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lundi 30 juin 2014

Mise à jour de la stratégie européenne anti-radicalisation : prévenir l'émergence d'une nouvelle génération de terroristes


Dans un contexte où des jeunes partent combattre en Syrie, les Etats membres sont préoccupés par le phénomène de radicalisation. les 28 ministres de l'Intérieur viennent de mettre à jour, lors de leur dernière réunion, leur stratégie anti-radicalisation à  cet effet.

Le texte, adopté par le Conseil de l'UE en même temps que d'autres conclusions (à lire sur securiteinterieure.fr: Lutte antiterroriste : pour éviter le recrutement en Syrie, il faut renforcer la protection des frontières européennes) a pour principal objectif d'empêcher que des personnes se radicalisent.

De  quoi parle-t-on ?

La stratégie fournit aux États membres un cadre qui leur permet de prendre des mesures à l'échelon national, sur la base d'une même interprétation des facteurs de radicalisation et de recrutement de terroristes, ainsi que les principes à suivre et les mesures à prendre pour les combattre.

Elle fait écho aux conclusions du Conseil  des 6 et 7 juin 2013, appelant à une actualisation de la stratégie de l'UE visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de terroristes. Elle se fonde sur la communication de la Commission du 15 janvier 2014, intitulée "Prévenir la radicalisation conduisant au terrorisme et à l'extrémisme violent" (à lire su securiteinterieure.fr : Lutte antiterroriste : vers un renforcement du "Réseau de sensibilisation à la radicalisation").

Une stratégie et un plan d'action avaient déjà été adoptés en 2005. Cette stratégie a été mise à jour en novembre 2008. À la suite des travaux du Conseil de mars 2013 ayant trait à la révision de la stratégie de l'UE visant à lutter contre la radicalisation et le recrutement de terroristes, le Conseil a donc appelé les 6 et 7 juin 2013 à sa mise à jour.

Cette stratégie mise à jour définit dans les grandes lignes comment l'Union et les États membres mèneront la lutte contre la radicalisation et le recrutement de terroristes, eu égard au changement de la nature de la menace et à l'amélioration de la compréhension de la radicalisation et du recrutement de terroristes au cours des cinq dernières années.

Promouvoir la sécurité, la justice et l'égalité des chances pour tous

La stratégie préconise de sensibiliser le public au phénomène de la radicalisation et mettre en avant la voix de l'opinion majoritaire, qui est favorable à la modération et rejette le recours à la violence.
Il convient selon elle d'encourager la société civile à intervenir directement pour promouvoir une réponse modérée et de la soutenir à cette fin.

La stratégie propose de poursuivre les efforts entrepris pour adopter un discours sobre, s'il y a lieu, afin que les messages diffusés ne contribuent pas par inadvertance à aggraver les différences.

Améliorer la communication gouvernementale

La stratégie encourage l'élaboration de méthodes de communication adaptées, qui battent en brèche une idéologie extrémiste favorable ou liée au terrorisme, en ligne ou hors ligne.

Il s’agit de communiquer dans un langage adapté au contexte et au public, et de remettre en cause  de manière claire et constante les messages radicaux ou extrémistes sur les réseaux les plus fréquemment utilisés par ceux qui risquent le plus de se radicaliser. Cette communication doit être pertinente, séduisante et consistante, en particulier pour ceux qui sont les plus offensifs et qui se sentent le plus marginalisés.

Soutenir les messages s'opposant au terrorisme

La stratégie  propose de soutenir et amplifier les discours dissuasifs de ceux qui ont une influence au plan local, notamment les enseignants, les familles, les animateurs pour la jeunesse, les personnalités publiques, les intellectuels, les chefs religieux, les chanteurs et les vedettes sportives.

Certains des discours dissuasifs les plus efficaces ont été élaborés en collaboration avec des groupes de victimes du terrorisme, afin de créer un message véritablement fort.
La stratégie suggère d’envisager de recourir à des témoignages crédibles comme ceux d'anciens terroristes qui ont abandonné la voie de la violence, ou de membres de leur famille.

Former et mobiliser des praticiens de première ligne dans tous les secteurs concernés

Ce sont bien souvent les proches des personnes concernées qui sont les mieux placés pour percevoir des changements, signes d’une radicalisation.

La stratégie considère qu'en mobilisant des praticiens de première ligne, il est possible d’intervenir à un stade précoce et d’empêcher des personnes à risque de se laisser entraîner dans des activités à caractère terroriste.
Il s’agit notamment de former des enseignants, des travailleurs sociaux, des praticiens de la santé, des responsables religieux, des policiers de proximité, du personnel pénitentiaire et des agents de probation.

Aider les personnes concernées et la société civile à devenir plus résilientes

Il conviendrait, d’après la stratégie, de doter la société civile des compétences et des ressources dont elles  ont besoin pour comprendre la radicalisation.
Dans la pratique, il pourrait, par exemple, d'apporter un soutien aux jeunes et de favoriser leur formation afin de les aider à acquérir un sentiment d'identité positif et à reconnaître les dangers du discours terroriste.
Il importe, entre autres, de promouvoir l'éducation et la formation des jeunes, principalement dans les établissements d'enseignement scolaire et les universités, en ce qui concerne les questions liées à la nationalité, à la politique, à la tolérance religieuse et nationale, aux valeurs démocratiques et aux différences culturelles.

Soutenir les initiatives de désengagement

Les États membres devraient envisager des stratégies de désengagement évalués par leurs pairs à intervalles réguliers afin d'en garantir l'efficacité. L'échange de bonnes pratiques et d'expériences au niveau européen, en particulier celles du Réseau de sensibilisation à la radicalisation, peut aussi s'avérer utile.

Soutenir la recherche

Malgré un large corpus d'ouvrages et de travaux de recherche, la stratégie constate qu'il subsiste un grand nombre de questions importantes dans certains domaines.
Le Réseau de sensibilisation à la radicalisation constitue à cet égard également une enceinte particulièrement utile; il en va de même du "pôle de connaissances" qu'il est envisagé de créer et qui pourrait servir de lien avec les États membres.

La recherche menée au niveau de l'UE, avec le soutien financier de la Commission, peut apporter une contribution pour ce qui est d'analyser les grandes tendances en matière de radicalisation et d'apporter d'éventuelles réponses.

Harmoniser les efforts internes et externes de lutte contre la radicalisation

Outre l'approche adoptée à l'échelon local, national et européen pour empêcher que des personnes soutiennent le terrorisme ou deviennent des terroristes, la stratégie propose de mener une action dans et avec les pays tiers.

La difficulté  consiste, selon la stratégie, à assurer une cohérence entre les activités de lutte contre la radicalisation menée dans les pays tiers et l’expérience européenne, en tenant compte des enseignements tirés, des bonnes pratiques, mais aussi des pratiques qui se sont révélées défaillantes. A cette fin, il est nécessaire d'apporter un soutien aux pays tiers pour les aider à renforcer le secteur de la sécurité et l'État de droit sur leur territoire.

Il s’agit aussi, toujours selon la stratégie, d'aider les pays tiers à mettre en œuvre leurs propres politiques destinées à combattre la radicalisation et le recrutement de terroristes.

(synthèse du texte par securiteinterieure.fr)


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