Interpol (dit OPIC - Organisation internationale de police criminelle) fête cette semaine un siècle d’existence mais l’organisation reste mal connue. Situé à Lyon, beaucoup pensent qu’il s’agit d’une « police internationale ».
L’approximation est trompeuse car Interpol, comme son cousin européen, Europol, est avant tout un organisme de soutien aux polices nationales. Comprenant près de 800 personnes et doté de 80 millions d’euros environ, il apporte un appui aux Bureaux centraux nationaux (B.C.N.) des 190 pays membres.
Interpol est un organisme multi-fonctions, même si l’échange d’informations et la coordination des opérations de police restent certainement le centre gravité de l’Office. A ce propos, Interpol a mené 42 opérations en 2013.
Interpol, c'est un secrétariat et 190 B.C.N., 7 bureaux régionaux répartis dans le monde entier et des représentants spéciaux auprès des Nations Unies (à New York), et de l’Union européenne (à Bruxelles).
Une nouveauté : le Complexe mondial Interpol pour l’innovation (CMII). Le CMII vise à lutter contre la cybercriminalité à l’échelle mondiale en tirant parti de l’expertise du secteur privé. Des entreprises partenaires fournissent des renseignements dans le domaine numérique, organisent des programmes de formation sur la criminalité numérique et participent à la mise en place d’une alerte Interpol sur la cybercriminalité en procédant à l’analyse des cybermenaces.
De l’échange d’informations et de l’analyse
Les notices Interpol sont des alertes internationales servant à informer les polices de tous les pays membres au sujet de personnes recherchées, de dangereux criminels, de menaces potentielles ou de personnes disparues.
13.600 notices ont été publiées en 2013 (contre 2000 en 2003). 70.000 sont en cours de validité. 1750 personnes ont été arrêtées. 9000 des notices publiées sont des notices rouges (personnes recherchées) et 2000 sont des notices jaunes (personnes disparues).
Interpol apporte un soutien en matière d’enquête aux autorités chargées de retrouver les derniers génocidaires en fuite. Ce soutien a consisté, entre autres, en la publication de 23 notices rouges à l’encontre de génocidaires présumés.
En outre, l’équipe d’analystes en données criminelles d’Interpol fournit des analyses opérationnelles et stratégiques pour des projets, des enquêtes et des opérations liés à des actes criminels. En 2013, Interpol a produit 14 rapports d’analyse sur le terrorisme, 21 sur la criminalité organisée et des domaines de criminalité spécialisés, et trois sur le trafic de stupéfiants. Les analystes dispensent également conseils et formations, au besoin, et peuvent être déployés sur le terrain pour apporter une aide directe dans les enquêtes en cours.
Un centre de commandement et des cellules de soutien
Fonctionnant 24h/24 et 7j/7, le Centre de commandement et de coordination (CCC) d’Interpol apporte un appui aux pays membres en facilitant notamment les échanges de messages, en procédant à des vérifications urgentes dans les bases de données de l’Organisation et en coordonnant le déploiement d’équipes de soutien spécialisées.
Interpol déploie également des Cellules de crise (IRT) (par exemple en Ukraine) et des Cellules Interpol de soutien aux grandes manifestations (IMEST) pour apporter une aide d’urgence à la suite d’une catastrophe ou d’un acte criminel, ou faciliter la mise en œuvre de dispositifs de sécurité lors des manifestations internationales.
En 2013, le CCC a facilité la communication entre les pays dans 503 affaires urgentes et déployé sur le terrain 58 personnes dans le cadre de cellules de soutien. Le CCC a connu un accroissement des effectifs de 55% depuis sa création.
À la suite du cyclone Haiyan, Interpol a déployé une IRT afin de contribuer aux opérations d’identification des victimes de catastrophes (IVC).
Interpol apportera son soutien aux autorités brésiliennes afin d’assurer la sécurité des Jeux olympiques de Rio en 2016. Une Cellule de soutien aux grandes manifestations sera déployée au Brésil afin d’apporter un appui sur le terrain grâce aux outils, aux services et aux bases de données d’Interpol (pour un exemple aussi pour Londres en 2012).
Interpol a déployé une cellule de soutien aux enquêtes dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est pour apporter un soutien aux enquêtes en cours sur le trafic d’ivoire dans la région. En recueillant et en analysant des informations sur les principales saisies d’ivoire, Interpol peut offrir une aide essentielle dans des domaines ciblés dans lesquels opèrent des réseaux criminels, en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.
Des opérations
Des contrefaçons d’une valeur de près d’un million de dollar US ont été saisies au cours de l’opération White Mercury, qui s’est déroulée dans sept pays d’Europe de l’Est.
Un site de production illégale de détergent ménager a été découvert en Bulgarie, et l’enquête qui a suivi a révélé des liens avec au moins quatre autres fabricants illégaux en Bulgarie, en République tchèque et en Grèce.
Conduite par l’Organisation de coopération des Chefs de police d’Afrique de l’Est et l’Organisation de coopération régionale des Chefs de police d’Afrique australe, avec le soutien des Bureaux régionaux d’Interpol pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, l’opération Usalama a permis de secourir plus de 320 victimes de trafic d’êtres humains, de saisir des armes illicites.
Interpol a participé à trois opérations de lutte antidrogue, dont l’opération Cocair IV dirigée par l’Organisation mondiale des douanes, au cours de laquelle des contrôles ont été réalisés dans 30 aéroports internationaux du continent africain.
L’opération mondiale Pangea VI, qui ciblait la vente de médicaments sur Internet, a abouti à la saisie de 9,8 millions de médicaments potentiellement dangereux.
Des conférences mondiales
Deux conférences internationales ont été organisées à Rome (Italie) et à Kuala Lumpur (Malaisie) ont rassemblé quelque 350 délégués de 102 pays afin de débattre des menaces que représente le trucage de matchs.
En outre, 150 spécialistes de l’identification des victimes sur Internet et de la protection des enfants se sont réunis pour échanger de bonnes pratiques en matière de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants et la diffusion d’images d’abus sur Internet.
À l’occasion du premier Forum sur les technologies au service de la lutte contre la criminalité, co-organisé par Interpol et le ministère de l’Intérieur français, plus de 600 hauts représentants gouvernementaux, des services de police, de l’industrie, de sociétés spécialisées dans la sécurité et du monde universitaire se sont réunis afin d’apporter des réponses aux menaces mondiales en matière de sécurité à l’aide de la technologie.
Des outils numériques et des manuels
Le système I-24/7 d’Interpol offre aux polices un canal sécurisé leur permettant d’échanger des informations sensibles. En 2013, plus de 17 ,5 millions de messages ont été transmis via I-24/7.
I-link donne aux policiers des Bureaux centraux nationaux (B.C.N.) la possibilité de transmettre et de gérer eux-mêmes leurs données en leur permettant d’enregistrer directement les informations de police les plus récentes dans la base de données d’Interpol.
En 2013, neuf pays membres ont procédé à des essais de transmission par Internet via la plateforme de test e-Extradition.
En 2013 toujours, les pays membres d’Interpol ont effectué plus de 1,2 milliard de recherches dans les bases de données criminelles de l’Organisation, soit une moyenne de 3,3 millions de recherches par jour, ou encore 38 par seconde.
Interpol dispose de bases de données en matière :
- de données nominatives (personnes recherchées, malfaiteurs connus et personnes disparues) (156.000 enregistrement en 2013),
- d’empreintes digitales (200.000 enregistrement en 2013),
- de profils génétiques (140.000 enregistrement en 2013),
- de documents de voyages volés/perdus (40 millions d’enregistrement en 2013),
- de véhicules volés (7 millions d’enregistrement en 2013),
- d’œuvres d’art (43.000 enregistrement en 2013).
Interpol relie les polices entre elles et aux bases de données criminelles d’Interpol (données nominatives, empreintes digitales, véhicules volés). Les bases de données se rapportant tout particulièrement à la sécurité des frontières sont hébergées au Centre de référence Interpol sur les documents de voyage et d’identité.
Il s’agit par exemple d’EdisonTD (qui contient des spécimens de documents de voyage authentiques) et de Dial-Doc, que les pays utilisent pour mettre en commun les formes de contrefaçon de documents de voyage récemment mises au jour.
Les postes-frontières étant des lieux clés pour la préservation de la sécurité nationale, Interpol aide ses pays membres en leur offrant un accès en temps réel à ses bases de données, aux fins des contrôles de premier et de deuxième niveaux dans les aéroports et les ports maritimes ainsi qu’aux points de passage frontaliers.
Des solutions techniques baptisées MIND et FIND permettent au système Interpol de travailler en tandem avec l’infrastructure nationale de protection des frontières.
Par ailleurs, Interpol a élaboré un guide à l’intention des services de police pour les informer de la possibilité que des malfaiteurs tirent parti des marchés mondiaux des émissions de carbone.
Des formations
En 2013, Interpol a coordonné 288 sessions de formation, comprenant des ateliers, des séminaires, des colloques, des conférences et autres réunions à visée pédagogique, auxquelles ont participé près de 11 000 personnes. Le nombre de participants aux formations a augmenté de 35 % en 2013, et des formations à l’analyse criminelle ont été proposées pour la première fois.
Le Centre mondial de ressources Interpol (IGLC) permet à la communauté policière internationale d’accéder à une large gamme d’outils pédagogiques en ligne, depuis des modules de formation jusqu’à un centre de ressources contenant des rapports, des documents ainsi que des liens vers les sites Web de partenaires. En 2013, les pays membres d’Interpol s’y sont connectés près de trois millions de fois, pour un total de 2 300 heures de formation en ligne.
L’opération Hawk a associé une formation complète à la lutte antiterroriste à des opérations de sécurisation des frontières visant à détecter le trafic de matières radiologiques ou nucléaires et de précurseurs chimiques.
Des projets
Une initiative a été mise en place pour améliorer les services de police scientifique offerts par Interpol à ses pays membres. Un système de reconnaissance faciale est en effet en cours d’élaboration et viendra s’ajouter à l’expertise et aux outils dont dispose déjà l’Organisation en matière d’empreintes digitales et d’ADN. Cette technologie biométrique ouvre des perspectives concernant l’identification des individus et la résolution des affaires criminelles.
Dans le cadre d’un accord de partenariat de cinq ans, une société fournit à Interpol une gamme de solutions biométriques afin de renforcer la sécurité mondiale. Il s’agit de définir des normes mondiales relatives à l’utilisation de la biométrie aux fins du renforcement de la sécurité aux frontières, et des bonnes pratiques en la matière.
Turn Back Crime est une campagne de sensibilisation mondiale qui vise à attirer l’attention du public sur les dangers de la criminalité organisée et son incidence sur notre vie de tous les jours. Elle a pour objectif d’apprendre au public à éviter de soutenir sans le savoir les réseaux criminels transnationaux et de mieux faire connaître les répercussions inattendues de ce soutien sur nos activités quotidiennes.
I-Checkit est une initiative innovante qui sollicitera le public et le secteur privé afin de déceler et de prévenir des transactions illicites. Dans le cadre de ce projet, dont la phase pilote a été lancée en 2013, trois outils différents verront le jour, destinés aux sociétés privées, aux services de police et au grand public, afin de les aider à prévenir l’utilisation de faux documents de voyage, à vérifier l’authenticité des produits proposés à la vente, et à détecter les véhicules volés.
Le projet Scale d’Interpol, une initiative mondiale visant à mettre au jour et à combattre les activités de pêche illégale, a été lancé en 2013 avec le soutien de plusieurs partenaires, dont l’Agence norvégienne de coopération pour le développement. Ce projet a permis de coordonner des opérations de lutte contre la pêche illégale.
Des partenariats
Interpol a passé des accords de partenariat et de coopération avec de nombreuses institutions et organisations partageant sa vision. En 2013, un accord a été conclu avec Eurojust, qui prévoit des activités de formation conjointes, la mise en commun d’expertise et de bonnes pratiques, la communication d’informations stratégiques et techniques, et une collaboration en vue de soutenir les enquêtes conjointes.
Interpol apporte également son soutien à des organisations partenaires telles que Frontex. En 2013, 12 opérations de sécurité aux frontières ont été menées dans le monde, certaines comprenant un volet antiterroriste, d’autres une formation préalable visant à informer les fonctionnaires de police concernés des procédures usuelles de sécurité aux frontières.
Un accord de partenariat prévoyant l’ouverture de l’accès aux outils et services d’Interpol aux principaux postes-frontières de six pays d’Afrique centrale a été conclu entre Interpol et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Cet accord offre un cadre qui permettra de relier 40 postes-frontières du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de la République centrafricaine et du Tchad à I-24/7., ainsi que des aéroports internationaux, des ports maritimes et des points de passage frontaliers.
(synthèse du texte par securiteinterieure.fr)
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