Le sommet international de La Valette marque certainement une étape importante dans la crise des réfugiés (pour un bilan actuel de la situation, voir le document de l'OIM).
Le but est non seulement de renforcer la protection des réfugiés, d'apporter une aide humanitaire aux pays les plus touchés par les déplacements forcés de population, et de renforcer les possibilités de migration et de mobilité légales (qui est une demande des pays africains), mais aussi de lutter contre l'immigration clandestine et le terrorisme (qui est une demande des pays européens).
C'est pourquoi le volet sécuritaire n'est pas oublié.
D'où vient-on ?
L'Union européenne a franchi un nouveau cap dans la gestion de la crise des réfugiés et non des moindres puisqu'il s'agit de s'attaquer à l'épineux problème du volet externe de la question. Les chefs d'Etat et de gouvernement européens et africains, une soixantaine au total, se sont réunis les 11 et 12 novembre pour s’attaquer "aux causes profondes" qui favorisent de nombreux migrants à traverser la Méditerranée au péril de leur vie.
L'Union européenne avait développé une réponse politique (lire sur securiteinterieure.fr: Crise des réfugiés (suite et fin ?) : les chefs d'Etat et de gouvernement confirment les mesures d'expulsion et de sécurisation des frontières) et tâché de mettre en application les bonnes résolutions, non sans mal (lire sur securiteinterieure.fr: Crise des réfugiés : alors que l'Europe débloque 10 milliards d'euros, les Etats ne mettent pas réellement en oeuvre les mesures qu'ils ont promises).
C'est donc à présent une réponse politique à l'international qui est adoptée à travers une déclaration accompagnée d'un plan d'action, dont les lignes directrices ont été saluées au demeurant par l'Organisation internationale sur les Migrations (OIM).
Organiser des campagnes d'information
Les dirigeants prévoient :
- d'organiser des campagnes d'information dans les pays d'origine pour sensibiliser le grand public ainsi que les migrants et victimes potentiels aux dangers de la traite des êtres humains et du trafic de migrants;
- de fournir un accès aisé et continu à des informations adéquates et fiables sur les possibilités de migration légale et les dangers de la migration irrégulière, et donner une vision réaliste des conditions de vie dans les pays européens;
- d'apporter, sur demande, un soutien aux mécanismes mis en place dans les pays qui se trouvent le long des principales routes migratoires, à commencer par un centre polyvalent à Agadez (Niger). Ce centre vise à assurer la fourniture aux migrants d'une assistance directe et d'informations, à procéder à l'enregistrement des migrants ainsi qu'à leur offrir la possibilité d'un retour volontaire et en toute sécurité et leur réintégration.
Mieux lutter contre la migration irrégulière, le trafic de migrants et la traite des êtres humains
Les chefs d'Etat et de gouvernement souhaitent :
- intensifier le renforcement des capacités afin de contrer la fabrication et l'utilisation de documents faux ou falsifiés, y compris en mobilisant Frontex et Europol;
- veiller à ce que les autorités nationales concernées assurent une mise en œuvre effective de la législation et des mesures existantes à l'encontre des employeurs qui exploitent les migrants irréguliers;
- intensifier les efforts pour enquêter effectivement sur les faits d'immigration clandestine et de traite des êtres humains et en poursuivre les auteurs assurer une protection plus efficace des victimes;
- lutter contre la corruption et mettre en place de nouvelles possibilités d'activités rémunératrices dans les pays où le trafic de migrants et les services proposés aux migrants sont des facteurs économiques importants;
- renforcer la coopération policière au niveau opérationnel et l'échange d'informations entre les pays d'origine, de transit et de destination des migrants;
- faciliter l'échange d'informations en temps opportun entre les États en ce qui concerne l'entraide judiciaire dans des affaires de trafic de migrants et de traite des êtres humains.
Améliorer l'échange d'informations et de renseignement
Les dirigeants entendent :
- encourager tous les États à collecter du renseignement sur le trafic de migrants et la traite des êtres humains, avec le concours d'Interpol et d'autres agences compétentes;
- soutenir les exercices de collecte de renseignement menés par Interpol en rapport avec le trafic de migrants et la traite des êtres humains;
- renforcer la coopération en particulier avec les Bureaux centraux nationaux Interpol (BCN) et les bureaux régionaux établis dans les pays africains afin de contribuer à améliorer l'échange de renseignement en matière policière entre États africains;
- soutenir l'échange d'informations entre Interpol et Europol.
Renforcer la gestion des frontières
Les chefs d'Etat et de gouvernement veulent :
- assurer le renforcement des capacités et fournir des financements pour des investissements dans l'amélioration des systèmes de gestion des frontières au niveau régional et national;
- développer les réseaux de communication mis en place entre l'UE et les pays africains pour contribuer à la surveillance maritime et au sauvetage en mer;
- apporter un appui aux capacités nationales de contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes ainsi qu'aux capacités de surveillance maritime;
- promouvoir ou renforcer des plateformes qui prévoient l'échange de connaissances stratégiques et des analyses conjointes associant :
- les autorités de pays partenaires (par exemple, des officiers de liaison);
- des agences de l'UE (par exemple, la communauté de renseignement entre Frontex et des pays d'Afrique);
- mettre en place, d'ici la fin de 2016, des mécanismes de formation à l'intention des garde-frontières et de la police, y compris des centres régionaux de formation et des programmes d'enseignement communs;
- établir ou améliorer les législations, les politiques et les plans d'action nationaux et régionaux de lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains dans les pays et régions d'origine et de transit des flux migratoires. Il s'agit d'identifier des points de contact nationaux uniques de ces activités
- mettre en œuvre des projets axés sur le renforcement des capacités institutionnelles pour lutter contre les réseaux de trafic de migrants et de traite d'êtres humains, dans les pays situés le long des routes;
- mettre en place une équipe commune d'enquête au Niger pour lutter contre les réseaux de trafic de migrants et de traite d'êtres humains, qui servira de projet pilote éventuellement reproduit dans d'autres pays ou régions.
Renforcer la capacité de l'État à assurer la sécurité et à lutter contre les menaces terroristes
Les dirigeants entendent :
- développer les activités de l'EUCAP Sahel Niger et renforcer la coordination avec l'EUCAP Sahel Mali;
- renforcer la capacité à lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée, notamment par la formation et la professionnalisation des forces de sécurité intérieure et des autorités judiciaires;
- encourager l'échange d'informations au niveau régional (par exemple, soutien à la Plateforme de coopération en matière de sécurité des États du G5 du Sahel) ainsi qu'avec les pays de destination.
synthèse du plan d'action par securiteinterieure.fr
- déclaration politique de la Valette
- plan d'action
A lire également "L’accueil des réfugiés et l’Union européenne : de la coupe aux lèvres, il y a loin" (H. Labayle).
A lire par ailleurs sur securiteinterieure.fr, le Dossier spécial "Crise des réfugiés" de securiteinterieure.fr
RAPPEL IMPORTANT PAR AILLEURS : l'angle retenu est celui de la sécurité, mais il convient de noter que cette crise revêt de nombreux autres aspects, humanitaires notamment (consulter à ce sujet la charte éditoriale de securiteinterieure.fr).
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