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dimanche 7 décembre 2025

Rapport 2025 sur la migration illégale : la France expulse le plus en Europe

 



Dans le cadre de l’application du Pacte sur l’asile et la migration, la Commission européenne a présenté son premier Rapport annuel européen sur l’asile et la migration. Ce document présente un état de la situation de l’immigration irrégulière et fournit également des perspectives. Il ressort de ce rapport que les flux devraient encore continuer à baisser. Pour autant, la question de la migration secondaire, c’est-à-dire les flux entre Etats de l’espace Schengen, reste épineuse. La France est à cet égard la cible de cette migratoin secondaire irrégulière. Sur le plan de l’expulsion, les États membres ont émis près d’un demi-million d’injonctions de quitter le territoire. La France est en tête de peloton. Reste que ces injonctions ne dont pas toujours suivies d’effet et le rapport souligne la persistance du problème des expulsions non effectives.


Etat de la situation migratoire irrégulière : la Grèce, Chypre, l’Italie et l’Espagne aux premiers rangs

Les passages illégaux de frontières (PIF)  aux frontières extérieures de l'Union ont diminué de 35 % par rapport à juillet 2023-juin 2024. Des tendances à la baisse ont été observées le long de la plupart des routes migratoires, y compris celles qui représentent la majorité des PIF vers l'Union.

Alors que la situation migratoire en Grèce est restée globalement stable, le pays a enregistré le nombre le plus élevé de migrants en situation irrégulière par rapport à son PIB et à sa population, ainsi que la majorité des mouvements arrivant par la route de la Méditerranée orientale (plus de 60 000 MSI), principalement en provenance de Turquie et de Libye, avec une nette augmentation des arrivées enregistrées en Crète. 

Figure 1 – Passages illégaux de frontière par la route migratoire
 

Source : Élaboration du JRC à partir des données de Frontex

En Italie et en Espagne, le nombre de migrants clandestins a diminué par rapport à la période juillet 2023-juin 2024, malgré des chiffres toujours élevés en valeur absolue. 
Le renforcement de la surveillance aux frontières en Mauritanie et au Sénégal a contraint les passeurs à modifier leurs itinéraires de départ via la Guinée-Bissau, la Guinée et la Gambie. Sur la route de la Méditerranée occidentale, l'Algérie est restée le principal point de départ – représentant 79 % des migrants clandestins sur cet itinéraire. Les départs du Maroc ont considérablement diminué grâce au renforcement de la coopération bilatérale avec l'Espagne et au renforcement de la surveillance aux frontières.

Le long de la Manche, les départs de France vers le Royaume-Uni ont augmenté de 15 % par rapport à la période juillet 2023-juin 2024. Bien que les efforts de gestion des frontières en France aient empêché 40 % des plus de 72 000 départs enregistrés quittant la France pour le Royaume-Uni, les passages réussis (arrivées au Royaume-Uni) ont tout de même augmenté d'environ 35 % par rapport à la période juillet 2023-juin 2024.

Dans la région des Balkans occidentaux, les arrivées irrégulières ont considérablement diminué par rapport à la période juillet 2023-juin 2024. Le renforcement des contrôles policiers, qui a perturbé les activités de trafic de migrants, ainsi que la diminution des arrivées irrégulières sur la route de la Méditerranée orientale, ont également contribué à cette baisse. 


Une persistance de l’instrumentalisation des migrants par la Russie et la Biélorussie


À la frontière orientale de l'Union, le nombre de migrants clandestins est resté faible et relativement stable. Les actions de la Russie et du Bélarus continuent d'influencer la dynamique migratoire à la frontière orientale, notamment en Pologne, en Lettonie, en Lituanie, en Finlande et en Estonie. 
Face aux tentatives persistantes d'instrumentalisation de la migration par des États, ces pays ont renforcé les contrôles aux frontières, réduisant ainsi le nombre de migrants clandestins en provenance du Bélarus (1 421 migrants, dont 82 % à destination de la Pologne). 

Entre juillet 2024 et juin 2025, plus de 110 000 personnes se sont vu refuser l’entrée aux frontières extérieures de l’Union, principalement par voie terrestre (55 %) et aérienne (41 %). 
La plupart des refus d’entrée étaient dus à des documents manquants ou non valides. La Pologne, la Croatie, la France et la Roumanie ont enregistré les chiffres les plus élevés en valeur absolue.


Une diminution des personnes dites « débarquées »

Le nombre de ressortissants de pays tiers débarqués dans l'Union à la suite d'opérations de recherche et de sauvetage a diminué de 36 % par rapport à la période juillet 2023-juin 2024. 
Du 1er juillet 2024 au 30 juin 2025, près de 97 000 personnes ont débarqué dans l'Union à la suite d'opérations de recherche et de sauvetage. L'Italie et l'Espagne ont représenté à elles deux plus de 80 % des personnes débarquées dans l'Union.

Figure 2 – Personnes débarquées lors d’opérations de recherche et de sauvetage  


Source : Élaboration du JRC à partir des données de Frontex

Les demandes de protection internationale dans l'Union ont diminué de 21 % par rapport à la période juillet 2023-juin 2024, même si elles restent globalement élevées, avec 871 000 demandes déposées. Cette baisse s'explique principalement par la diminution des arrivées irrégulières et la forte baisse des demandes émanant de ressortissants syriens. 


Le problème des mouvements non autorisés au sein de l'Union


Plusieurs États membres ont été confrontés à un nombre important de mouvements irréguliers de migrants. 
Les mouvements d'un État membre à l'autre et les lacunes dans la mise en œuvre des règles de responsabilité prévues par le règlement (UE) n° 604/2013 exercent une pression considérable sur les systèmes d'asile, de migration et d'accueil des principaux pays de destination.

À ce jour, les données disponibles d'Eurodac suggèrent une baisse d'environ 25 % des mouvements non autorisés au sein de l'Union par rapport à la période juillet 2023-juin 2024, principalement en raison de la diminution générale des arrivées irrégulières. 
Malgré cette baisse, les mouvements non autorisés demeurent une difficulté pour les principaux pays de destination. Ces mouvements s'effectuent généralement en provenance des pays de première entrée dans l' Union et à destination des États membres situés au nord - ouest. 
En chiffres absolus, la Grèce, l'Allemagne, la Croatie, l'Italie et la France sont les principaux pays de départ, tandis que l'Allemagne, la France, la Belgique, l'Italie et les Pays-Bas sont les pays qui accueillent le plus de mouvements non autorisés. 

Figure 5 – Carte des mouvements non autorisés basée sur les données Eurodac (itinéraires avec > 6000 enregistrements) 

Source : Élaboration du JRC à partir des données EU-LISA

Une augmentation des expulsions, la France en tête

Entre juillet 2024 et juin 2025, les États membres ont émis au total 478 000 injonctions de quitter le territoire de l’Union à l’encontre de ressortissants de pays tiers, soit une augmentation de 11 % par rapport à la période juillet 2023-juin 2024. 
Cette hausse s’explique principalement par le nombre plus élevé d’injonctions de quitter le territoire émises conjointement à des décisions de refus d’asile. La plupart des injonctions ont été émises par la France, l’Espagne et l’Allemagne. 

Figure 6 – Nombre de commandes de retour et de ressortissants de pays tiers renvoyés par État membre


Source : Élaboration du JRC à partir des données d'Eurostat

115 000 ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier ont été effectivement renvoyés dans un pays tiers. Plus de la moitié de ces renvois ont été effectués par seulement cinq États membres (Allemagne, France, Suède, Chypre et Pologne). 
Cela représente une augmentation de 20 % par rapport à la période juillet 2023-juin 2024. Cependant, le taux global de renvoi demeure faible, ce qui entraîne un arriéré de personnes faisant l’objet d’un ordre de quitter le territoire de l’Union. 
La plupart des ressortissants ayant reçu cet ordre étaient algériens, marocains, syriens, turcs et afghans. Les principales nationalités des personnes renvoyées étaient géorgiennes, turques, albanaises, moldaves et colombiennes. 
Plus de la moitié des renvois ont été volontaires, confirmant une tendance à la hausse.

L'évaluation thématique Schengen de 2024 a mis en évidence des progrès dans le développement des systèmes nationaux de retour, même si des inefficacités subsistent à des étapes clés du processus, ce qui a un impact sur les mouvements irréguliers, comme en témoignent les alertes de retour du système d'information Schengen (SIS).  
 

L’avenir de la situation migratoire vers l’Europe

Les projections indiquent qu'en général, les arrivées irrégulières au niveau de l'Union devraient diminuer sur l'ensemble des principales routes migratoires en 2026 par rapport à 2024, conformément à la tendance à la baisse déjà observée au premier semestre 2025. 
Cette diminution attendue résulte, entre autres, d'un engagement fort de l'Union auprès des principaux pays d'origine et de transit, du renforcement des systèmes d'asile et de protection des frontières, ainsi que de l'intensification de la lutte contre les réseaux de passeurs, tant au sein de l'Union que dans les pays tiers. La route de la Méditerranée centrale devrait rester la plus active, mais le nombre total d'arrivées devrait se stabiliser, voire diminuer encore par rapport à 2024. 
Cette tendance reflète l'impact du renforcement de la coopération avec les pays partenaires d'Afrique du Nord et de la région. 
Une dynamique similaire est attendue pour les routes de la Méditerranée occidentale et de l'Atlantique, où les efforts importants déployés pour surveiller les points de départ et démanteler les réseaux de passeurs portent leurs fruits. Sur la route de la Méditerranée orientale, l'évolution de la situation dépendra largement de la situation au Moyen-Orient, notamment de l'apparition de nouvelles routes secondaires. 

Le long de la route des Balkans occidentaux, les arrivées devraient également diminuer, grâce à un démantèlement plus efficace des réseaux de passeurs et à une coopération renforcée entre la région, les États membres et les agences de l'Union. 
Sur la route de la frontière orientale, la Russie et le Bélarus devraient poursuivre leurs tentatives d' instrumentaliser la migration contre l'Union ; cependant, le renforcement du contrôle des frontières devrait permettre de réduire davantage les passages illégaux. Enfin, la situation des sorties illégales par la Manche devrait rester préoccupante, même si les mesures nationales prises en France et le renforcement de la coopération avec le Royaume-Uni devraient permettre de contenir, voire de réduire, les départs.

synthèse par Pierre Berthelet alias securiteinterieure.fr


Pour la première partie de la synthèse de ce rapport, à lire : Mécanisme de solidarité européenne : la France, soumise aux pressions migratoires, va être aidée par l’Europe

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