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lundi 1 novembre 2021

Une agence européen d'expulsion? Frontex renvoie deux fois plus d'illégaux qu'en 2020



C'est ce qui ressort du nouveau rapport sur la situation migratoire en Europe.
On y lit que les arrivées ont recommencé à augmenter et la Méditerranée orientale est sous pression.
Il en est de même que les frontières lituaniennes et polonaises.
Quant aux mouvements d'illégaux intra-UE, ils sont une source de préoccupation.
Enfin, à l'heure où le Président de la République déclare souhaiter un nouveau traité Europe-Afrique sur l'immigration, le volet extérieur de l'action européenne en matière migratoire est plus que jamais une priorité.



De quoi parle-t-on ?
 

Ce rapport dresse le bilan des progrès accomplis et des grandes avancées réalisées dans le domaine de la politique en matière de migration et d’asile au cours de l’année et demie passée.

Il présente dans ses grandes lignes le contexte dans lequel la progression s’effectue, recense les principales difficultés. Il met aussi en évidence les perspectives de progrès, en exposant les mesures qui permettront de parvenir à une politique en matière de migration et d'asile plus solide, plus fiable et plus équitable.


Une pression migratoire aux frontières extérieures moindres que ces dernières années


Dans l’ensemble, le nombre total des migrants irréguliers sur toutes les routes migratoires reste considérablement inférieur aux niveaux enregistrés avant la crise de 2015 – même en tenant compte des effets de la pandémie, qui ont affaibli toute activité en 2020-2021.

Toutefois, les arrivées ont recommencé à augmenter, le nombre de franchissements illégaux à toutes les frontières extérieures de l’UE au cours des neuf premiers mois de 2021 s’établissant à environ 120 000, alors qu’ils n’avaient été qu’environ 77 000 sur la même période en 2020 et à peine plus de 91 000 sur la même période en 2019.


La Méditerranée centrale, segment le plus vulnérable
 
De toutes les routes migratoires, c’est celle de la Méditerranée centrale qui a enregistré la plus forte hausse (+ 82 %) en 2021.

Sur la route de la Méditerranée orientale, le nombre total d’arrivées en 2021 est inférieur à celui de l’année dernière, la Grèce enregistrant une baisse significative, de 58 %, du nombre d’arrivées à ce jour. A contrario, l’année 2021 se caractérise par une hausse du nombre d’arrivées à Chypre (+ 47 %), et par une augmentation notable (+ 208 %) du nombre d’arrivées directes en Italie en provenance de Turquie (6 175 arrivées en 2021, contre 2 007 en 2020).

Enfin, la Biélorussie a organisé une filière de migration vers l’UE.
Des vols et des voyages intérieurs ont été organisés pour faciliter le transit des migrants (dont une majorité étaient des ressortissants iraquiens), d'abord vers la Lituanie, puis vers la Lettonie et la Pologne.
En 2021, les arrivées irrégulières en Lituanie ont été plus de cinquante fois plus nombreuses qu’en 2020, et la Pologne et la Lettonie ont également enregistré un nombre considérablement accru d’entrées illégales en provenance de Biélorussie.

Les arrivées irrégulières dans l’UE en provenance d’Afghanistan n’ont pas connu d’évolution significative depuis les bouleversements récents.





Franchissements non autorisés des frontières sur les trois principales routes migratoires
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Une baisse liée à l’épidémie de COVID-19


La pandémie de COVID-19 a eu une incidence considérable sur les arrivées de migrants en 2020 :
en 2020, seuls 2,9 millions de visas de court séjour ont été demandés dans les États membres, soit 83 % de moins qu’en 2019.
Le nombre de demandes de protection internationale introduites dans les pays de l’UE+  en 2020 (485 000) a été inférieur d'environ un tiers à celui de 2019.

Quant au niveau global des demandes en 2021, il reste inférieur aux niveaux enregistrés avant la pandémie, même s’il est en hausse dans certains États membres.

Demandes d’asile dans l’UE+ en 2020-2021 (source: EASO)

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Appui direct aux États membres confrontés à des défis en matière de migration


Au cours des six dernières années, la Commission a fourni un appui opérationnel, technique et financier constant aux États membres les plus touchés par la migration irrégulière.
Une autre forme d’appui de l’UE a été de réagir sans tarder face à l’évolution rapide de la situation. Lorsque s’est présenté récemment le cas d’une augmentation subite des entrées irrégulières en provenance de Biélorussie, l’UE a fourni une combinaison d’appuis opérationnel, financier et diplomatique en un temps record pour faire face à une crise imprévue à la frontière extérieure orientale de l’UE.

Frontex a amorcé le déploiement d’un appui supplémentaire. Les effectifs déployés en Pologne, Lituanie t Lettonie s’élèvent à présent à 103 agents de Frontex. L’EASO a également commencé ses premiers déploiements en Lituanie au mois de juillet; à l’heure actuelle, 56 experts de l’EASO sont déployés dans ce pays, et 10 le sont en Lettonie.

Une aide d’urgence de l’UE de plus de 36,7 millions d’euros  a été allouée à la Lituanie pour couvrir les besoins les plus urgents des demandeurs d’asile par une aide matérielle et des abris temporaires. La Commission et Frontex collaborent étroitement avec les autorités compétentes lituaniennes afin de renforcer la capacité de la Lituanie en matière de retours.

Les relocalisations volontaires des demandeurs d’asile

Grâce au mécanisme convenu dans le cadre de la déclaration de Malte de 2019, la Commission, avec le soutien de l’EASO, coordonne les relocalisations lorsque des opérations de recherche et de sauvetage mènent à des débarquements en Italie et à Malte.
Depuis début 2019, plus de 2 100 demandeurs ont été transférés vers d’autres États membres de l’UE.
Le processus se poursuivra, notamment afin de purger le solde des engagements présentés avant 2021 et de mettre en œuvre les engagements limités nouvellement souscrits pour les débarquements de 2021.

Dans le cadre du plan d’action présenté en mars 2020 en vue de l’adoption de mesures immédiates pour soutenir la Grèce, 4 307 personnes au total avaient été relocalisées depuis ce pays au début du mois de septembre 2021, dont 984 mineurs non accompagnés.

Un regain d’activité de Frontex en matière d’expulsion


Les premières équipes du contingent permanent de garde-frontières et de garde-côtes européens ont été déployées avec succès depuis le 1er janvier 2021. Néanmoins, le recrutement et l’entraînement du contingent permanent doivent être accélérés. Trois-quarts du personnel statutaire de 700 personnes dont le déploiement devait être achevé en janvier 2021 ont été déployés fin septembre 2021. L’officier aux droits fondamentaux de Frontex, qui a pris ses fonctions le 1er juin 2021, est actuellement assisté de 20 contrôleurs des droits fondamentaux sur un total de 40 prévus. L’Agence devrait à présent mettre en œuvre intégralement ce cadre et recruter rapidement les 20 contrôleurs des droits fondamentaux restants.

En dépit des restrictions rendues nécessaires par la pandémie, le nombre d’opérations de retour menées par Frontex retrouve progressivement son niveau antérieur à la COVID-19.
En 2021, Frontex a jusqu’à présent coordonné 232 opérations de retour exécutées par des États membres au moyen de vols charters vers 28 pays tiers.
Ces opérations ont abouti au retour de 8 000 ressortissants soit près du double de l’activité menée en 2020. Frontex soutient également les retours volontaires. Au 5 septembre 2021, 2 741 retours volontaires facilités par Frontex avaient eu lieu, tous par vols réguliers, depuis le début de l’année.

En outre, Frontex a amorcé le déploiement d’un appui supplémentaire en Lituanie, Lettonie et Pologne. Les effectifs déployés dans les trois États membres concernés s’élèvent à présent à 103 agents de Frontex. Une aide d’urgence de plus de 36,7 millions d’euros  a été allouée à la Lituanie

Endiguer les « les flux secondaires » : une priorité

Concernant les mouvements non autorisés au sein de l’UE, au cours des huit premiers mois de 2021, 131 000 demandeurs d’asile enregistrées par les autorités nationales avait déjà enregistré au moins une demande d’asile dans un autre État membre.

Certains États membres sont également confrontés à une augmentation des déplacements non autorisés de personnes qui bénéficient déjà d’une protection internationale, lorsque ces personnes se rendent légalement dans un autre État membre munies de documents de voyage légaux délivrés par l’État membre qui leur a accordé le statut, puis demandent à nouveau une protection internationale, séjournant ainsi au-delà de la période autorisée de 90 jours.
Selon le rapport, ces deux types de mouvements non autorisés entravent le bon fonctionnement du régime d’asile européen commun, qui repose sur la confiance mutuelle entre les États membres et exerce une pression inutile sur les régimes d’asile nationaux.

Une dotation des enveloppes en augmentation

Le soutien financier de l’UE aux États membres en matière de migration et d’asile a été renforcé au cours de la période de financement 2021-2027 afin de soutenir les objectifs du nouveau pacte. Les fonds sont :

  • le Fonds «Asile, migration et intégration» (FAMI),
  • l’instrument de soutien financier à la gestion des frontières et à la politique des visas (IGFV)
  • le Fonds pour la sécurité intérieure (FSI)

La dotation de ces nouveaux Fonds s’élève à 18 milliards d’euros (contre 12,4 milliards d’euros  pour la période précédente). Un mécanisme thématique a été mis en place pour remédier au problème de la flexibilité insuffisante, couvrant entre 30 % et 42,5 % des fonds, afin de répondre à des besoins financiers imprévus et à de nouvelles priorités.

La part des fonds alloués aux programmes des États membres peut atteindre 70 %, selon le Fonds.


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Dimension extérieure : 5,7 milliards d’euros sur le front

Les conclusions du Conseil européen des 24 et 25 juin 2021 invitent à présenter des plans d’action pour les pays prioritaires, contenant des objectifs clairs, des mesures de soutien supplémentaires et des calendriers concrets.

La coopération de Frontex avec les pays tiers partenaires comprend à présent les accords sur le statut conclus avec l’Albanie, le Monténégro et la Serbie, l’accord sur le statut avec la Macédoine du Nord étant en attente de signature. Un accord sur le statut a été paraphé en janvier 2019 avec la Bosnie-Herzégovine mais n’a pas encore été signé par elle.

Afin d’accélérer encore la coopération avec les pays partenaires, la Commission adoptera avant fin 2021 un modèle d’arrangement de travail et un modèle d’accord. Depuis 2020, des arrangements de travail ont été approuvés avec la Guinée et la Géorgie.

Concernant la protection des réfugiés, le soutien apporté par l’UE et ses États membres à la crise syrienne en a fait le principal donateur au monde, avec près de 25 milliards d’euros mobilisés depuis 2011.
La Commission a défini un programme sur 4 ans qui s’élèvera à plus de 5,7 milliards d’euros, dont plus de 3,6 milliards d’euros  destinés aux réfugiés présents en Turquie et 2,3 milliards d’euros pour les bénéficiaires en Syrie, au Liban, en Jordanie et en Iraq.


synthèse du texte par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr


 

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