents dans l'UE se caractérisait par un mélange de réseaux transnationaux en ligne, d'acteurs isolés (bien que souvent inspirés ou guidés par des réseaux en ligne) et de quelques groupes structurés hors ligne.

En 2024, un volume important de contenu de propagande a été créé et diffusé en ligne. Ce mouvement s'appuyait sur des idéologies et des idées telles que l'accélérationnisme, le néonazisme et le suprémacisme blanc.
Le profil le plus courant des extrémistes violents d'extrême droite actifs en ligne était celui de jeunes hommes, souvent mineurs, souffrant fréquemment de troubles mentaux. Le très jeune âge de certains suspects arrêtés pour planification et préparation d'attentats suscite de vives inquiétudes pour les États membres.

Dans l'environnement numérique, les idées accélérationnistes restaient au premier plan, conjuguées à l'engagement croissant et très inquiétant des extrémistes violents d'extrême droite actifs au sein de communautés occultistes et sataniques (en ligne), connues sous le nom de réseaux « 764 » ou « Com ». Dans ces communautés, l'idéologie extrémiste violente d'extrême droite est supplantée par des récits sataniques, souvent associés à un accélérationnisme apocalyptique.

En 2024, Europol a constaté une augmentation substantielle de la propagande en ligne combinant extrémisme de droite violent, matériel pédopornographique, ésotérisme, occultisme et satanisme. Malgré les efforts constants de lutte contre le terrorisme, le nombre croissant de nouveaux services en ligne et la tendance récente à réduire la modération du contenu ont contribué à maintenir le volume de propagande à un niveau considérablement élevé.
L'utilisation de l'IA générative et des technologies émergentes pour créer et diffuser de la propagande et des discours de haine a atteint des niveaux sans précédent.

L'intérêt persistant des extrémistes violents d'extrême droite pour les armes et les explosifs s'est matérialisé par la saisie de plusieurs armes à feu, notamment celles produites par impression 3D, dans de nombreux cas. Ces armes à feu semblent souvent ne pas être uniquement destinées à des attentats, mais s'inscrire dans un mode de vie particulier axé sur l'autodéfense, les arts martiaux et les techniques de survie.
La popularité des armes à feu imprimées en 3D a continué de croître. L'acquisition d'armes à feu reste un sujet majeur, y compris en ligne. Des extrémistes violents d'extrême droite au sein de l'UE se sont parfois livrés à du trafic d'armes, tandis que des inquiétudes persistent quant à un éventuel trafic d'armes en provenance de la zone de guerre en Ukraine.


Le terrorismede d'extrême-gauche et anarchiste 


En 2024, 21 attentats terroristes de gauche et anarchistes, menés ou non, ont été perpétrés dans deux États membres. Parmi ceux-ci, 17 ont été menés à bien, tandis que quatre ont échoué. L'Italie a signalé 18 attentats (15 menés à terme et trois ratés) et la Grèce trois (deux menés à terme et un raté).
Treize attentats ont été commis par incendie criminel, onze par accélérateur de feu et deux par engin incendiaire improvisé. Quatre attentats ont été commis par engins explosifs improvisés (EEI), tandis que quatre autres ont été commis par des armes contondantes ou des moyens similaires.

Vingt-huit arrestations ont été effectuées pour des infractions terroristes d'extrême gauche et anarchistes : 20 en Grèce, 6 en Italie, dont une en Argentine suite à une demande d'extradition de l'Italie, et une en Allemagne. Une autre arrestatiEuropol a eu lieu en Espagne sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par les autorités péruviennes compétentes. Parmi les personnes arrêtées, cinq étaient des femmes (âgées de 30 à 65 ans) et 23 des hommes, âgés de 26 à 78 ans.
Dans 22 cas, l'infraction principale était l'appartenance à une organisation terroriste. Les autres infractions les plus courantes étaient la participation aux activités d'une organisation terroriste, l'incitation à la violence et les menaces.

Sur la scène terroriste et extrémiste violente de gauche, les groupes sont plus susceptibles de suivre des lignes organisationnelles avec une chaîne de commandement définie. Les extrémistes violents de gauche continuent d'opérer clandestinement en petits groupes, recourant à des méthodes rudimentaires pour mener leurs attaques, ciblant généralement des biens ou des infrastructures plutôt que des individus.

En 2024, la propagande extrémiste violente de gauche et anarchiste s'est concentrée sur des enjeux sociopolitiques internationaux et locaux. À l'international, les discours s'articulaient autour de thèmes tels que la lutte contre la répression, l'antifascisme, l'anti-impérialisme, l'anticolonialisme, l'anticapitalisme, l'antimilitarisme et l'anti-autoritarisme. Europol a également observé de fortes expressions de solidarité avec le peuple palestinien, la cause kurde, la situatiEuropol au Liban, ainsi qu'un accent mis sur les préoccupations environnementales et climatiques. Au niveau local, la propagande s'est concentrée sur la désapprobation de l'adhésion à l'OTAN ou à la zone euro, l'opposition à des événements comme les Jeux olympiques de Paris 2024 et la critique de la police et des forces de l'ordre, notamment par des campagnes de doxing ciblant les forces de l'ordre ou les opposants politiques liés à la scène extrémiste violente de droite.

Les extrémistes violents de gauche et anarchistes maintenaient un réseau international bien établi, se déplaçant fréquemment à travers l'UE pour participer à des manifestations, des mobilisations internationales et des actions de solidarité.

Les groupes extrémistes violents de gauche et anarchistes ont continué de s'appuyer fortement sur les plateformes en ligne pour diffuser leur propagande et recruter de nouveaux membres. En 2024, l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) pour la création de propagande a été signalée pour la première fois au sein des sphères de gauche et anarchistes.

La plupart des attaques perpétrées par des groupes terroristes ou extrémistes violents de gauche et anarchistes en 2024 étaient relativement peu coûteuses et ont donc pu être financées soit par leurs auteurs eux-mêmes, soit par des fonds collectés par les réseaux de gauche et anarchistes.


Terrorisme ethno-nationaliste, séparatiste et autre

En 2024, l'UE a recensé quatre attentats terroristes ethno-nationalistes ou séparatistes, en France (3) et en Italie (1), tous menés à bien. Il s'agit d'une baisse significative par rapport aux 70 incidents signalés en 2023, tous survenus en Corse (France).
Sur les 27 arrestations effectuées dans l'UE pour des infractions terroristes ethno-nationalistes et séparatistes, plus de la moitié (15) concernaient des individus principalement liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (Partiya Karkerên Kurdistanê, PKK).

On a constaté une augmentation significative des enquêtes sur des suspects impliqués dans d'autres formes de terrorisme non spécifiées. Si de nombreuses personnes arrêtées appartenaient à des groupes antigouvernementaux, antisystème et antiinstitutionnels, neuf suspects ont été arrêtés pour avoir agi pour le compte de services de renseignement étrangers dans l'intention de faciliter des actes de violence dans l'UE, au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, tels que des actes de sabotage, le transport et la détonation d'engins explosifs et incendiaires.
Un mélange de désinformation, de théories du complot, de sentiments anti-système et anti-gouvernementaux, ainsi que des contenus empruntés à d'autres idéologies (notamment de droite), sont présents dans la majeure partie de la propagande en ligne consommée et partagée par ces individus.
Six attentats terroristes classés comme autres formes de terrorisme non spécifiées ont été perpétrés respectivement en Tchéquie (1), au Danemark (2), en Lituanie (1), à Malte (1) et en Slovaquie (1). Un attentat a été déjoué en Tchéquie et une tentative d'attentat a échoué en Lituanie.

synthèse et traduction par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr


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