C’est ce qui ressort de la stratégie révisée de sûreté maritime de l'UE (SSMUE). Cette stratégie et son plan d'action ont été approuvés par le Conseil des affaires générales. Or, force est de constater que la sécurité intérieure joue un rôle pivot. En effet, de nouveaux défis ont émergés depuis la précédente mouture et les dispositifs de sécurité intérieure, dont Frontex, sont des contributeurs cruciaux à la gestion des menaces, qu’il s’agisse des atteintes aux câbles sous-marins, de cyberattaques ou du trafic de traite humains, de migrants ou de drogue.
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D’où vient-on et de quoi parle-t-on ?
Depuis 2014, la stratégie de sûreté maritime de l'UE et le plan d'action qui l'accompagne constituent le cadre destiné à faire face aux enjeux en matière de sûreté en mer.
La stratégie a eu pour effet de resserrer la coopération entre les autorités civiles et militaires, notamment grâce à l'échange d'informations.
Elle vise à renforcer l'autonomie de l'UE et sa capacité à réagir aux menaces croissantes qui pèsent sur la sûreté maritime, ainsi qu'à améliorer de manière générale l'appréciation de la situation maritime.
Quant à la stratégie révisée et son plan d'action, elles remplacent celle de 2014.
Entretemps, la recommandation du Conseil de 2022 relative à une approche coordonnée à l'échelle de l'Union pour renforcer la résilience des infrastructures critiques souligne la nécessité d'agir face à l’aggravation des menaces contre les infrastructures critiques maritimes.
Quel est l’enjeu ?
L'UE joue un rôle de plus en plus important en tant que garant de la sûreté maritime mondiale, en menant ses propres opérations navales, par exemple Atalanta et Irini.
En outre, les systèmes opérationnels Copernicus de surveillance maritime et de surveillance des frontières, mis en œuvre par l'Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) et Frontex fournissent des observations depuis l'espace, en complément des services de navigation des satellites Galileo.
Or, l'environnement stratégique global connaît des changements radicaux. Compte tenu du développement constant de différentes formes de trafic et de pillage des ressources marines, notamment la pêche illicite, des menaces pesant sur les infrastructures maritimes critiques et des conséquences de l'agression militaire illégale et injustifiée de la Russie contre l'Ukraine, une intensification de l'action de l'UE en tant que garant de la sécurité internationale est nécessaire.
Une aggravation de la situation sécuritaire
Les attaques perpétrées en 2022 contre les gazoducs Nord Stream en mer Baltique, les présences non autorisées à proximité d'infrastructures maritimes critiques en mer du Nord et les cyberattaques récurrentes ciblant les infrastructures maritimes, notamment dans le contexte de campagnes hybrides, imposent à l'UE et de protéger plus efficacement ses infrastructures critiques en développant des technologies innovantes.
Les acteurs malveillants sont de plus en plus susceptibles de cibler les infrastructures maritimes, comme les câbles sous-marins, les installations liées à l'énergie ainsi que les ports et les navires.
En outre, la criminalité maritime, y compris la piraterie, le trafic de migrants et les vols à main armée en mer, représentent toujours des enjeux cruciaux constituent une menace majeure pour la sûreté maritime, portant atteinte à la liberté de navigation et mettant en péril les principales routes commerciales.
A quoi sert cette stratégie ?
La stratégie de sûreté maritime indique qu’elle constitue une occasion de faire avancer des solutions durables aux problèmes de sûreté maritime, ainsi que de renforcer encore le rôle de l'UE et de ses États membres au niveau international et de sécuriser davantage l'accès de l'UE à un domaine maritime de plus en plus disputé.
Elle définit à cet effet six objectifs stratégiques:
- intensifier les activités en mer;
- coopérer avec les partenaires;
- prendre l'initiative en matière d'appréciation de la situation maritime;
- gérer les risques et les menaces;
- renforcer les capacités;
- éduquer et former.
Quant aux objectifs de la stratégie de sécurité maritime touchant la sécurité intérieure, ils sont :
- protéger les frontières extérieures et la sûreté intérieure de l'UE, notamment en luttant contre la traite des êtres humains et d'autres activités illégales, telles que le terrorisme;
- garantir la capacité d'agir rapidement et efficacement dans le domaine maritime, en adoptant une approche multisectorielle (terre, air, cyberespace et espace extra-atmosphérique).
Et quelle est la suite ?
La Commission et le haut représentant coopéreront avec le Conseil pour mettre en œuvre cette stratégie, en suivant les orientations générales de la boussole stratégique.
Trois ans après l'approbation de la stratégie, la Commission et le haut représentant soumettront au Conseil un rapport conjoint sur l'état d'avancement des travaux, accompagné des contributions des États membres.
Qu’est-ce qui a été déjà réalisé ?
L'UE a mis en place une coopération interservices entre l'Agence européenne de contrôle des pêches (AECP), l'Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) et Frontex dans le cadre de l'arrangement de travail tripartite afin de soutenir les autorités nationales de garde-côtes.
Frontex mène des opérations conjointes telles que Indalo, Thémis et Poséidon pour contrôler les frontières extérieures de l'UE afin de lutter contre les migrations irrégulières, de combattre la criminalité transfrontière et de renforcer la coopération européenne sur les fonctions de garde-côtes y compris les recherches et le sauvetage.
L'AECP, l'AESM et Frontex mènent des opérations maritimes polyvalentes pour lutter contre la criminalité transfrontière, y compris le trafic de migrants et la traite des êtres humains, et pour détecter la pollution marine et la pêche illégale.
Objectif 1 touchant la sécurité intérieure : intensifier les activités en mer
Les actions clés sont:
- intensifier la lutte contre les activités illicites en mer, dont le trafic de drogue, dans les zones d'intérêt maritime;
- maintenir et renforcer les inspections de sûreté maritime dans l'UE et traiter la problématique de la cybersécurité et de la sûreté des navires de passagers;
- renforcer la coopération au niveau de l'UE en ce qui concerne les fonctions de garde-côtes en encourageant l'organisation d'opérations maritimes polyvalentes dans plusieurs bassins maritimes autour de l'UE ;
- intégrer les technologies spatiales, les drones et les stations radar, les aéronefs de patrouille maritime et les moyens en mer avec ou sans équipage grâce à des outils innovants pour améliorer l'appréciation de la situation maritime.
Objectif 2 touchant la sécurité intérieure : Gérer les risques et les menaces
Les actions clés sont:
- renforcer la capacité à contribuer à la lutte contre le crime organisé et les menaces internationales et activités illicites graves, notamment dans les zones d'intérêt maritime;
- réaliser régulièrement des exercices réels dans le domaine de la sûreté maritime au niveau de l'UE, axés notamment sur la protection des ports et sur la lutte contre les menaces telles que les cybermenaces et les menaces hybrides;
- encourager l'échange de bonnes pratiques entre les acteurs maritimes en ce qui concerne les cybermenaces et continuer à renforcer la cybersécurité des navires au niveau de l'Organisation maritime internationale (OMI).
Objectif 3 touchant la sécurité intérieure : Éduquer et former
Pour lutter contre les nouvelles menaces hybrides et cybermenaces, il est nécessaire que les opérateurs disposent de solides compétences numériques et bénéficient de programmes spécifiques de reconversion et de perfectionnement professionnels.
Des solutions sous la forme d'échanges entre programmes de formation militaire et de programmes de formation communs entre les marines des États membres de l'UE et entre les différentes institutions renforceront l'interopérabilité et aideront l'Union à réagir aux nouvelles menaces de manière plus efficace, coordonnée et inclusive.
Dans le cadre du manuel pratique sur la coopération européenne relative aux fonctions de garde- côtes, un catalogue de formation a été créé, couvrant tous les cours organisés par les agences de l'UE dans tous les domaines maritimes.
Le projet, couronné de succès, du réseau européen de formation des fonctions de garde-côtes (ECGFA NET) et la formation harmonisée sur la fonction de garde-côtes devraient se poursuivre, en étroite coopération avec l'AESM et Frontex.
synthèse par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr
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