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lundi 18 août 2025

Protection civile européenne: les capacités de lutte aérienne contre les feux de forêts sont insuffisantes

 


Les canadairs sont une ressources critiques. En France, la flotte a trente ans d’âge en moyenne. Au niveau européen, les capacités développées le sont insuffisamment, du moins dans le module dédié de la réserve européenne de protection civile. Un rapport de la Commission pointe cette carence, de même que d’autres, comme les capacités soutien spécialisé, notamment dans le domaine NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) ou dans celui de l’expertise médicale spécialisée. Toutefois, le rapport, centré les progrès à mener sur le plan des capacités de réaction en matière de protection civile européenne, préconise une série de recommandations, par exemple le développement d’indicateurs de performance ou bien encore un plus grand partnariat public-privé.


De quoi partle-t-on ?


Les implications du paysage dynamique des risques et des menaces, exposées dans divers aperçus généraux des risques et dans l’initiative d’élaboration de scénarios du mécanisme de protection civile de l’Union (le «MPCU»), confirment une tendance déjà observée lors des activations du MPCU. Outre les activations destinées à réagir à des dangers uniques nécessitant de brefs délais de réaction qui occupaient traditionnellement les autorités de protection civile, le MPCU est appelé à apporter un soutien dans des situations d’urgence plus complexes. Les constellations de dangers et de vulnérabilités créent des urgences prolongées qui sont beaucoup plus complexes et ont souvent des effets de grande ampleur.

Sur la base de la compréhension des défis auxquels le MPCU sera confronté à l’avenir et d’une analyse des capacités de réaction existantes disponibles dans le cadre du mécanisme, le présent document formule une série de recommandations visant à développer davantage la capacité de réaction du MPCU.


Pourquoi ce rapport ?

Le paysage dynamique des risques et des menaces auquel l’Europe est exposée oblige déjà le MPCU à adapter les outils à sa disposition à des circonstances imprévues, en aidant les États membres et les États participants d’une manière qui aurait été jugée impensable il y a à peine dix ans. Dans le cadre stratégique plus large d’une union de la préparation, le MPCU et les capacités de réaction dont il dispose peuvent apporter une contribution concrète et opérationnelle à une approche européenne plus proactive, mieux coordonnée et renforcée en matière de gestion des crises.

À cette fin, le présent rapport formule une série de recommandations en vue de réaliser de nouveaux progrès sur le plan des capacités de réaction du MPCU.

 

Proposition 1 : Combler les déficits en matière de capacités


La réserve européenne de protection civile (ECPP) se compose de modules, d’autres capacités de réaction (y compris des produits de première nécessité) et de catégories d’experts. Tous sont des capacités nationales affectées pour une ou plusieurs années, sur une base volontaire, par les États membres et les États participants au MPCU, qui sont déployées lorsque le MPCU est activé. En tant que l’un des piliers centraux de la capacité de réaction du MPCU, la réserve représente l’engagement des États membres en faveur de la solidarité en cas de catastrophe. En moyenne, les déploiements de l’ECPP représentent environ un quart des capacités déployées lors des activations du MPCU.

Or, les capacités de lutte aérienne contre les feux de forêts sont encore sous-représentées en termes de capacités ECPP enregistrées, les modules fondés sur le recours à des hélicoptères étant totalement absents. Certains types de capacités médicales constituent également un défi pour la réserve. Les laboratoires de biosécurité mobiles sont particulièrement nécessaires, de même que les équipes de soins spécialisées, avec une seule capacité faisant l’objet d’une certification, contre huit prévues. Alors que deux capacités d’évacuation sanitaire (MEDEVAC) font actuellement l’objet d’une certification pour atteindre l’objectif de capacité de l’ECPP, l’évacuation sanitaire et l’évacuation sanitaire de patients souffrant de maladies extrêmement contagieuses constituent toujours une lacune pour ce qui est du MPCU.

Les objectifs les plus récents en matière de capacité de l’ECPP visent également une série de capacités non représentées. Davantage de capacités de réaction devraient être affectées à l’ECPP pour faire face aux incidents de pollution maritime, côtière et des masses d’eau intérieures. Les capacités de réaction portent notamment sur les ponts et la production d’électricité, domaines dans lesquels il est manifestement nécessaire de disposer de capacités logistiques et de capacités de transport. Les nouvelles affectations volontaires des États membres/États participants devraient être accordées en priorité pour combler ces déficits recensés.

Proposition 2 : Renforcer la coordination entre les États membres/États participants

La décision d’offrir et d’enregistrer des capacités dans le cadre de l’ECPP continuent de relever de la seule appréciation des États membres/États participants. Ce processus volontaire est inhérent à l’ECPP et devrait être maintenu. Toutefois, des efforts coordonnés visant à accroître la couverture des objectifs de capacité grâce aux ressources de l’ECPP renforceraient la capacité de réaction du MPCU. Les discussions régionales sur les offres prévues à l’intention de l’ECPP peuvent fournir des possibilités de partage des coûts grâce au développement de modules multinationaux et promouvoir une répartition géographique plus équilibrée des types de capacité pertinents dans la zone couverte par le MPCU, en fonction du profil de risque local/régional.

Proposition 3 : Accroître l’aide


En cas d’activation du MPCU, les capacités de l’ECPP qui sont déployées peuvent bénéficier d’un cofinancement de 75 % des coûts admissibles liés au transport et au fonctionnement de la capacité. L’augmentation du financement du transport et de l’exploitation des capacités de l’ECPP jusqu’à 100 %.

Proposition 4 : Développer les capacités polyvalentes et multi-usages

rescEU est l’autre pilier de la capacité de réaction du MPCU. Il s’est rapidement imposé comme un atout opérationnel, avec 231 déploiements entre 2019 et 2024. Il a apporté une aide vitale dans un large éventail de scénarios de catastrophes, allant de la libération de stocks dans le cadre de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et du tremblement de terre de 2023 en Turquie et en Syrie à la COVID-19, et procède au déploiement régulier de capacités de lutte aérienne contre les feux de forêts pendant la saison des incendies en Europe.

Cela étant, il est probable que rescEU soit activé à l’avenir dans le cadre d’un nombre toujours plus élevé et diversifié d’urgences. Dans cette perspective, il convient d’accorder une attention particulière aux capacités polyvalentes et multi-usages qui peuvent apporter un soutien dans de nombreux scénarios différents. Dans la mesure du possible, les capacités qui peuvent être prêtées et restituées pour répondre à d’autres situations d’urgence seraient une option préférable.

Proposition 5 : Favoriser l’émergence de capacités soutien spécialisé

Les scénarios élaborés dans le cadre du MPCU soulignent également la nécessité de viser simultanément l’identification et le développement de capacités spécialisées clés dont le développement en quantité nécessaire au niveau national n’est pas rentable. Le développement de capacités de lutte aérienne contre les feux de forêts et de capacités dans le domaine CBRN sont les exemples les plus notables d’objectifs mis en œuvre avec succès dans le cadre de cette approche ces dernières années. L’initiative relative à l'élaboration de scénarios au titre du MPCU fournit diverses indications sur les besoins futurs potentiels dans d’autres domaines CBRN ou dans celui de l’expertise médicale spécialisée liée à des risques spécifiques, y compris le traitement des blessures de guerre et/ou des catastrophes entraînant un grand nombre de victimes.

Proposition 6 : Opérer un renforcement proactif

Le MPCU a investi une part importante de son budget (3,2 milliards d’euros au cours de la période 2019-2024) dans le développement des capacités que les États membres/États participants et la Commission considéraient comme suffisamment critiques. Ces investissements dans rescEU devraient se poursuivre et être renforcés dans la mesure du possible afin que le MPCU puisse apporter à l’avenir un soutien aux États membres/États participants dans les situations d’urgence à grande échelle qui dépassent les capacités nationales.

Proposition 7 : Réaliser une reconstitution des stocks après le déploiement 


Si les stocks, et plus généralement les capacités de rescEU, sont censés fournir une aide rapide lorsqu’ils sont mobilisés, leur disponibilité opérationnelle devrait être rapidement rétablie après leur déploiement. Cette disponibilité requiert notamment un engagement budgétaire à remplacer régulièrement les équipements endommagés et à reconstituer les stocks épuisés. Le rôle stratégique de rescEU en tant que pilier de la préparation du MPCU s’en trouverait renforcé et le risque d’achats ad hoc réactifs au niveau de l’UE serait évité.

Proposition 8 : Assureer un prépositionnement temporaire pour un déploiement efficace

Entre autres, les feux de forêts constituent une situation particulière permettant de combiner les capacités et les compétences du MPCU au profit des États membres/États participants, avant qu’une catastrophe ne se produise. Le MPCU dispose des capacités de réaction nécessaires pour aider un État membre/État participant à lutter contre les feux de forêts. Un recours plus proactif au prépositionnement temporaire afin d’améliorer l’efficacité des déploiements de capacités. Le prédéploiement des capacités se ferait en étroite coordination avec les autorités compétentes en matière de protection civile et sur la base d’une demande d’aide. Les coûts opérationnels y afférents pourraient également être pris en compte de manière proportionnelle.

Proposition 9: Accroître l’efficacité des déploiements rescEU

rescEU a été conçu pour aider un État membre/État participant touché lorsque les capacités nationales ne sont pas en mesure d’apporter une aide suffisante ou efficace. rescEU fournit une assistance lorsque les capacités globales existantes au niveau national et celles qui ont été préalablement engagées par les États membres en faveur de l’ECPP ne sont pas en mesure de garantir une réaction efficace.

Dans la pratique, cela signifie que la disponibilité des capacités nationales des États membres/États participants en vue de répondre à une demande d’aide doit être déterminée avant que les capacités de rescEU disponibles soient prises en considération. Cette modalité peut entraîner des retards inutiles dans la fourniture d’une aide aux populations touchées. On estime que 710 000 foyers ont été touchés par des coupures de courant après la tempête Éowyn de janvier 2025 et que plus de 133 000 bâtiments du pays n’avaient toujours pas d’électricité cinq jours plus tard. Alors que le Danemark et le Luxembourg étaient en mesure de répondre à la demande d’aide en mettant à disposition cinq générateurs, la mobilisation effective des générateurs disponibles dans les stocks de rescEU n’a pu intervenir qu’après que les États membres/États participants ont déclaré un déficit de capacités nationales mobilisables permettant de répondre à la demande de l’Irlande.

Proposition 10 : Préférer une approche du développement des capacités fondée sur les performances

L’approche mesurant les progrès en matière de développement des capacités sur la base d’indicateurs de performance devrait être maintenue et étendue. Le suivi et l’analyse continus des capacités du MPCU dans son ensemble, ainsi que leur comparaison avec le contexte dans lequel le MPCU se trouve, permettront de garantir qu’il exploite la capacité de réaction la plus appropriée pour soutenir efficacement les États membres/États participants dans les situations d’urgence.

Proposition 11: Chercher à créer des capacités du MPCU complétant celles nationales dans toute l’Europe

Les urgences de grande ampleur telles que la pandémie de COVID-19 ont montré que, dans des cas spécifiques, une vue d’ensemble des capacités nationales spécifiques peut jouer un rôle important dans l’amélioration de l’efficacité globale du MPCU (par exemple pour les lits de soins intensifs ou le traitement des grands brûlés). Tout en respectant le rôle premier des autorités nationales dans la gestion des catastrophes, la capacité du MPCU à soutenir rapidement les États membres/États participants en cas de besoin pourrait tirer parti d’un meilleur partage d’informations sur la disponibilité des principales capacités nationales, y compris les stocks. Une meilleure connaissance à l’échelle de l’UE de la disponibilité des stocks clés est particulièrement importante pour la mise en œuvre d’une stratégie de constitution de stocks à l’échelle de l’UE.

Proposition 12 : Améliorer l’appréciation intersectorielle de la situation du Centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC)


Bien que la surveillance sectorielle ait lieu au niveau de l’UE ou au niveau national pour les services critiques tels que l’énergie et les transports, il n’existe actuellement aucune appréciation commune de la situation, combinant divers aperçus sectoriels et les dangers en temps réel afin de contribuer à l’évaluation des incidences potentielles au niveau européen. Les informations relatives à une perturbation majeure des infrastructures ne parviennent à l’ERCC que par l’intermédiaire des autorités de protection civile du pays touché ou des communiqués dans les médias. L’ERCC devrait continuer d'accorder son soutien aux États membres dans la gestion des conséquences intersectorielles des crises et renforcer cet appui, sur la base d’une planification accrue ainsi que d’une analyse et d’une appréciation de la situation plus complètes. Une première étape vers une approche plus intégrée consisterait à incorporer dans le Global Situation System (GSS) des données non classifiées et actualisées provenant des autorités nationales de protection civile. Cette intégration profiterait de la même manière à l’ERCC et aux autorités nationales de protection civile et fournirait au MPCU un tableau de situation commun au niveau européen. En conséquence, un ERCC renforcé serait systématiquement connecté aux systèmes de surveillance sectoriels existants, afin d’améliorer son appréciation de la situation, tout en fournissant des informations sur d’éventuelles perturbations des services critiques aux États membres/États participants.

Proposition 13 : Etendre le MPCU aux scénarios de conflit/de guerre


L’objectif premier du MPCU était d’atténuer les effets des risques naturels ou accidentels sur les populations humaines et l’environnement. Toutefois, le paysage des risques et des menaces a été fondamentalement modifié par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. Il est nécessaire de renforcer la coordination civile et militaire, au-delà de la coordination d’activités distinctes en cas d’urgence pour définir une approche globale mettant en place des dispositifs de préparation civile et militaire complets.

Proposition 14 : Développer les partenariats avec le secteur privé

Se doter d’un système de protection civile solide» appelle à encourager les partenariats avec les parties prenantes du secteur privé au niveau de l’UE et au niveau national.

Plusieurs initiatives pourraient être explorées pour élargir l’interface entre la gestion publique des catastrophes et le secteur privé.

  • Formalisation et extension des possibilités offertes par les plateformes de dons privées hébergées et gérées par les États membres qui procéderont au contrôle de la qualité des articles donnés.
  • Élaboration de dispositifs d’urgence avec les partenaires industriels pertinents.
  • Renforcement du partage d’informations bidirectionnel sur les dangers et les risques entre les institutions, le monde universitaire et les entreprises privées, y compris le secteur de l’assurance.
  • Amélioration de l’accès aux experts techniques



Proposition 15 : Favorer les plateformes de dons

Les plateformes de dons qui permettent d’acheminer l’aide en nature émanant du secteur privé ou de pays tiers vers une population touchée via le MPCU ont démontré leur efficacité, en ce qu’elles accroissent la valeur ajoutée du MPCU. Le développement de l’initiative relative aux plateformes en une capacité plus large de création de plateformes génériques permettrait au MPCU de mieux répondre aux besoins d’un pays touché, tout en ouvrant la voie à de nouvelles manières de collaborer avec le secteur privé et avec des partenaires partageant les mêmes valeurs lors de futures situations d’urgence.

Proposition 16 : Mener à bien une constitution de stocks


Les stocks actuels de rescEU sont limités aux articles essentiels aux interventions médicales et CBRN, à la production d’électricité d’urgence et aux abris, et leur extension à d’autres éléments susceptibles d’aider les acteurs/autorités de gestion des catastrophes à fournir une aide immédiate en cas d’urgence devrait être envisagée. Idéalement, la constitution de stocks devrait se concentrer sur les biens non périssables qui peuvent être prêtés et utilisés dans diverses situations d’urgence.

Les efforts de constitution de stocks du MPCU représentent la contribution du secteur de la gestion des crises à la stratégie plus large de l’UE en matière de constitution de stocks, actuellement en cours d’élaboration en vue de son adoption en juin 2025.

synthèse par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr


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samedi 19 juillet 2025

Kétamine, Fentanyl et autres drogues de synthèse, les ministres de l’Intérieur veulent plus d’implication des Etats membres et des agences européennes

  


Les drogues, et particulièrement les drogues de synthèse ainsi que les nouvelles substances psychoactives (NSP), font des ravages en Europe. Certaines d’entre elles, notamment les opioïdes de synthèse et les cathinones de synthèse, sont particulièrement dangereuses et ce, du fait de leur forte puissance et de leur potentiel de surdose mortelle. Face à cela, le Conseil de l’UE a approuvé des conclusions dans lesquelles il presse les Etats membres de redoubler d’efforts pour endiguer ce fléau. Il demande à la Commission européenne de réfléchir sur la refonte du cadre juridique ayant trait aux précurseurs de drogues et de NSP. Quant aux agences européennes, en particulier Europol et l’Agence de l'Union européenne sur les drogues (EUDA), il les met à contribution.

D’où vient-on ?

Un pacte européen pour la lutte contre les drogues de synthèse de 2011. 
Plus récemment, ont été approuvées une stratégie de l'UE en matière de drogue (2021-2025) et un plan d'action de l'UE en matière de drogue (2021-2025).
Plus récemment encore, une communication de la Commission sur la feuille de route de l'UE en matière de lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée a été publiée le 18 octobre 2023. Elle contient des mesures pour lutter contre les menaces posées par les drogues de synthèse, notamment :

  • la lutte contre la prolifération des précurseurs sur mesure, 
  • le démantèlement des réseaux criminels,
  • la création d'alliances.

Cette communication s’inscrit dans le contexte de la stratégie et au plan d'action de l'UE en matière de drogue (2021-2025), ainsi qu'à la stratégie de l'UE visant à lutter contre la criminalité organisée (2021- 2025).

Par ailleurs :

  • la résolution 68/5 de la Commission des stupéfiants (CND) de mars 2025 encourage les États membres à promouvoir et à fournir des antagonistes des récepteurs opioïdes comme moyen de sauver des vies en situation d'urgence,
  • les résolutions précédentes de la CND, telles que les résolutions 67/4, 62/4 et 55/7, qui soulignent l'importance du recours à des antagonistes des récepteurs opioïdes tels que la naloxone pour réduire la mortalité liée aux drogues.



Quelle est la situation ?


Les risques associés à la prolifération des drogues de synthèse et les menaces croissantes qu'elles font peser sur la santé et la sécurité publiques, en particulier les opioïdes de synthèse, tels que le fentanyl et ses analogues, ainsi que les nitazènes, qui sont responsables d'un nombre croissant de décès par surdose dans certaines régions d'Europe.

Selon le Conseil, il est nécessaire de faire face à l'évolution rapide des menaces posées par les drogues de synthèse à usage non médical et non scientifique, en particulier les opioïdes de synthèse et les cathinones de synthèse, comme le soulignent le rapport européen sur les drogues 2024 et le rapport d'évaluation de la menace que représente la grande criminalité organisée (SOCTA) 2025.

En outre, la prolifération de cannabinoïdes de synthèse et semi-synthétiques, de cathinones de synthèse et de la kétamine, qui continuent de constituer un défi de taille pour la santé publique, le maintien de l'ordre et les cadres réglementaires.

Qui plus est, les groupes criminels utilisent des méthodes avancées utilisées par pour contourner les réglementations existantes. C’est le cas de l'utilisation de pré-précurseurs et de précurseurs masqués.


Qu’est-ce qui a été fait ?

  • un mécanisme d'échange d'informations notamment entre les services répressifs et les autorités douanières pour renforcer l'efficacité des enquêtes transfrontières, démanteler les réseaux de trafiquants et améliorer la détection et la prévention de la criminalité liée aux drogues de synthèse,
  • un système d'alerte précoce de l'UE dans l'identification des NSP émergentes ainsi que dans l'évaluation des risques qu'ils présentent et la réaction à ces risques par la réalisation d'évaluations formelles des risques à l'appui des mesures de contrôle,
  • un système européen de notification en matière de drogues pour identifier et communiquer aux autorités nationales, aux praticiens, aux décideurs politiques et au public les risques graves liés à la drogue pour la santé, le bien-être social, la sûreté et la sécurité,
  • un nouveau réseau de laboratoires capables de soutenir la préparation dans ce domaine, sur la base de données médico-légales et toxicologiques confirmées par analyse,
  • un nouveau mécanisme d'évaluation de la menace de l'EUDA, dont le rôle consiste à évaluer les menaces pour la santé et la sécurité liées à la drogue en Europe et à y trouver des réponses.


Pourquoi l’UE ?


L'UE est une grande région tant d'usagers que de producteurs de drogues de synthèse à usage non médical et non scientifique, en particulier la MDMA, l'amphétamine et la méthamphétamine ainsi que les cathinones de synthèse. En ajoutant le mésusage croissant de kétamine, cela nécessite une approche proactive.
Or, les agences de l'UE, en particulier Europol, le CEPOL et l'EUDA, ont déployé des efforts pour proposer aux agents des services répressifs des programmes de formation spécialisés en matière dde NSP et de pré-précurseurs, et de détection, de démantèlement et de manipulation sûre des laboratoires illicites de drogues de synthèse. Il s’agit ainsi d'offrir des méthodes sûres et efficaces de démantèlement des installations de production illicites.

Comment agir ?

Le Conseil estime qu’il importe :

  • de prendre en compte la diversité des modèles de production des drogues de synthèse et des NSP dans les États membres et de l'importance d'une meilleure appréciation de la situation, notamment par la collecte de données, le partage de renseignements et l'analyse, afin de suivre les variations régionales,
  • de créer, des synergies entre les centres de formation spécialisés dans le démantèlement sûr des laboratoires illicites de drogues de synthèse et de NSP dans l'UE,
  • de renforcer l'échange d'expertise, de promouvoir des méthodes cohérentes et efficaces et de favoriser une approche coordonnée.


Evaluer et réguler

Le Conseil demande :

  • aux États membres, aux institutions et aux agences de l'UE d'améliorer leur compréhension de la production, du trafic et de l'usage des drogues de synthèse et des NSP. Cela doit comprendre les méthodes de production, les itinéraires de trafic et les modes d'utilisation,
  • aux États membres d’évaluer les mesures et de développer des bonnes pratiques visant à réduire les dommages sanitaires et sociaux au moyen  de services de prévention et de traitement, de soins,  des initiatives de réduction des risques et des dommages, telles que des programmes de distribution d'aiguilles et de seringues, des traitements de substitution aux opioïdes,
  • aux agences de l'UE, en particulier Europol, le CEPOL et l'EUDA, de coordonner l'élaboration de lignes directrices normalisées pour :
    • le démantèlement des laboratoires illicites de drogues de synthèse, 
    • la sécurité du personnel des services répressifs,
    • la réduction au minimum des dommages environnementaux causés par les déchets toxiques, notamment en vue de leur adoption par les centres de formation concernés dans l'UE,
  • à la Commission européenne d'examiner la nécessité de mettre à jour le cadre législatif sur les précurseurs de drogues et de NSP.


Surveiller et contrôler

Le Conseil :

  • enjoint les États membres à surveiller de près la prescription de médicaments opioïdes autorisés pour éviter tout détournement,
  • demande aux États membres d'intensifier les efforts visant à suivre, geler et confisquer les produits du crime, y compris les cryptomonnaies, provenant de la production et du trafic illégaux de drogues de synthèse, de NSP et de pré-précurseurs. Cette action doit se faire conformément au train de mesures de l'UE de lutte contre le blanchiment de capitaux et à la directive relative au recouvrement et à la confiscation d'avoirs. Le Conseil invite à faire usage de la possibilité de mettre en place des partenariats public-privé entre les services répressifs et le secteur privé, conformément au train de mesures de l'UE de lutte contre le blanchiment de capitaux;



Améliorer la coopération policière

Le Conseil :

  • invite les États membres à favoriser le partage de renseignements et Europol à renforcer le soutien opérationnel aux États membres dans la lutte contre la production et le trafic de drogues de synthèse, de NSP et de pré-précurseurs. Il demande de mettre particulièrement l'accent sur les groupes criminels et les chaînes d'approvisionnement transfrontières,
  • encourage les États membres à aligner leurs efforts nationaux sur les objectifs stratégiques et les plans d'action opérationnels sur les drogues de synthèse de l'EMPACT.


Favoriser l’action opérationnelle et la formation

Le Conseil :

  • Demande à la Commission européenne et aux États membres de renforcer la coopération avec le réseau européen sur l'approche administrative visant à lutter contre la grande criminalité organisée (ENAA) et les entités du secteur privé. C’est le cas des entreprises chimiques et pharmaceutiques, des services postaux et de livraison, ainsi que les agences de protection de l'environnement des États membres. L’objectif est de prévenir les fausses déclarations et le détournement de précurseurs et d'améliorer la surveillance des transactions suspectes,
  • Demande aux États membres, de fournir et d'améliorer les examens médico-légaux, les autopsies et les rapports toxicologiques, y compris au moyen de données (pseudo-)anonymisées s'il y a lieu, en cas de traitement médical d'urgence ou d'enquête sur les causes de la mort,
  • Incite à poursuivre le développement de programmes de formation spécialisés en matière de détection et de démantèlement des laboratoires illicites de drogues de synthèse et de NSP. Il s’agit d’impliquer  Europol, le CEPOL et l'EUDA, le centre de formation internationale établi en Pologne et les autres centres de formation pertinents, comme ceux situés aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne.

 


synthèse par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr


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dimanche 29 juin 2025

Sécurité des événements de masse : vers la création d'une plateforme de l'UE dédiée aux échanges d'expérience en matière de gestion des menaces NRBC-E (nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosif)

 



Les JO de Paris ont mis en évidence la nécessité de sécuriser des évènements de masse. Les drones font partie de la panoplie déployée. Il reste que les menaces sont nombreuses et certaines impliquent des risques dans le domaine nucléaire, radiologique-biologie, chimique, explosif (NRBC-E ou CBRN-E). Le risque est sérieux (par exemple, l’explosion d’une bombe artisanale lors d’un festival). 
Dans cette perspective, et dans le respect de la subsidiarité, les ministres de l’Intérieur du Conseil ont approuvé des conclusions visant à renforcer la recherche et le développement de technologies, de même que les compétences nécessaires à la conception de plans et de procédures de réaction aux incidents CBRN-E. Une plateforme européenne dédiée aux échanges d'expérience est envisagée. 
Surtout, ces conclusions abordent différents axes, par exemple une meilleure coordination ou bien l’établissement de lignes directrices. L'accent est mis avant tout sur la formation.

De quoi parle-t-on ?

Ces conclusions visent à lutter contre les menaces CBRN-E lors d'événements de masse en fixant un nombre limité d'objectifs spécifiques concernant :
la maintenance du matériel de contre-mesures CBRN-E (à l'exclusion des questions de qualité, de disponibilité et de répartition géographique des stocks européens de contre-mesures médicales pour les populations touchées) et 
le développement de l'expertise nécessaire dans les États membres, avec le soutien de la Commission européenne et en envisageant une collaboration avec le secteur privé.
De telles conclusions soutiennent les efforts déployés par l'Union pour développer davantage la primauté technologique et promouvoir l'excellence en matière de gestion des risques CBRN-E, notamment en favorisant le niveau le plus élevé de protection contre les substances CBRN-E et une réponse efficace après un incident.

Pourquoi ces conclusions ?

L'escalade des conflits armés, l'extrémisme violent, l'évolution du paysage criminel et la polarisation des sociétés européennes sont susceptibles d'entraîner une intensification des menaces dans les lieux publics et lors d'événements de masse dans les pays de l'UE.
Or, des acteurs malveillants, y compris des organisations criminelles et des individus isolés, tirent pleinement parti des progrès technologiques, ce qui pose de nombreux défis en constante évolution aux services répressifs, en particulier du fait des tentatives que mènent ces acteurs en vue d'acquérir, de synthétiser et d'utiliser des agents chimiques et biologiques dangereux pour nuire aux personnes, aux animaux et à l'environnement ou pour perturber le mode de vie des sociétés européennes.
Il est particulièrement nécessaire de surveiller le niveau de risque et de menace lors des événements de masse, y compris des événements sportifs, pour ce qui est des dommages potentiellement importants qu'un incident ou une attaque CBRN-E est susceptible de causer à des personnes ou à des biens lors d'événements de ce type.

Etablir des lignes directrices

Le Conseil invite la Commission et les États membres à évaluer la nécessité de mettre à jour les lignes directrices européennes et les politiques, législations ou bonnes pratiques nationales concernant les événements de masse (y compris les événements sportifs). 
Il s’agit d'établir des normes claires ou de définir des exigences minimales (y compris pour les infrastructures et les équipements) pour les plans, procédures et mesures visant à prévenir les incidents et attaques CBRN-E lors d'événements de masse. 
Ces normes et exigences minimales devraient tenir compte des différents types d'installations pour événements de masse et être fondées sur les bonnes pratiques internationales et les besoins spécifiques de chaque pays ou région en matière de sécurité.

Elaborer des politiques pluridisciplinaires et des mesures de renforcement des capacités

Le Conseil invite la Commission et les États membres à l'élaboration de politiques pluridisciplinaires et de mesures de renforcement des capacités, y compris l'utilisation d'installations de formation nationales et de l'UE et le recours à des plans et procédures visant :

  • à prévenir les incidents et attaques CBRN-E, 
  • à s'y préparer, à y réagir et à s'en relever, conformément à l'évaluation de la menace fondée sur le renseignement, et 
  • à faire face aux effets de ces incidents et attaques CBRN-E lors d'événements de masse (y compris d'événements sportifs).

En complément, le Conseil encourage les États membres à élaborer des procédures d'évacuation et de gestion des foules lors des événements de masse, y compris des événements sportifs, ou améliorer celles qui existent afin d'inclure les incidents et attaques CBRN-E.

Recenser les menaces 

Le Conseil encourage les États membres à recenser les menaces éventuelles et procéder à des évaluations de la vulnérabilité des installations pour les événements de masse considérés comme présentant un risque élevé. 
Il s’agit de déterminer les points de vulnérabilité à un incident ou une attaque CBRN-E. Sur la base de ces évaluations, des actions devraient être mises en œuvre pour améliorer la capacité à anticiper et prévenir les incidents et attaques CBRN-E, ainsi qu'à s'en protéger.

Favoriser échanges d'expériences

Le Conseil encourage les États membres à soutenir les échanges transnationaux et transsectoriels d'expériences afin:

  • d'améliorer le partage des connaissances, 
  • de promouvoir les bonnes pratiques et 
  • de favoriser une compréhension plus approfondie des tâches et responsabilités mutuelles des institutions gérant les menaces CBRN-E au niveau national

Le  Conseil envisage à cet effet la création d'une plateforme de l'UE.


Collaborer avec le monde des chercheurs

Le Conseil encourage les États membres à promouvoir la collaboration avec le monde universitaire, les scientifiques et le Centre commun de recherche (JRC) afin d'acquérir des connaissances fondées sur la science et des données probantes. Il s’agit de tirer parti des résultats de la recherche pour simuler des scénarios impliquant différentes substances et permettant d'améliorer les stratégies de préparation et de réaction aux incidents et attaques CBRN-E.

Pratiquer une coordination inclusive

Le Conseil encourage les États membres à veiller à ce que, avant et pendant un événement de masse, tous les plans, procédures et mesures fassent l'objet d'une coordination avec les services répressifs et les autres acteurs publics et privés concernés. 
Doivent être inclues les autorités nationales et locales chargées de la sécurité et de la protection des installations pour événements de masse dans le domaine CBRN-E (par exemple, la police, les pompiers, le personnel médical, le personnel d'urgence municipal, les associations sportives, etc.).

La mesure phare : mettre au point une formation CBRN-E

Le Conseil encourage les États membres à mettre au point une formation CBRN-E, tout en tenant compte des formations existantes (par exemple, le projet Melody). 
Cette formation est destinée aux organisateurs d'événements de masse et les exploitants d'infrastructures pour événements de masse, ainsi que pour le personnel concerné des installations sportives (tous les groupes cibles, par exemple les gestionnaires, le personnel chargé ou non de la sécurité, les stadiers et les locataires). 

Développer des formations fondées sur des scénarios réels

Dans la mesure du possible, des actions de formation devraient être organisées régulièrement (par exemple une fois par an), avec la participation des centres de formation européens et nationaux (par exemple, le centre de formation CBRN-E d'Europe centrale). 
Ces actions doivent se faire en coopération avec les autorités locales chargées de la sécurité et de la protection dans le domaine CBRN-E (par exemple, la police, les pompiers, le personnel médical, le personnel d'urgence municipal, les associations sportives, etc.) et en coordination avec les autorités nationales compétentes. 
En outre, le Conseil juge souhaitable que les actions de formation soient pratiques et axées sur des scénarios réels, et qu'elles s'accompagnent d'exercices et de simulations afin de garantir une réaction rapide et efficace en cas d'incident ou d'attaque CBRN-E.

Des axes détaillés des formations

Le Conseil indique que les actions de formation pourraient porter sur:

  • des procédures d'évacuation et de gestion des foules;
  • la connaissance de base des mesures CBRN-E;
  • la reconnaissance des menaces CBRN-E;
  • les protocoles ou procédures de réaction aux incidents, le cas échéant en coopération avec l'Autorité de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire (HERA), le mécanisme de protection civile de l'Union (MPCU) ou l'Agence européenne des médicaments (EMA).
  • l'élaboration de plans de sécurité, y compris dans le domaine CBRN-E;
  • des  exemples, scénarios et études de cas, le cas échéant en coopération avec l'HERA, le MPCU ou l'action commune TERROR;


En outre, doivent être inclus les thèmes suivants :

  • équipements de protection individuelle et leur bonne utilisation;
  • gestion de la récupération des données après un incident ou une attaque, dans le respect du caractère sensible ou de la classification des informations et du principe du "besoin d'en connaître";
  • évaluation de la vulnérabilité CBRN-E du site;
  •  procédures de décontamination;
  • mise en œuvre de mesures de protection du public et gestion des conséquences (post- événement).


S’assurer du soutien de la Commission européenne

Le Conseil invite la Commission à:

  • Analyser la possibilité d'un soutien financier et technique aux projets nationaux et
  • internationaux liés à la mise en œuvre de ces conclusions et fournir des informations en la matière.
  • Envisager la possibilité d'utiliser à des fins de formation les stocks CBRN-E arrivés à expiration ou dont l'expiration est proche.


synthèse par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr


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mardi 17 juin 2025

Bilan à mi-parcours du pacte sur la migration et l'asile : le chantier avance bien

 

 

Le chantier du pacte sur la migration et l'asile avance bien. Il convient de noter des progrès substantiels, par exemple concernant Eurodac ou sur les dispositifs de retour . Cela dit, tout n’est pas rose. Le rapport à mi-parcours alerte sur les nécessités d'une coordination renforcée au sein des Etats membres et sur les lieux dédiés à la procédure à la frontière, à savoir ceux destinés à trier entre vrais demandeurs d’asile (ou du moins ceux éligibles à une protection) et les autres qui doivent être expulsés au plus vite. 



D’où vient-on ?

Les actes législatifs du Pacte sont entrés en vigueur le 11 juin 2024 et s'appliqueront à partir de mi-2026.
En juin 2024, la Commission a adopté le plan commun de mise en œuvre du pacte sur la migration et l'asile, définissant les principales tâches et étapes de cette période de transition. 

De quoi parle-t-on et où en est-on ?

À mi-chemin de la période de transition, des progrès considérables ont été réalisés tant au niveau national qu'au niveau de l'UE. Des efforts supplémentaires sont toutefois nécessaires pour garantir l'application intégrale et rapide des nouvelles règles. 
S'appuyant sur les actions clés du plan commun de mise en œuvre de juin 2024 et en prévision du lancement du premier cycle annuel de solidarité en octobre 2025, la présente communication présente un état des lieux des progrès réalisés aux niveaux européen et national dans la mise en œuvre du pacte et donne un aperçu de l'état d'avancement de la mise en œuvre pour chacun des dix éléments constitutifs. 

Où va-t-on ?

Le rapport annuel sur la migration et l'asile d'octobre 2025 comprendra un état d'avancement actualisé de la mise en œuvre du pacte. 
La Commission présentera ensuite une stratégie européenne à long terme pour la gestion de l'asile et de la migration afin de soutenir une approche intégrée et coordonnée de la mise en œuvre du pacte, tant au niveau européen qu'au niveau national .  En effet, un résultat important sera l’adoption d’une stratégie européenne quinquennale de gestion de l’asile et de la migration d’ici décembre 2025. Cette stratégie s’appuiera sur les stratégies nationales que les États membres doivent adopter et transmettre à la Commission d’ici le 12 juin 2025, couvrant à la fois les dimensions internes et externes de la migration dans une approche globale et intégrée.

La mise en œuvre du Pacte est un processus complexe impliquant de multiples acteurs. Les travaux sont bien avancés pour traduire cet ensemble vaste et complexe d'actes législatifs en réalité opérationnelle. La préparation des systèmes européens et nationaux d'ici juin 2026 est un effort commun qui nécessite une étroite collaboration entre les États membres, la Commission et les agences de l'UE.

Afin de compléter et de soutenir la mise en œuvre durable du pacte, la Commission poursuivra ses travaux sur la dimension extérieure de la politique migratoire, notamment sur les partenariats globaux avec les pays tiers et suivant une approche globale de la route. L'accent sera mis, entre autres, sur la diminution des arrivées irrégulières dans l'UE, la lutte contre le trafic de migrants et l'amélioration de l'efficacité de des efforts de retour.

Où en est-on avec les plans nationaux de mise en œuvre et de coordination ?

Tous les États membres ont été tenus d'établir des plans nationaux de mise en œuvre (PNM) comportant des actions et des échéanciers clairs, notamment en ce qui concerne les besoins en matière de marchés publics, de formation et de recrutement. À ce jour, 26 États membres ont régulièrement collaboré avec la Commission sur la mise en œuvre du Pacte, et 25 États membres ont soumis leurs plans nationaux de mise en œuvre. 

Tous les plans nationaux de mise en œuvre (PNM) sont basés sur le modèle fourni par la Commission et reflètent ainsi la structure du Plan commun de mise en œuvre (PCM). Environ un tiers des plans ont également été publiés sous forme de documents publics 
De manière générale, le niveau de détail des PNM varie selon les États membres et, au sein d'un plan donné, selon le domaine d'action ou la composante. 

La mise en œuvre du Pacte n'est pas un processus ponctuel, mais dynamique. Depuis la soumission initiale des PNM, certains États membres ont mis à jour et révisé certains éléments de leur plan, ce qui témoigne du travail considérable en cours. 

Surtout, les États membres ont mis en place des mécanismes de planification et de coordination pour agir au niveau opérationnel et devraient désormais les utiliser pour mettre en œuvre efficacement le Pacte. 
La préparation des PNM a permis d'identifier les problèmes de coordination nationale. Si de nombreux États membres renforcent l'élaboration intégrée des politiques grâce à des accords interministériels, d'autres ont besoin d'une coordination renforcée entre les domaines politiques et les niveaux de gouvernement. 

Où en est-on avec Eurodac ?


Compte tenu du calendrier serré de mise en œuvre d'Eurodac, la Commission, eu-LISA et les États membres ont identifié un ensemble de mesures pour atténuer les retards. L'une de ces mesures prévoit que les fonctionnalités d'Eurodac seront déployées en deux phases (juin et décembre 2026), en priorisant les fonctionnalités jugées critiques pour juin 2026. 

Où en est-on avec le nouveau système de gestion des migrations aux frontières extérieures de l’UE ?
Les préparatifs pour la mise en place de la nouvelle procédure obligatoire à la frontière sont en cours. En août 2024, la Commission a adopté l'acte d'exécution fixant la capacité adéquate pour chaque État membre et le nombre maximal de demandes de protection internationale au-delà duquel les États membres ne seront pas tenus d'appliquer la procédure à la frontière (« plafond annuel »).
La Commission travaille sur un document d’orientation sur le contrôle afin de fournir un document évolutif qui aborde le contrôle aux frontières extérieures et à l’intérieur du territoire, y compris des considérations importantes également pour les États membres concernés par les mouvements secondaires.

Afin de garantir la cohérence des politiques, le filtrage a également été inclus dans les orientations stratégiques du cycle stratégique pluriannuel pour la gestion européenne intégrée des frontières (EIBM). Frontex est en bonne voie pour développer, en coopération avec l'Agence européenne sur l'asile (EUAA) et la Commission, sa « boîte à outils de filtrage », qui comprend des outils pratiques pour la conduite des contrôles et vérifications liés au filtrage. Les tests opérationnels de ces outils devraient commencer en septembre 2025.

La Commission et l'EUAA ont publié une série d'outils pour la mise en place de la nouvelle procédure obligatoire aux frontières. 
Ceux-ci incluent des modèles hypothétiques de capacité adéquate, y compris la possibilité de disposer de « centres polyvalents » combinant le filtrage et les procédures d'asile et de retour aux frontières. 

Les États membres ont jusqu'en avril 2026 pour notifier les lieux désignés pour la procédure à la frontière. Or, à ce jour, aucun État membre ne l'a fait. 
Les États membres risquent de subir des retards dans la mise en place de leurs capacités de filtrage et de la procédure obligatoire à la frontière si les lieux définitifs ne sont pas désignés rapidement.

Où en est-on avec les dispositifs de retour ?

La Commission a travaillé en étroite collaboration avec les États membres, dans le cadre de l'élaboration des plans nationaux de mise en œuvre, afin de rapprocher les autorités chargées de l'asile et du retour. À ce jour, 19 États membres rendent déjà simultanément des décisions négatives en matière d'asile et de retour, ce qui sera une exigence du pacte, visant à simplifier et à rationaliser davantage les processus administratifs. 

Parallèlement, plusieurs États membres modernisent leurs systèmes nationaux de gestion des dossiers de retour afin de permettre un suivi plus efficace des retours, d’établir une intégration automatisée avec les systèmes informatiques de gestion des migrations plus larges et de garantir une utilisation plus complète et plus efficace du système d’information Schengen.

La Commission considère comme prioritaire de faire progresser les négociations sur la proposition de règlement sur le retour et appelle le Parlement européen et le Conseil à conclure les négociations dès que possible, et en tout état de cause avant que le pacte ne commence à s'appliquer en juin 2026.
Le rapport à mi-parcours indique que les États membres devront aussi remédier aux inefficacités internes existantes, telles qu'une coordination limitée entre les autorités et des procédures excessivement complexes, afin de garantir la mise en œuvre la plus efficace possible des nouvelles obligations découlant du Pacte, notamment celles liées à la procédure de retour à la frontière. L'efficacité globale du système de retour dépend de ressources adéquates, de processus fluides pour un suivi continu du retour des ressortissants de pays tiers et d'un traitement du retour comme un processus planifié et prévisible.

Où en est-on avec les dispositifs de limitation des flux secondaires ? 


Le bon fonctionnement des règles de Dublin existantes et des nouvelles règles, telles que prévues par le règlement sur la gestion de l’asile et de la migration (AMMR), sur le partage équitable des responsabilités est d’une importance fondamentale pour le fonctionnement global du Pacte.
Ces dernières années, le taux de transferts Dublin dans l'Union a été très faible, ce qui a considérablement entravé l'efficacité du système. 

La Commission finalise actuellement l'acte d'exécution qui abrogera les règles d'exécution actuelles en vue de son adoption en juillet 2025. 
Sur le plan opérationnel, cela facilitera la coopération et l'échange d'informations entre les États membres, et donc les transferts plus rapides et plus faciles. 
Tous les États membres devront veiller à appliquer les nouvelles règles, notamment en matière de demandes de prise en charge, de notifications de reprise en charge et de transferts. 

Où en est-on avec la préparation et la planification d'urgence ?

La planification d’urgence est un élément essentiel du Pacte, garantissant que les systèmes d’asile et d’accueil puissent continuer à fonctionner correctement et s’adapter rapidement aux changements soudains de la situation migratoire.
Afin d'aider les États membres à élaborer leurs plans d'urgence, comme l'exige la directive relative aux conditions d'accueil, l'EUAA a élaboré en novembre 2024 le modèle que les États membres doivent utiliser. 

La date limite légale pour soumettre les plans d’urgence nationaux à l’EUAA était le 12 avril 2025. À ce jour, 22 États membres ont adopté et notifié leurs plans d’urgence.
La plupart des plans notifiés à l'EUAA incluent les éléments essentiels du modèle, bien qu'avec des degrés d'exhaustivité variables. 
À partir de 2026, les plans d'urgence en matière d'accueil et d'asile seront évalués dans le cadre du programme de suivi pluriannuel de l'EUAA.

 

synthèse et traduction par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr


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