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mardi 7 octobre 2025

Mécanisme de protection civile de l’Union : des synergies entre la sécurité civile et la sécurité intérieure sont à prévoir

 


C’est ce qui ressort du rapport de la Commission européenne sur la résilience. Il y est indiqué que des synergies avec la stratégie de sécurité intérieure ProtectEU vont favoriser une meilleure préparation des populations aux risques et aux catastrophes. A cet égard, le rapport fait le point sur les progrès effectués dans le cadre de la gestion des risques et du renforcement de la résilience dans l’UE. L’accent est mis sur quatre domaines thématiques:  l’anticipation; la préparation des populations; l’alerte précoce; et la résilience de la protection civile. Le mécanisme de protection civile de l’Union (MPCU) est mis à l’honneur, le rapport estimant que ce dispositif a démontré sa valeur comme composante essentielle du système de protection civile de l’UE.



Quels sont les éléments à retenir ?

Ce rapport examine la gestion des risques et le renforcement de la résilience dans l’UE du point de vue du MPCU. Il examine l’évolution de la situation tant au niveau national qu’au niveau de l’UE, en mettant l’accent sur quatre domaines thématiques: l’anticipation, la préparation des populations, l’alerte précoce et la résilience de la protection civile.
Les conclusions confirment globalement la nécessité d’une approche plus proactive, plus globale et mieux intégrée de la résilience et de la préparation, comme le propose la stratégie de l’UE pour une union de la préparation.

La gestion des risques de catastrophe dans l’UE s’est considérablement améliorée ces dernières années grâce au renforcement du système de protection civile de l’UE, lequel a démontré sa capacité à s’adapter aux exigences croissantes d’un paysage des risques en évolution rapide. L’adoption des objectifs en matière de résilience face aux catastrophes en 2023 a marqué une étape majeure et a permis de dégager une orientation commune dans cinq domaines clés de la protection civile: l’amélioration de l’anticipation, la préparation des populations, l’alerte précoce, les capacités de réaction et la résilience de la protection civile. Les initiatives phares spécifiques qui ont suivi ont permis de traduire ces priorités en actions concrètes, en associant les autorités nationales de protection civile et d’autres partenaires à un effort de collaboration pour accroître la résilience de l’UE.


Que penser du mécanisme de protection civile de l’Union (MPCU) ?


Selon le rapport, le MPCU a joué un rôle central dans la réaction collective de l’UE en apportant une aide d’urgence coordonnée aux pays dans le besoin. Dans le même temps, le MPCU a relevé le défi de la complexification du paysage des risques en consolidant ses capacités de réaction grâce à l’expansion de rescEU et au renforcement du centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC). Les efforts se sont également concentrés sur l’amélioration de la gestion des risques de catastrophe et le renforcement de la résilience, notamment par l’adoption des objectifs en matière de résilience face aux catastrophes dans le domaine de la protection civile en 2023 et de la stratégie de l’UE pour une union de préparation en 2025, avec un champ d’application transsectoriel plus large.

Le rôle du MPCU se concerntre notamment sur l’alerte précoce. Dans l’UE, la responsabilité de l’alerte précoce et des alertes publiques incombe en premier lieu aux autorités nationales. Le MPCU joue un rôle complémentaire en développant des outils transnationaux, en renforçant les capacités d’appréciation de la situation de l’ERCC et en fournissant une assistance technique et financière aux capacités nationales d’alerte précoce.


Quels sont les progrès obtenus en matière d’anticipation ?


Lancé en 2023 comme une initiative phare, l’exercice d’élaboration de scénarios a produit dix scénarios de catastrophe à l’échelle de l’UE. Les scénarios couvrent 16 risques naturels et d’origine humaine, sélectionnés pour refléter l’ampleur de l’évolution du paysage des risques dans l’UE, et explorent les événements plausibles les plus défavorables ayant des incidences transfrontières et transsectorielles. Parmi les scénarios figurent un accident nucléaire grave, des conditions météorologiques hivernales extrêmes assorties d’une composante de cybermenace, une crise énergétique dans l’Union, une pandémie grave, un conflit armé et un attentat terroriste.

Le MPCU a investi dans le renforcement de la base de connaissances nécessaire à la gestion anticipative des risques, notamment par l’intermédiaire du centre de données sur les risques mis en place au sein du centre de connaissances en matière de gestion des risques de catastrophe du Centre commun de recherche.

Le centre de données sur les risques a été créé pour relever le défi de longue date que représentent la fragmentation et l’incohérence des données sur les risques au niveau de l’UE, en soutenant à la fois la gestion des risques de catastrophe et l’adaptation au changement climatique.


Quelle est la voie à suivre en matière d’anticipation ?

Dans les années à venir, la poursuite des investissements dans la science, la production de données de qualité et les capacités d’analyse sera cruciale pour générer les connaissances et les informations nécessaires à une prise de décision fondée sur la connaissance des risques. L’élaboration de scénarios de catastrophe à l’échelle de l’UE a constitué une avancée significative dans la planification de la préparation, car elle traduit des données fondées sur les risques en hypothèses de planification convenues pour le MPCU. L’évaluation globale des risques au niveau de l’UE prévue pour 2026 sera un outil essentiel pour renforcer la base factuelle en vue d’une prévention et d’une préparation transsectorielles plus larges.


Quels progrès en matière de préparation des populations

La Commission a lancé l’initiative phare preparEU. Dans ce contexte, un recensement des pratiques de communication sur les risques dans l’ensemble de l’UE, associé à la consultation des États membres et des États participants, a permis de déterminer les besoins communs et les domaines dans lesquels une action au niveau de l’UE pourrait apporter une valeur ajoutée. Ce processus a révélé un paysage de communication sur les risques riche mais fragmenté. En réponse aux besoins recensés, la Commission a élaboré un ensemble de mesures relatives au renforcement des capacités , comprenant:

  • un inventaire des bonnes pratiques et des documents d’appui sur la plateforme du réseau de connaissances en matière de protection civile de l’Union;
  • une formation de l’UE pour les professionnels de la communication sur les risques;
  • une communauté de pratique visant à mettre en relation les praticiens et à faciliter l’apprentissage collégial.


En 2024, la Commission a publié un manuel de bonnes pratiques sur la sensibilisation aux risques d’incendies de forêt, qui aborde un problème critique étant donné que 96 % des incendies de forêt sont causés par l’action humaine.


Quelle est la voie à suivre en matière de préparation des populations ?


Malgré les progrès accomplis, d’importantes lacunes subsistent en matière de sensibilisation et de préparation du public aux risques, ce qui souligne la nécessité de stratégies de communication plus efficaces et plus inclusives. Trop de citoyens se sentent insuffisamment informés ou mal préparés aux catastrophes.
Pour combler ces lacunes, une approche plus proactive, inclusive et participative s’impose, en investissant dans l’éducation, en mobilisant les communautés et les citoyens, en renforçant la confiance et en promouvant une préparation intergénérationnelle centrée sur la résilience.

Les synergies avec la stratégie de sécurité intérieure ProtectEU contribueront à renforcer la communication sur les divers risques et menaces, en garantissant la cohérence des messages publics et en favorisant une préparation plus polyvalente des populations dans l’ensemble de l’UE.

L’initiative «preparEU» jouera un rôle clé dans la concrétisation de la vision de la stratégie de l’UE pour une union de la préparation, notamment par des actions visant à promouvoir un minimum de 72 heures d’autosuffisance des populations dans les situations d’urgence et de crise. Afin de soutenir les autorités nationales dans leurs activités de communication sur les risques, l’UE élaborera des lignes directrices, lancera une formation pilote à la fin de l’année 2025 et organisera une journée annuelle de l’UE sur la préparation. D’autres actions comprendront la promotion de la préparation au moyen de programmes en faveur de l’éducation et de la jeunesse, ainsi que l’élaboration de nouveaux travaux de recherche en vue d’éclairer les politiques et les pratiques. 


Quels sont les progrès en matière d’alerte précoce ?


La Commission a mis au point un large éventail de systèmes d’alerte précoce et d’information:

  • un catalogue de 27 systèmes au niveau de l’UE couvrant différents types de dangers, accessible aux autorités nationales de protection civile pour soutenir le suivi des risques et la prise de décision.
  • le système de situation mondiale (GSS), une plateforme unique qui combine des données provenant de différents systèmes d’alerte précoce et d’information au niveau de l’UE pour renforcer la capacité de l’ERCC à suivre l’évolution des menaces et à anticiper les incidences critiques potentielles. La plateforme est également à la disposition des autorités nationales de protection civile.
  • le service Copernicus de gestion des urgences, qui fournit des services d’alerte précoce sur les inondations, les incendies de forêt et les sécheresses, en créant des cartes au service des interventions de réaction, de reprise et de prévention, et en produisant des données sur l’exposition pour aider à recenser les zones et les actifs à risque.
  • le partenariat scientifique européen sur les risques naturels, une collaboration scientifique fournissant à l’ERCC un suivi en temps réel par des experts de la situation en matière d’incendies de forêt dans toute l’Europe pendant la saison des feux de forêt. Afin de partager cet avantage avec les États membres et les États participants, l’ERCC a lancé un programme permettant aux autorités nationales de demander des évaluations précoces au partenariat scientifique européen sur les risques naturels et au partenariat scientifique européen sur les risques anthropiques en relation avec les risques radiologiques et nucléaires, en cas d’urgence imminente.



Quelles sont les avancées notables dans ce domaine ?

La Commission travaille actuellement à de nouvelles initiatives, notamment la mise au point d’un outil fondé sur l’IA dans le cadre de l’initiative «L’IA au service du bien public». Cet outil, qui sera intégré dans le système mondial d’information sur les incendies de forêt, s’appuiera sur des algorithmes d’IA pour modéliser les prévisions de risque d’incendie, détecter les événements d’incendie et prédire le comportement du feu.

Un autre progrès majeur à venir est le service d’alerte d’urgence par satellite de Galileo, qui fournira un canal d’alerte par satellite en mesure d’atteindre les populations vivant dans des zones reculées ou moins connectées, même lorsque les réseaux terrestres ne sont pas disponibles.

Enfin, l’UE a réalisé des progrès significatifs en matière d’alerte publique grâce au code des communications électroniques européen qui impose aux États membres de permettre l’envoi direct des avertissements sur les téléphones portables des particuliers dans les situations d’urgence.


Où se dirige-t-on concernant l’alerte précoce ?

Les priorités comprennent le renforcement du service Copernicus de gestion des urgences, la promotion de son utilisation et de son intégration dans les systèmes nationaux et le soutien de solutions interopérables et multirisques.

L’ERCC continuera de développer et d’affiner ses capacités d’appréciation de la situation. Si la nouvelle plateforme GSS représente une avancée majeure, il est possible d’apporter de nouvelles améliorations en intégrant un suivi sectoriel afin de fournir des informations en temps quasi réel sur les perturbations des services critiques, tels que l’énergie, les transports ou les soins de santé, et de favoriser une appréciation plus complète et anticipative de la situation.


Quels sont les progrès en matière de résilience ?

Afin d’améliorer la continuité des opérations d’urgence au sein du MPCU, la Commission a lancé une initiative phare comportant deux volets principaux: d’une part, des tests de résistance mettant à l’épreuve la continuité des activités de l’ERCC et d’autre part, un soutien apporté aux points de contact nationaux pour la réalisation de leurs propres tests sur la base du volontariat, au moyen d’un échange d’expériences.

À ce jour, dix pays et l’ERCC ont procédé à des tests de résistance et ont fait part de leurs approches et des enseignements qu’ils en ont tirés.
En 2024, l’ERCC a également mené l’exercice à grande échelle intitulé «EU Integrated Resolve 2024 – Parallel and Coordinated Exercise (EU IR24 – PACE)» afin de tester l’état de préparation de l’UE aux crises hybrides complexes.

Le rapport indique que les tests de résistance de la continuité des activités des centres d’opérations d’urgence se sont montrés prometteurs, et des exercices similaires devraient être élargis afin de recenser les domaines à améliorer et de faciliter l’apprentissage mutuel. Il sera également décisif d’investir dans la résilience des actifs physiques et des processus opérationnels pour assurer la continuité des services de protection civile.


Un exemple concret : le positionnement avancé des pompiers

Le programme de partage des enseignements tirés établi par le MPCU permet aux États membres et aux États participants de réfléchir aux expériences d’activation du MPCU, en recensant les domaines à améliorer en matière de réaction, de préparation et de prévention. Outre les réunions générales relevant de ce programme, des réunions spécifiques se concentrent sur des sujets particuliers, tels que les incendies de forêt. Ces réunions ont débouché sur des mesures telles que le positionnement avancé des pompiers et le renforcement de l’état de préparation de l’Europe en vue de lutter contre les incendies de forêt, notamment par l’augmentation des capacités aériennes de rescEU en matière de lutte contre les incendies de forêt.

Quant au programme global de formation du MPCU il a contribué à la préparation des experts et à l’amélioration des capacités de réaction aux différents types de catastrophes. Trente exercices (EU MODEX et exercices à grande échelle) ont été menés sur la base de scénarios spécifiques, notamment des tremblements de terre, des urgences médicales, des incendies de forêt, des inondations et des risques CBRN.


Une success story : le réseau européen de connaissances en matière de protection civile

Le rapport indique que depuis son lancement en 2021, le réseau européen de connaissances en matière de protection civile est devenu la plateforme de référence pour la communauté de la protection civile. Par l’intermédiaire de sa plateforme en ligne, de sa lettre d’information et de ses événements, le réseau européen de connaissances en matière de protection civile tient la communauté informée de la mise en œuvre des objectifs en matière de résilience face aux catastrophes et de sujets connexes. La bibliothèque de connaissances en ligne du réseau, lancée en 2024, fournit un répertoire de ressources sur les objectifs en matière de résilience face aux catastrophes et la gestion des risques de catastrophe, tandis que des groupes de discussion interactifs, tels que celui consacré à la communication sur les risques, permettent aux praticiens d’échanger des idées et des bonnes pratiques.


L’essor de la boîte à outils du MPCU

La Commission a élargi la boîte à outils du MPCU pour le renforcement des capacités afin de mieux soutenir les efforts de protection civile en matière de prévention des risques de catastrophe, de préparation et de développement de la résilience. La boîte à outils est alignée sur les priorités stratégiques du MPCU et les objectifs en matière de résilience face aux catastrophes, et comprend:

  • des subventions du MPCU pour la résilience face aux catastrophes: «Assistance technique en matière de gestion des risques de catastrophe» axée sur des projets ne concernant qu’un pays, et «Connaissances pour l’action en matière de prévention et de préparation», soutenant des initiatives de coopération plurinationales;
  • le mécanisme de financement de l’assistance technique, lancé en 2024 pour la mise à disposition des compétences en matière de gestion des risques de catastrophe de la Banque mondiale et du dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de reconstruction.


synthèse du rapport par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr



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