Europol vient de remettre son rapport annuel d’activité pour l'année 2012 (pour l'année 2011, à découvrir sur securiteinterieure.fr : Rapport 2011 d'Europol : la croissance de l'office de police se poursuit). L’an passé, Europol est intervenue sur environ 16.000 cas d’arrestations, fraudes, trafic, etc., ce grâce à des agents de liaison travaillant en permanence avec la Haye.
Le budget 2012 d’Europol (84,15 millions d’euros) est en très faible baisse par rapport à celui de 2011 (84,8 millions d’euros), lui-même très nettement en baisse par rapport à 2010 (92,5 millions d’euros). C’est donc dans un contexte d’austérité budgétaire qu’Europol a dû évoluer depuis deux ans.
Cette croissance en termes de volume d’activité est tirée par les 800 personnes travaillant au siège d’Europol en 2012 – ils n’étaient 23 de moins l’année précédente.
2012 a également vu se développer les ambitions d’Europol de se poser comme un modèle de partage de connaissances et des bonne pratiques en matière de gestion du crime – d’où le développement de la Plateforme des Experts d’Europol (Europol Platform for Experts, EPE).
Europol se distingue aussi en 2012 au niveau des formations en analyse
du crime qu’elle fournit, puisque cette année, 504 heures de formation
ont été délivrées à 184 participants.
Enfin, le rôle de l’officier de protection des données d’Europol (Europol Data Protection Officer, DPO) s’est révélé déterminant en 2012 sur le plan opérationnel, puisqu’il est le lien qui unit les superviseurs de la Haye avec les inspecteurs de l’agence sur le terrain.
Le soutien opérationnel d'Europol
Comme le rapporte le rapport annuel 2012, Europol a apporté son soutien opérationnel aux autorités compétentes des Etats-membres à 15.949 reprises, soit une augmentation de 16% par rapport à 2011. L’an passé, ce chiffre était déjà en hausse de 17%, ce qui confirme la croissance graduelle et régulière d’Europol au fil des années – ce, en dépit des restrictions budgétaires qui ont été mises en œuvre.
Toujours pour accréditer la hausse de l’activité opérationnelle d’Europol, l’agence a produit 712 rapports d’analyse à l’endroit des autorités des Etats-membres en 2012, soit plus du double de ses productions de 2011 (340).
Le bureau mobile d’Europol a été mis à contribution à 91 reprises au cours de l’année 2012, quand ce chiffre n’était que de 84 en 2011.
Par exemple, l’opération Bad boys, lancée conjointement par le Royaume-Uni, la Pologne et Europol a permis le ciblage de 14 000 criminels dont le dossier est désormais consultable dans l’EIS. Ceci a permis de croiser les informations au niveau transnational (Cross Border Crime Checks) et ainsi faciliter le travail des enquêteurs.
En effet, l’agence écossaise Crime and Drug Enforcement Agency a choisi depuis 2012 de télécharger ses données nationales auprès du SIE afin d’alimenter la base de données. Sur la base des informations du SIE, cette Opération Bad Boys a permis de cibler plusieurs criminels considérés comme représentant une menace significative pour la sécurité des ressortissants européens.
Europol a pris part en 2012 à un travail préparatoire en vue de constituer un réseau de contacts entre praticiens de la lutte contre le blanchiment d’argent (AMON). Ce réseau, destiné à faciliter l’échange d’informations dans ce domaine, a vu le jour pour la première fois à Prague en janvier 2012 où des praticiens venant de plus de 30 pays différents sont intervenus et ont partagé leur expérience. Depuis cette rencontre, 15 pays dont Israël et le Luxembourg ont décidé de rejoindre l’initiative.
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En 2012, le Système d’information d’Europol (Europol Information System, EIS) comportait 186.896 objets, soit une hausse de 2% par rapport à 2011. Le rapport fait état, pour l’année 2012, de 48.023 criminels suspectés/accusés, un chiffre en augmentation de 17% par rapport à 2011. En 2012, les principaux cas de criminalité traités par Europol concernent :
- Le trafic de drogue, pour 34% des cas ;
- Le faux-monnayage, 14% des cas ;
- Les vols, 12% des cas ;
- L’immigration clandestine, 10% des cas ;
- La fraude et l’escroquerie, 7% des cas.
Grâce
à des outils d’analyse hautement technologiques (le Système d’Analyse
d’Europol ou EAS) les informations sont réunies sur une même plateforme
et des outils d’analyse sont fournis pour les traiter et ainsi soutenir
les Etats membres dans leurs enquêtes. En 2012, un programme a permis
l’enseignement de ces techniques par les analystes d’Europol à plus de
184 individus.
Au niveau stratégique, différents documents
sont régulièrement produits pour aider les décideurs à identifier les
priorités dans les domaines complexes du terrorisme et du crime
organisé grâce aux analyses TE-SAT (à lire sur securiteinterieure.fr : La menace terroriste s'aggrave en Europe selon un rapport d'Europol (TE-SAT 2013)) et (S)OCTA (à lire sur securiteinterieure.fr : SOCTA 2013 : le trafic illicite de déchets et la fraude à l'énergie sont les nouvelles menaces émergentes) et au projet EMPACT.
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Du SIENA (Secure Information Exchange Network Application) à l'EC3...
Au sein de l’application de réseau d’échange sécurisé d’informations SIENA, 15 949 cas ont été initiés (soit une augmentation de 16% par rapport à 2011), et ce à 82% par des Etats membres. Le SIENA, le réseau d’échange d’informations d’Europol, a été étendu en 2012 à l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Canada, Monaco, le Monténégro, la Serbie, la Suisse, la Turquie, ainsi que les agences Eurojust et MAOC-N (Maritime Analysis and Operations Centre – Narcotics). Par le biais du SIENA, 15.949 enquêtes ont été ouvertes en 2012, un chiffre en hausse de 16% par rapport à 2011. Ces enquêtes concernaient principalement :
- Le trafic de drogue, pour 29% des cas ;
- La fraude et l’escroquerie, 15% des cas ;
- Le vol, 11% des cas ;
- Le faux-monnayage, 9% des cas ;
- L’immigration clandestine, 8% des cas.
Toujours concernant le SIENA, un autre chiffre confirme la hausse de l’activité d’Europol en rapport avec les autres autorités compétentes des Etats-membres et étrangers : 414.334 messages ont été échangés en 2012, soit une hausse d’un quart par rapport à l’année précédente.
En 2012, ce système a été rendu accessible à de nouveaux partenaires comme l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Canada, Eurojust, MAOC-N (Maritime Analysis and Operation Center – Narcotics), Monaco, la Serbie, la Suisse et la Turquie. Autre avancée : SIENA a été rendu disponible au niveau national (en commençant par l’Allemagne), le système s’adaptant aux contextes nationaux en prenant en compte les législations nationales. L’interconnexion faite par Europol entre les Unités Nationales Europol et le système de gestion des cas en 2012 est donc un pas important vers l’interopérabilité.
Europol a développé sa plate-forme Europol pour les experts (EPE). Celle-ci a pour but de mutualiser les savoirs et les compétences des experts européens en matière de crime et de loi contre le crime à travers des forums sécurisés en ligne. Initiée en 2011, la plate-forme regroupe maintenant plus de 2000 nouveaux utilisateurs pour plus de 25 sujets d’échange en ligne. L’année 2012 a vu se renforcer l’échange d’information en matière de crime puisque l’EPE a été ajusté pour rencontrer les exigences de l’EC3 et de sa nouvelle plate-forme lancée en 2013 (SPACE – Plate-forme des experts accrédités en cybercrime).
La grande nouveauté du rapport 2012 concerne précisément la création du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3) (à lire sur securiteinterieure.fr : Présentation du futur centre européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3) prévu pour 2013) qui a commencé ses activités au 1er janvier 2013. Ce centre, qui cristallise la préoccupation croissante des Etats membres et des institutions européennes face à la criminalité dans le cyberespace, a pour but de prévenir et réduire la cybercriminalité en assistant les Etats membres dans leurs démarches d’enquête et de mise en examen des suspects. Alors que sa création coïncide avec celle du Centre digital du crime d’Interpol à Singapour en 2014, plusieurs réunions ont eu lieu entre les deux agences pour coordonner leurs efforts en la matière.
A l'extérieur...
Pour assurer les liens avec l’extérieur de l’UE, Europol accueille 10 officiers de liaison issus des autorités et pays suivants : l’Albanie, l’Australie, le Canada, la Colombie, la Croatie, l’Islande, la Norvège, la Suisse, Interpol et les agences américaines suivantes : Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (ATF) ; Drug Enforcement Administration (DEA) ; Federal Bureau of Investigations (FBI); Immigration and Customs Enforcement (ICE ); Internal Revenue Service (IRS) ; Naval Criminal Investigative Service (NCIS) and the US Secret Service (USSS). De plus, Europol dispose toujours de ses deux officiers de liaison à Washington, DC, et au siège d’Interpol, à Lyon.
Pour renforcer la coopération inter-agences, Europol et Frontex ont également signé à la fin de l’année 2012 un Mémorandum d’entente afin d’inclure de manière plus approfondie les experts de Frontex dans les enquêtes menées par Europol concernant notamment l’immigration illégale et le trafic d’êtres humains.
- Rapport annuel d'activité pour l'année 2012
- Communiqué de presse
- Programme de travail d'Europol pour l'année 2014
Et pour approfondir le sujet sur securiteinterieure.fr :
- La menace terroriste s'aggrave en Europe selon un rapport d'Europol (TE-SAT 2013)
- SOCTA 2013 : le trafic illicite de déchets et la fraude à l'énergie sont les nouvelles menaces émergentes
- Présentation du futur centre européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3) prévu pour 2013
- Rapport 2011 d'Europol : la croissance de l'office de police se poursuit
- Transfert des données criminelles à Europol : initier le cercle vertueux ou comment résoudre E=MC²
- L'accès d'Europol aux données détenues par le secteur privé en projet
- Europol, l'agence qui monte, qui monte...
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