Créer un logiciel de surveillance des activités criminelles du Darknet, identifier des principes concrets régissant l’intelligence artificielle aux praticiens de la sécurité intérieure, participer aux projets développés en matière de frontières électroniques, notamment l’emploi de l’IA pour identifier des profils de voyageurs à risque, voici en quelques mots les projets menés pour le pôle d'innovation de l'UE hébergé par Europol (EU Innovation hub). En raison de ses moyens limités, les activités sont encore réduites mais le rapport d’activité pour l’année 2022 juge leur bilan significatif. Small is beautiful…
De quoi parle-t-on ?
Ce rapport présente les progrès réalisés pour l’année 2022. Il souligne que le travail accompli doit être considéré comme une réalisation importante en l'absence d'une ligne budgétaire dédiée. Le pôle dispose de ressources limitées alors que les agences ne sont pas éligibles pour bénéficier de financements européens, en particulier le programme de soutien à l’innovation technologique, Horizon Europe.
Les enseignements tirés de la réalisation des activités décrites ci-dessus ont été pris en compte dans la rédaction du plan pluriannuel 2023-2026. Plus exactement, ce document est un bilan rétrospectif des réalisations de 2022. Une description des activités prévues pour la période 2023-2026 se trouve dans un document séparé intitulé : Projet de pôle d'innovation pour la sécurité intérieure - Planification pluriannuelle des activités 2023-2026.
Qu’est-ce que l'Innovation Hub ?
L'Innovation Hub est un réseau collaboratif de laboratoires d'innovation. Il s’agit de la plateforme d'innovation de l'UE pour la sécurité intérieure. Conformément aux conclusions du Conseil JAI d'octobre 2019, elle a été créée par le comité permanent de coopération opérationnelle en matière de sécurité intérieure (COSI) du Conseil le 18 février 2020.
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Le pôle d'innovation a pour but de contribuer à établir une image commune de l'innovation pour la sécurité intérieure et promouvoir la convergence des efforts de recherche en matière d'innovation et de sécurité dans toute l'Europe.
En 2022, ce Hub a travaillé sur cinq projets pilotes.
Améliorer la surveillance des criminels sur le Darknet
Le premier projet concerne la surveillance du Darknet pour lutter contre les activités criminelles.
L'objectif de ce projet est de développer un logiciel flexible en ligne multi-utilisateurs composé d'un ensemble de modules afin de contribuer à la surveillance des activités criminelles du Darknet et de soutenir les enquêtes sur ces activités grâce à la collecte de preuves numériques. Ce logiciel sera livré d'ici fin octobre 2023.
Le porteur du projet est le Centre commun de recherche de la Commission européenne (DG JRC). Les partenaires du projet sont l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) ainsi qu’Europol.
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AP4AI : le projet qui concile sécurité intérieure et intelligence artificielle
Le pôle d'innovation d'Europol travaille sur un projet visant à développer des principes de responsabilité pour l'IA utilisés spécifiquement dans le domaine de la liberté, de la sécurité et de la justice. Il s’agit concrètement de favoriser l'innovation en matière d'IA en matière de sécurité en Europe et, dans le même temps, de contribuer à faciliter l'acceptabilité sociale des futurs outils d'IA dans le domaine de cet espace de liberté, de la sécurité et de la justice.
Inspiré des éléments figurant dans la proposition de règlement sur l'IA (« IA act »), ce projet AP4AI rassemble des experts des forces de l'ordre, de la police des frontières, de la justice. Se voulant transversal, il associe également des experts juridiques en IA, des experts éthiques en IA, des experts techniques en IA. Il inclut également les points de vue des citoyens.
AP4AI entend fournir un mécanisme universel qui permet aux praticiens d'évaluer, d'examiner et de démontrer la responsabilité de l'IA de manière systématique, fiable et pragmatique. Il s’agit d’élaborer à cet effet des guides de mise en œuvre de principes de responsabilité.
Un tel projet a aboutir sur l’identification de douze de ces principes, parmi lesquels les lois applicables, et l'évaluation de l'impact sur les droits de l'homme ainsi que sur la protection des données.
Les porteurs du projet sont Europol et l’Université de Sheffield (CENTRIC) Les partenaires du projet sont Eurojust, l’agence européenne des droits fondamentaux (FRA), le Collège européen de police (CEPOL), l’agence européenne pour l’asile (EUAA), et l’agence européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d'information à grande échelle au sein de l'espace de liberté, de sécurité et de justice (eu-LISA).
Un projet pilote pour mieux contrôler électroniquement les entrées et les sorties de l’espace européen
Le pôle d'innovation d’Europol contribue activement au projet dit des «frontières intelligentes». Ce projet bat son plein et, à cet égard, le système d'entrée-sortie (EES), constitue l’un des éléments centraux. Pour mémoire, l’EES enregistrera les données biométriques des ressortissants de pays tiers franchissant les frontières extérieures.
Pour se préparer aux mutations que vont connaître les points de passage frontaliers, le laboratoire de recherche et l'innovation de Frontex a mis en œuvre, en lien avec celui d’Europol, un essai technologique opérationnel d'EES dans trois points de passage frontaliers terrestres. Ces trois points se trouvent de Bulgarie et d'Espagne. Un tel projet est mené en étroite coopération avec les pays hôtes, eu-LISA, le Centre commun de recherche de la Commission européenne (DG JRC) ainsi que les unités opérationnelles internes de l'Agence.
Quant à l'Agence des droits fondamentaux de l'UE (FRA), elle a fourni des informations spécifiques sur la manière d'informer les voyageurs, de même que sur les implications générales du projet pilote EES en matière de droits fondamentaux.
Il ressort de la mise en œuvre de ce projet pilote que le système de base déployé s'est avéré flexible et adapté à différents scénarios de points de passage frontaliers.
Frontex est en train de finaliser le rapport d'évaluation du projet pilote, qui sera diffusé aux États membres, à la Commission et aux agences en 2023.
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Le rapport du pôle d'innovation d'Europol ajoute que Frontex a encouragé les participants tout au long du projet, à générer de nouveaux produits. Plus exactement, ces participants ont été incités à mettre en œuvre divers processus, méthodes et services qui pourraient être plus efficaces, tels que l'utilisation de solutions visant à collecter des identifiants biométriques en déplacement, la mise en place de postes de travail d'enregistrement mobiles, l’installation de lecteurs d'empreintes digitales sans contact, ou encore l’établissement de corridors électroniques biométriques.
Recourir des technologies biométriques prometteuses pour mieux gérer les flux de voyageurs
L'Innovation Hub a pris part à un projet mené par Frontex sur une vaste étude prospective en matière des technologies biométriques. Plus exactement, cette étude à grande échelle vise à identifier les technologies prometteuses dans le cadre des contrôles aux frontières. Un rapport d'étude de recherche a été publié et qui comprend :
- Une taxonomie des technologies biométriques et des systèmes technologiques basés sur la biométrie,
- Les résultats des analyses approfondies menées sur les brevets, la littérature scientifique et les projets financés par l'UE. Le but est d’avoir un aperçu du paysage technologique.
- Un ensemble de scénarios spécifiques, visant à identifier les technologies pertinentes ainsi que des systèmes ou produits destinés à être utilisés dans les domaines des voyages et des contrôles aux frontières (non limités aux technologies biométriques).
- Un ensemble de feuilles de route développées pour les grandes familles de technologiques biométriques clés (reconnaissance sans contact des crêtes de friction, reconnaissance faciale 3D, reconnaissance faciale infrarouge, reconnaissance de l'iris dans le spectre visible), qui peuvent être utilisées comme point de départ pour approfondir l'analyse de l’évolution de ces grandes familles, et pour surveiller les opportunités offertes par ces technologies émergentes.
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Plus de 40 entités étaient représentées sur la prospective technologique, entre autres des experts de la communauté garde-frontières (Frontex et garde-frontières et garde-côtes de 8 États membres), des institutions et agences de l'UE (DG HOME, DG JRC, eu-LISA, EUROPOL et FRA), des organisations internationales (INTERPOL et OACI), le Département américain de la sécurité intérieure, des producteurs industriels de systèmes et de composants, des institutions universitaires, ainsi que des associations professionnelles et des consultants.
Utiliser l’intelligence artificielle pour mieux identifier les voyageurs à risque
Le pôle d'innovation d’Europol collabore à la mise en œuvre du système européen d'information et d'autorisation de voyage (ETIAS). Pour mémoire, ETIAS est un système d'autorisation préalable au voyage pour les voyageurs exemptés de visa. Le règlement ETIAS dispose à ce sujet qu'un algorithme doit être développé pour permettre le profilage automatisé des voyageurs. Ce profilage est opéré sur la base d'indicateurs de risque prédéfinis et de règles de filtrage.
L'algorithme s’articule autour d’indicateurs de risque spécifiques à définir par l'unité centrale ETIAS qui est hébergée par Frontex.
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Quant au référentiel central des rapports et des statistiques (CRRS), il s’agit d’une base de données qui alimentera cet algorithme. Plus exactement, il fournira des informations anonymisées qui aideront l'unité centrale ETIAS à définir les indicateurs de risques spécifiques.
Le porteur de projet est eu-LISA et les partenaires du projet sont Frontex et Europol.
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intérieure: l’agence européenne eu-LISA souhaite devenir le centre
d'excellence de l'UE en matière d'intelligence artificielle
eu-LISA a décidé de mener une étude visant à examiner comment l'IA peut soutenir l'analyse de l'énorme quantité de données qui être collectées dans le CRRS. Il s’agit d’établir comment l'IA peut être utilisée pour améliorer l'efficacité des processus liés à la gestion du profilage des risques pour ETIAS (de même que le système d’information sur les visas - VIS révisé). L’objectif est d’identifier les tendances, de mieux comprendre le risque existant et d’appréhender de nouveaux risques possibles.
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L'étude vise à étudier plus avant comment les technologies d'IA peuvent améliorer les capacités d'analyse liées au profilage des risques, aux règles de sélection ainsi qu’aux indicateurs de risque.
L'étude, qui s'est achevée en décembre 2022, vise à prendre en compte le droit applicable, ainsi que les exigences des parties prenantes pour l'utilisation de l'IA au sein du CRRS. Il s’agit d’identifier les technologies les plus appropriées et d’estimer les ressources ainsi que les coûts nécessaires à la mise en œuvre de la composante IA envisagée dans le système opérationnel.
traduction et synthèse du rapport par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr
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