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mercredi 4 avril 2018

Des frontières extérieures de l'UE toujours tension et des filières clandestines qui s’adaptent


La Commission européenne a présenté un rapport sur l’état de la pression migratoire aux frontières extérieures de l’UE. Ce rapport, qui fait écho au rapport annuel de Frontex sur cette question (rapport ARA 2018), révèle que sur les trois grands itinéraires, la situation est contrastée :
  • sur la « route de la Méditerranée orientale », la pression décroit globalement ;
  • sur la « route de la Méditerranée centrale » les flux se réorientent de la Lybie vers la Tunisie ;
  • sur la « route de la Méditerranée occidentale/de l’Atlantique », la pression tend à augmenter même si pour l’heure, l’afflux n’est pas significatif.
Pour la Commission, il est possible qu’en raison du renforcement des contrôles sur les principales routes, de nouvelles routes ou des itinéraires de détournement voient le jour ailleurs.
Des contrôles renforcés peuvent aussi pousser les réseaux de trafiquants à s’adapter et à recourir à de nouveaux modes opératoires - notamment des techniques qui exposent davantage les migrants et qui permettent aux trafiquants de conserver leurs marges.

Pour les 2 autres volets du texte, lire sur securiteinterieure.fr :

La « route de la Méditerranée orientale » : un tassement des flux


Concernant la route de la Méditerranée orientale, les mouvements migratoires ont continué de suivre la tendance observée depuis la déclaration UE-Turquie en mars 2016.
Pour l’ensemble de l’année 2017, 42 319 migrants sont arrivés via cette route, contre 182 227 en 2016.
En 2018, à la date du 6 mars, les arrivées enregistrées dans les îles grecques étaient au nombre de 3 126, contre 2 689 pour la même période en 2017.
On constate un léger changement au niveau de la part relative des principales nationalités des migrants concernés. En 2017, arrivaient en tête des nationalités les plus représentées :
  • les Syriens (40 %) ;
  • les Iraquiens (19 %) ;
  • les Afghans (11 %):
A ce jour, en 2018, ces proportions ont légèrement changé :
  • les Syriens comptant pour 32 % ;
  • les Iraquiens pour 27 % ;
  • les Afghans pour 13 %. 

franchissements illégaux par année
(cliquez sur l'image pour agrandir)

… Mais une pression migratoire sur la frontière terrestre de la Grèce

Alors que les traversées et les franchissements de la Turquie vers l’Italie, Chypre, la Bulgarie et la Roumanie étaient très peu nombreux dernièrement, les franchissements irréguliers de la Turquie vers la Grèce, en passant par la frontière terrestre, sont en hausse par rapport aux années précédentes.
Ces franchissements ont augmenté de près de 80 % en 2017 par rapport à 2016, se chiffrant à plus de 5 500, et 838 cas de franchissements ont été détectés entre le 1er janvier et le 4-5 mars 2018, contre 291 au cours de la même période en 2017.
La majeure partie de ces franchissements concernent des ressortissants turcs, lesquels représentent plus de 50 % des franchissements à ce jour pour 2018.

Une « route des Balkans occidentaux » fermée, mais un itinéraire secondaire par la Serbie
La stabilité relative observée le long de la route des Balkans occidentaux en 2017 se confirme en ce début d’année 2018. Les États membres de l’UE, les agences de l’UE et les Balkans occidentaux ont continué de renforcer leurs contrôles aux frontières, ainsi que leur coopération concertée afin de rendre plus difficile le transit irrégulier via la route des Balkans occidentaux.
La majorité des franchissements illégaux détectés aux frontières extérieures de l’Union européenne l'ont été aux frontières avec la Serbie. Par ailleurs, plusieurs éléments indiquent qu’un itinéraire secondaire passant par l’Albanie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine vers la Croatie et la Slovénie est en train de voir le jour.


principales statistiques pour 2017
(cliquez sur l'image pour agrandir)
source : rapport ARA 2018 de Frontex

De même, le nombre, en hausse, de cas détectés de ressortissants iraniens tentant de pénétrer sur le territoire de l’UE en passant par les Balkans occidentaux doit faire l'objet d'un suivi continu.
Cette augmentation des tentatives enregistrées ces derniers mois coïncide avec la décision de la Serbie d'accorder aux Iraniens une exemption de visa à l'entrée.
La plupart des tentatives d’entrée illégale sur le territoire de l’UE ont été enregistrées lors de voyages en avion au départ de Belgrade, les passagers concernés disposant de documents contrefaits ou obtenus de manière frauduleuse.
Enfin, selon la Commission, les mouvements migratoires au départ des Balkans occidentaux vers la Grèce doivent faire l'objet d'un suivi étroit : 2017 a enregistré une hausse notable des flux détectés depuis l’Albanie vers la Grèce, quoiqu’à des niveaux faibles dans l’ensemble.

Le succès de la « route de la Méditerranée centrale » avec comme point de départ la Tunisie

D’un côté, il est possible d’enregistrer une baisse significative des départs à partir de Libye depuis la mi-juillet 2017.
De l’autre, en dépit des efforts réalisés (notamment dans la déclaration de Malte), cette route continue malgré tout d’attirer le plus grand nombre de personnes rejoignant l’Europe par la mer. En 2017, 119 369 personnes sont arrivées en Italie via cette route, soit une baisse de 34 % par rapport à 2016.
À la date du 6 mars 2018, 5 457 arrivées avaient été enregistrées pour 2018, soit environ 65 % de moins que le nombre d’arrivées enregistrées au cours de la même période en 2017.
Le classement par origine des migrants pénétrant sur le territoire de l’UE via cette route a considérablement changé: en 2018 figurent :
  • les Érythréens (24 %) ;
  • les Tunisiens (20 %) ;
  • les Nigérians (6 %).
En 2017, les migrants étaient essentiellement de nationalité :
  • nigériane (15 %) ;
  • guinéenne (8 %) ;
  • ivoirienne (8 %).
Une hausse considérable est observable des départs depuis la Tunisie vers l’Italie, 20 % des départs (toutes nationalités confondues) ayant eu lieu à partir de ce pays à ce jour en 2018.

situation aux frontières
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source : rapport ARA 2018 de Frontex



Moins de morts en Méditerranée centrale

La tendance à la baisse des décès en mer, observée en 2017, s’est maintenue en ce début d’année 2018. D’après la Commission, depuis le 1er  février 2016, plus de 286.300 migrants ont été sauvés dans le cadre d’opérations menées par l’UE en soutien aux garde-côtes italiens.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rapporté que les garde-côtes libyens avaient sauvé plus de :
  • 20 300 migrants dans les eaux territoriales libyennes en 2017 ;
  • plus de 2 000 en janvier 2018.

Ils l’ont fait grâce aux bateaux restitués par l’Italie après la formation des membres d’équipage.
Mais cette route a conservé toute sa dangerosité, en particulier en raison du fait que les trafiquants ont adapté leurs modes opératoires de telle sorte qu'ils exposent davantage les migrants.
En 2017, le nombre de décès et de disparitions en mer s’élève, d’après les estimations, à 2 853, ce qui représente une baisse de 38 % par rapport à 2016.


nombre de morts / nombre d'entrées
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source : rapport OIM

Des opérations de recherche et de sauvetage ont également été menées dans le désert au Niger: en 2017, plus de 2 000 migrants ont pu être ramenés en lieu sûr, dont 1 100 dans le cadre d’opérations de recherche et de sauvetage menées conjointement avec l’Organisation internationale pour les migrations.

refus d'entrée par pays / par type de frontière
(cliquez sur l'image pour agrandir)
source : rapport ARA 2018 de Frontex


Un futur afflux par la route de la « Méditerranée occidentale/de l’Atlantique » ? 

Le nombre d’arrivées via la route de la Méditerranée occidentale/de l’Atlantique a commencé à augmenter en juin 2017, et cette tendance se poursuit. En 2017, 28 349 migrants sont arrivés en Espagne via cette route, soit plus du double du nombre d’arrivées en 2016.
Ce nombre inclut les tentatives en hausse de franchissements terrestres vers les villes autonomes espagnoles de Ceuta et de Melilla, de traversées par la mer au départ du Maroc et de l’Algérie, ainsi que de traversées par les airs au départ des aéroports de Casablanca et de Dakar.

Le nombre total d’arrivées en Espagne (via la route de la Méditerranée occidentale, via la route de l’Atlantique et via Ceuta et Melilla) en 2018, à la date du 4 mars, s’élève à 3 804.
Ce chiffre représente une hausse de près de 17 % par rapport à la même période en 2017 (3 260).
Les principales nationalités des migrants enregistrés comme personnes franchissant illégalement la frontière via cette route en 2018 sont :
  • guinéenne (17 %) ;
  • marocaine (17 %) ;
  • malienne (15 %) ;
  • ivoirienne (13 %) ;
  • gambienne (7 %).
En comparaison, les principales nationalités en 2017 étaient:
  • marocaine (21 %) ;
  • algérienne (18 %) ;
  • ivoirienne (14 %) ;
  • guinéenne (13 %) ;
  • gambienne (11 %).
personnes entrées légalement et restées illégalement
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source : rapport ARA 2018 de Frontex


synthèse du texte par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr 


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