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lundi 20 janvier 2014

Lutte antiterroriste : vers un renforcement du "Réseau de sensibilisation à la radicalisation"


La Commission européenne vient de présenter une communication dans laquelle elle propose une large gamme de mesures pour prévenir et lutter contre la radicalisation conduisant au terrorisme.
Elle présente ses vues également pour réviser la stratégie de l'UE visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de terroristes, qui doit commencer en 2014. 

La Commission donne ainsi suite aux conclusions du Conseil de juin 2013 et contribue plus globalement à l'actualisation de la stratégie de l'UE visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de terroristes.

En collaboration avec le haut représentant et avec le coordinateur pour la lutte contre le terrorisme, elle présentera un rapport sur la mise en œuvre des différentes actions décrites dans la présente communication vers la fin de 2015.

La situation actuelle

Depuis la dernière mise à jour en 2008 de la stratégie de l’UE visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de 2005, les tendances en matière de radicalisation ainsi que les moyens et les formes de celle-ci ont évolué et se sont diversifiés :
  • le terrorisme en Europe trouve désormais son inspiration dans une gamme plus  large d'idéologies, comme l'a montré le rapport TE-SAT (à lire sur securiteinterieure.fr: La menace terroriste s'aggrave en Europe selon un rapport d'Europol (TE-SAT 2013));
  • les activités terroristes et les activités extrémistes violentes dans l'UE ne relèvent plus exclusivement d'organisations centralisées et hiérarchisées. La menace a évolué progressivement et provient désormais aussi de plus petits groupes, de cellules et d'individus isolés. Ces attaques n'entraînent pas seulement la perte de vies humaines et des dégâts économiques; elles peuvent semer le germe de la division entre les communautés en Europe, suscitant des opinions de plus en plus réactionnaires  et extrémistes.

En outre, des Européens, souvent poussés sur la voie de la radicalisation par une propagande extrémiste ou par des recruteurs en Europe, se rendent à l'étranger pour s'entraîner et intervenir dans les zones de combat et, ce  faisant, se radicalisent encore plus. Beaucoup parmi ces «combattants étrangers» européens, dotés de nouvelles compétences de combat, pourraient constituer une menace pour la sécurité européenne.

Enfin, des extrémistes tirent parti des progrès technologiques pour trouver de nouvelles façons d'approcher les jeunes désappointés, en utilisant les réseaux sociaux. Ils diffusent leur propagande plus largement, plus rapidement et plus efficacement.

Principes généraux sous-tendant la démarche

Les États membres sont responsables de la conception et de la mise en œuvre de mesures destinées à prévenir et combattre la radicalisation. Cependant, les types de menaces auxquels les États membres sont confrontés étant souvent similaires, il peut être efficace de prendre des mesures au niveau de l’UE.
La Commission européenne soutient déjà les efforts des États membres pour prévenir et combattre l’extrémisme violent. En 2011, elle a créé le Réseau de sensibilisation à la radicalisation (RSR), qui réunit plus de 700 experts et acteurs de terrain de toute l’Europe. Le RSR met l'expertise en commun et facilite l’échange d’idées entre experts de tous niveaux sur des sujets allant de la responsabilisation des acteurs locaux à l’organisation de conférences internationales.

La mobilisation du « Réseau de sensibilisation à la radicalisation »

Il existe une vaste expertise et un grand nombre de bonnes pratiques, dans l'UE et ailleurs. Pour consolider l'expertise en matière de prévention de la radicalisation, la Commission propose de renforcer le rôle du secrétariat du Réseau de sensibilisation à la radicalisation et, d'ici 2015, de faire de ce secrétariat davantage un pôle de connaissance qui rassemblerait l'expertise en matière de prévention de la radicalisation conduisant au terrorisme et à l'extrémisme violent et de lutte contre ce phénomène.

Outre ce rôle logistique, les tâches principales du secrétariat consisteraient à:
  • répondre en première ligne aux demandes d'aide des États membres et de la Commission liées à la mise en œuvre des propositions en matière de prévention de la radicalisation;
  • assurer les interconnexions entre les différentes sources d'expertise dans le domaine de la prévention de la radicalisation, notamment en rassemblant et en diffusant les bonnes pratiques et en contribuant activement à la définition de l'agenda de recherche;
  • servir de plateforme de coordination pour les initiatives de prévention, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'UE.

Le Réseau de sensibilisation à la radicalisation a réussi à développer des outils pour faire face aux défis que représente la radicalisation. Le recueil de bonnes pratiques en ligne en est un bon exemple. En janvier 2013, la Commission a organisé une conférence à haut niveau. Il s’agissait d'une première étape pour combler le fossé entre le Réseau et les décideurs politiques des États membres. La Commission continuera à œuvrer en ce sens et elle organisera une deuxième conférence ce à haut niveau à la mi-2014.

En outre, l’expérience du Réseau de sensibilisation à la radicalisation montre que les acteurs locaux doivent être correctement équipés pour reconnaître les comportements radicalisés. Les travailleurs de première ligne sont notamment les travailleurs sociaux, les éducateurs, les travailleurs du secteur des soins de santé, les policiers, le personnel pénitentiaire et les agents de probation. La Commission:
  • avec la contribution des États membres, chargera le Réseau de mettre sur pied un programme européen de «formation des formateurs» tant à l'échelon sectoriel qu'à l'échelon intersectoriel;
  • si nécessaire, chargera le Réseau de mener les cours élaborés par lui;
  • avec l'aide du Réseau, œuvrera avec le Collège européen de police (CEPOL) à la mise au point d'un module de formation sur la reconnaissance et la prévention du processus de radicalisation, destiné aux professionnels de police.

Les autres mesures proposées

La Commission souhaite favoriser l’usage de «stratégies de sortie» en vue d’aider des individus radicaux à se désengager (renoncer à la violence sans abandonner l'idéologie qui la sous-tend) et à se déradicaliser (renoncer à la fois à la violence et à l'idéologie sous-jacente).

Pour appuyer les États membres à mettre au point des programmes de sortie, la Commission chargera le Réseau de sensibilisation à la radicalisation de rassembler des connaissances et des expertises afin d'aider les États, à leur demande, à mettre en place des programmes. Cette aide comprendrait:
  • l’organisation d’ateliers à l'échelle de l'UE rassemblant les États membres pour étudier différents programmes et discuter des mécanismes auxquels peuvent faire appel les familles, les communautés et les travailleurs de première ligne;
  • la mise en place de formations pour les acteurs de terrain locaux qui aident des personnes à se désengager et à se déradicaliser;
  • le soutien à l'administration centrale et aux autorités locales, à la demande de l'État membre, pour la mise en place de programmes nationaux de déradicalisation ou de désengagement.

Par ailleurs, la Commission, constatant que les radicalisateurs tirant partie: ils utilisent des outils en ligne pour répandre leurs messages haineux, elle exprime sa volonté d’aider les États membres, les pays tiers, le secteur privé, la société civile et les particuliers dans leurs efforts visant à créer des contre-messages positifs en ligne et à tenir les contenus illégaux hors de portée du public.

À cet effet, la Commission entend :
  • créer un forum avec les principaux acteurs du secteur pour débattre de l'ampleur du problème, des mesures prises par les parties concernées et des possibilités de renforcement de la coopération ;
  • continuer à encourager les groupes communautaires, les citoyens, les victimes et les anciens extrémistes à élaborer des contre-discours. Dans ce cadre, la Commission chargera le Réseau de sensibilisation à la radicalisation de mettre au point des contre-discours innovants, en ligne, avec la participation d'anciens terroristes et de victimes du terrorisme.

Dans cette perspective, la Commission propose aussi de renforcer la capacité des victimes afin de contribuer à empêcher la radicalisation. À cette fin, elle va :
  • continuer à renforcer les droits des victimes et à soutenir leurs groupes et réseaux, à la fois dans l’UE et au-delà;
  • financer des projets qui permettent aux victimes de raconter leur histoire, à la fois pour leur rétablissement personnel et pour créer de nouveaux contre-discours;
  • sensibiliser davantage le public en commémorant la Journée des victimes le 11 mars de chaque année et en mettant sur pied des expositions consacrées aux récits des victimes.

De surcroît, la Commission propose aussi d’encourager les jeunes à exercer leur esprit critique vis-à-vis des messages extrémistes. Elle propose :
  • de soutenir les États membres en repérant et en diffusant des programmes visant à encourager l'esprit critique ;
  • d’utiliser Erasmus +, le programme de financement de l’UE pour la coopération en matière d’éducation, de formation, de jeunesse et de sport, pour offrir, sur la période 2014-2020, d'importantes possibilités de mobilité pour les étudiants et les professeurs et pour soutenir les partenariats entre acteurs de ces secteurs ;
  • de soutenir les groupes locaux et communautaires qui travaillent avec d'anciens extrémistes violents et avec des victimes de violence extrémiste pour montrer aux jeunes qu'il y a un revers à la médaille. La Commission demandera aussi au Réseau de sensibilisation à la radicalisation de mettre en place un groupe d'acteurs de terrain, de victimes du terrorisme et d'anciens terroristes auquel pourront s'adresser les écoles qui souhaitent aborder ces questions plus en profondeur.

Cela étant, la Commission finance actuellement des recherches sur les motivations des individus isolés et les raisons pour lesquelles ils se tournent vers la violence. Davantage de recherches sont nécessaires pour comprendre  et elles devraient se pencher sur les rôles joués par l'idéologie, les nouvelles techniques de recrutement fondées sur l'internet, et les personnes qui sont prises pour modèle. Pour soutenir ces recherches plus approfondies, la Commission:
  • utilisera le programme «Horizon 2020» pour financer des recherches sur les «sociétés sûres», un thème collaboratif qui inclut la recherche sur la radicalisation et le recrutement;
  • utilisera les sources de financement consacrées à la résilience aux catastrophes et à la lutte contre la criminalité et le terrorisme (futur Fonds pour la sécurité intérieure) pour financer de nouvelles recherches sur les moyens de lutter contre la radicalisation;
  • travaillera avec les décideurs politiques nationaux, le Réseau de sensibilisation à la radicalisation et les chercheurs pour faire en sorte que les recherches restent ciblées.

La dimension externe de l’action en matière de radicalisation

Parallèlement aux actions entreprises au niveau interne, la Commission souhaite promouvoir des initiatives dans les pays tiers, notamment dans ceux qui sont fragiles ou touchés par des conflits. Comme il existe d’après elle un lien évident entre la dimension intérieure et la dimension extérieure, la Commission, en étroite collaboration avec le haut représentant et avec le coordinateur pour la lutte contre le terrorisme, veillera à la cohérence de ces deux aspects de l'action européenne en matière de prévention de la radicalisation.

À cette fin, la Commission et le haut représentant entendent accroître les efforts de renforcement des capacités hors UE, en mettant l’accent sur la prévention de la radicalisation et la lutte contre celle-ci, et veiller à ce que ces aspects soient intégrés dans les plans d’action et dans les dialogues politiques entre l’UE et ses pays partenaires.
L’UE :
  • soutiendra des projets de lutte contre l’extrémisme violent dans la Corne de l’Afrique et en Asie du Sud ;
  • apportera un financement supplémentaire pour ces activités en Afrique de l’Ouest ;
  • lancera, par l'intermédiaire du centre international d'excellence pour la lutte contre l'extrémisme violent (Centre Hedayah) à Abou Dhabi, des projets visant à élaborer, entre autres, des programmes internes de formation pour partager les compétences spécifiques avec les acteurs de première ligne dans les pays partenaires.

La Commission et le haut représentant entendent aussi :
  • renforcer les liens entre les programmes d'éducation et de sécurité financés par les instruments d'aide extérieure, de façon à ce que les enfants et les jeunes des pays tiers soient encouragés à développer leur esprit critique ;
  • soutenir les médias en tant qu’acteurs essentiels pour renforcer le dialogue entre les organisations de la société civile, les autorités locales, les acteurs du secteur privé, les milieux universitaires et les organisations régionales ou internationales dans les pays tiers en ce qui concerne la prévention de la radicalisation et la lutte ;
  • contribuer à la constitution du Global Fund for Community Engagement and Resilience (Fonds mondial pour la participation et la résilience des communautés)  créé par le GCTF. Ce Fonds soutient des initiatives locales de terrain en matière de lutte contre la radicalisation et fonctionne en partie avec des ressources privées;
  • incorporer des stratégies visant à prévenir la radicalisation et l'extrémisme violent aux outils et instruments classiques de coopération au développement, en particulier dans les États fragiles sujets à l'extrémisme violent;
  • mettre en place des réseaux externes pour promouvoir des stratégies de prévention auprès des délégations de l’UE et des ambassades des États membres de l’UE dans les régions prioritaires.

(synthèse du texte par securiteinterieure.fr)

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