Mieux articuler les aspects intérieur et extérieur de la lutte contre le terrorisme. Voilà ce que s’était fixé le Conseil de l'UE. Les 27 ministres de l'Intérieur avaient adopté des conclusions en juin 2011 concernant le renforcement de cette articulation interne-externe. A présent, l’heure du (premier) bilan a sonné et ce rapport de mise en œuvre fait un état des travaux effectués ou en cours de réalisation.
Élaborer des stratégies globales de lutte contre le terrorisme
La stratégie pour la sécurité et le développement dans la région du Sahel a été le premier document adopté suivant cette démarche. Cette stratégie, en cours de mise en œuvre, intègre pleinement les politiques intérieure et extérieure en matière de sécurité, ainsi que l'aide au développement, réunissant ainsi tous les instruments dont dispose l'UE en vue d'une approche cohérente.
La mise en œuvre de la stratégie et des plans d'action y afférents doit être accélérée compte tenu de l'évolution récente de la situation.
La stratégie de l'UE à l'égard du Pakistan en matière de lutte contre le terrorisme et de sécurité, qui suit le même modèle que la stratégie pour le Sahel, constitue un autre exemple de politique globale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Les plans d'action qui doivent l'accompagner sont en cours d'élaboration.
Par ailleurs, le projet de plan d'action de l'UE pour la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l'Afrique et au Yémen, tel qu'il est proposé par la Commission et la Haute Représentante en application du cadre stratégique de l'UE pour la Corne de l'Afrique, sera inscrit à l'ordre du jour de la session du Conseil de novembre 2012.
Mettre en place une task force informelle sur les questions de sécurité en rapport avec le Printemps arabe
Cette task force a été mise en place par le Service européen d'action extérieure et réunit tous les services concernés des institutions de l'UE, intégrant ainsi les aspects liés à la lutte contre le terrorisme et servant de forum pour l'échange et l'examen d'informations sur les questions de sécurité.
Améliorer la sûreté de l'aviation/du fret. Pour améliorer la sûreté du fret entrant dans l'UE, la Commission, le Centre d'analyse du renseignement (INTCEN) de l'UE et les États membres ont élaboré un processus d'évaluation des risques. Il s’agit de mieux identifier le fret à haut risque provenant de certaines régions et à mettre en œuvre des mesures dans les ports pour renforcer la sécurité intérieure de l'UE
Ce processus pourrait être complété par des mesures ciblées de renforcement des capacités dans des pays tiers.
Veiller à ce que les travaux le Centre d'analyse du renseignement - INTCEN (INTCEN sur le blog Bruxelles2) de l'UE sur les aspects intérieurs et extérieurs de la lutte contre le terrorisme soient utilisés au mieux, afin qu'un tableau précis des différentes menaces puisse être dressé
Il faut que le programme de travail de l'INTCEN soit communiqué aux instances préparatoires concernées du Conseil, que ses rapports soient rapidement mis à la disposition de tous les membres du personnel des États membres et de l'UE possédant une habilitation de sécurité appropriée et que les rapports en question soient dûment utilisés comme contributions pour les discussions à mener au niveau des groupe concernés.
Les liens avec les rapports de l'INTCEN et les présentations comprenant un élément important des discussions des groupes "Terrorisme" et "Terrorisme (aspects internationaux)" ont été maintenus et encore renforcés dans le cadre de l'actuel trio de présidences du Conseil.
Veiller à ce que le Centre d'analyse du renseignement - INTCEN et Europol continuent à travailler de façon complémentaire pour réaliser une analyse détaillée de la menace terroriste qui pèse sur l'UE
Cette complémentarité est assurée par le partage des programmes de travail, l'échange des données d'analyse sur les questions liées à la lutte contre le terrorisme, l'apport d'une contribution au travail d'évaluation réalisé par l'un et l'autre et une participation aux séminaires et ateliers pertinents. La perspective d'une plus grande coopération dans le cadre des mandats existants est examinée, par exemple au travers de discussions entre experts.
S'attaquer à la problématique des déplacements des terroristes et des djihadistes volontaires
C'est là certainement une des questions nécessitant un renforcement de la coopération entre acteurs intérieurs et acteurs extérieurs.
Un groupe de travail sur les aspects extérieurs a été créé au sein du réseau de sensibilisation à la radicalisation (RSR) afin d'étudier en particulier les liens qui existent entre les aspects intérieurs et extérieurs de la lutte contre le terrorisme. Ce groupe a entamé ses travaux en septembre 2012. Un des objectifs visés consiste à analyser la question des combattants étrangers et des déplacements des terroristes. Le groupe a pour but de diffuser de bonnes pratiques concernant la manière de prévenir et de déceler ce phénomène. En particulier, il examinera l'expérience acquise par les pays qui ont collaboré avec les différentes diasporas en vue de prévenir les déplacements des terroristes.
Redoubler d'efforts pour mieux coordonner les politiques intérieure et extérieure dans le domaine de la lutte contre la radicalisation
Étant donné que le travail de "prévention" entrepris par l'UE dans les pays tiers n'en est qu'à ses débuts, il est important de faire fond sur l'expérience, utile à cet égard, tirée à la fois de projets pertinents menés dans les États membres et du réseau de sensibilisation à la radicalisation (RSR), inauguré en septembre 2011.
L'une des questions traitées par le RSR est le rôle joué par les différentes diasporas dans la lutte contre l'extrémisme violent. Le RSR peut s'appuyer sur les résultats des deux séminaires UE/États-Unis consacrés à la contribution que les diasporas somalienne et pakistanaise peuvent apporter à la lutte contre l'extrémisme violent. La Commission élabore actuellement un rapport, qui sera diffusé en 2013, sur les différentes diasporas en Europe, leur rôle et la manière dont elles devraient être associées à la prévention de la radicalisation et du recrutement. D'autres possibilités de suivi et de nouveaux domaines de coopération avec ces diasporas doivent faire l'objet d'un examen plus poussé.
Ces actions internes sont complétées par des projets externes financés par l'instrument de stabilité qui visent à lutter contre l'extrémisme violent au Pakistan, dans la Corne de l'Afrique et au Yémen, ainsi qu'au Sahel. La Commission et le Service européen d'action extérieure, avec l'appui du coordinateur pour la lutte contre le terrorisme et la participation des États membres de l'UE, organiseront en novembre 2012, à l'intention des spécialistes concernés, un atelier sur la lutte contre l'extrémisme violent, ayant pour objectifs la prise en compte des considérations liées à cette question dans la programmation de l'aide au développement ainsi que l'échange d'expériences et d'enseignements tirés de projets de lutte contre l'extrémisme violent.
Organiser des réunions conjointes du groupe "Terrorisme" et du groupe "Terrorisme (aspects internationaux)" à titre de dialogue régulier sur des questions horizontales
L’idée ? Permettre un renforcement des liens entre les aspects intérieurs et extérieurs de la lutte contre le terrorisme (comme la sûreté aérienne, la cybersécurité, les questions de données, la radicalisation, le financement du terrorisme, les déplacements des terroristes, le rôle joué par les diasporas et la lutte menée à la source contre la menace terroriste)
Cette pratique s'est poursuivie dans le cadre de l'actuel trio de présidences, avec la tenue de réunions conjointes semestrielles du groupe "Terrorisme" et du groupe "Terrorisme (aspects internationaux)" se déroulant selon un ordre du jour établi en concertation avec les institutions de l'UE. Dans le cadre de la présidence chypriote du Conseil, les membres des deux groupes seront invités à prendre part à un atelier sur la cybersécurité.
La pratique des réunions conjointes du groupe "Terrorisme" et du groupe "Terrorisme (aspects internationaux)" a également été instaurée en tant que moyen supplémentaire de renforcer la coopération entre ces deux groupes et à titre de réponse politique à toute menace inattendue au sein de l'UE et/ou dans les pays partenaires (par exemple, la réunion extraordinaire des deux groupes convoquée le 28 juillet 2011 par la présidence polonaise à la suite des attentats perpétrés en Norvège le 22 juillet 2011).
Mettre absolument à profit l'expertise disponible en matière de justice et d'affaires intérieures (JAI) dans le domaine du renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme et le volet "réforme du secteur de la sécurité (RSS)"
L'UE a commencé à faire intervenir ses agences au niveau international. Une feuille de route visant une meilleure intégration des acteurs de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et de l'espace de liberté, de sécurité et de justice (ELSJ) est en cours d'élaboration.
synthèse du texte par securiteinterieure.fr
Et pour aller plus loin sur securiteinterieure.fr :
- Les nouvelles menaces terroristes : "loups solitaires", attaques contre les infrastructures essentielles et "jihad électronique"
- Lutte antiterroriste : développer une culture de prospective et améliorer la coopération avec le secteur militaire
- Une évaluation globale de la politique antiterroriste française ?
- Lutte antiterroriste : la clause de solidarité en préparation
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