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vendredi 8 mai 2020

Avec le déconfinement, Europol s'inquiète d"une "2e vague" criminelle


L’office européen de police de La Haye vient de publier un rapport sur l’état de la criminalité à la fois en regardant dans le rétroviseur et se projetant dans l’avenir, c’est-à-dire en identifiant les phénomènes qui vont se développer avec les difficultés économiques annoncées.

Selon livrant à un travail prospectif et anticipatif, il analyse le développement de la criminalité pendant le déconfinement et après la levée complète des restrictions.. Pour ce faire, il délimite trois phases : pendant le confinement, au moment du déconfinement et lors du retour à la normale.
Or, au vu de la crise économique qui s’annonce, il n’y a rien de réjouissant du point de vue des perspectives sécuritaires…




De quoi parle-t-on ?

Loin d'essayer de fournir des prévisions, Europol tente d'anticiper les développements qui pourraient avoir un impact sur le travail opérationnel de l'agence et des autorités répressives des Etats membres de l'UE. Il identifie 3 étapes complémentaires :
  • Phase 1 : confinement
  • Phase 2 : levée progressive du confinement
  • Phase 3 : retour à la normale

Phase 1 : l’effet d’aubaine du confinement pour les cybercriminels

Au cours des premières semaines de la pandémie COVID-19, les autorités répressives de toute l'UE ont constaté une forte augmentation de la criminalité.
L'impact immédiat le plus notable a été dans les domaines de la cybercriminalité, du commerce de marchandises de contrefaçon et ainsi que de différents types de fraudes en matière de propriété intellectuelle.

En revanche, Europol note que la pandémie n'a eu qu'un impact limité sur le niveau des menaces terroristes pesant sur l'UE.
Ceci étant dit, l’office de La Haye fait remarquer que les cybercriminels ont très rapidement mis au point des modes opératoires et des outils pour exploiter la crise actuelle.
De nouvelles attaques adaptées sont apparues presque immédiatement dès le début de la crise.

Cela s'explique en partie par la dépendance des acteurs sociaux et économiques aux solutions numériques et en ligne pendant le confinement.
C’est le cas pour travailler à distance et pour maintenir des contacts amicaux et familiaux.

La nature de la menace de la cybercriminalité a également évolué tout au long de la crise.
Les attaques initiales simples de phishing et de logiciels malveillants sont devenues plus sophistiquées et plus complexes depuis l'arrivée de la pandémie en Europe.

Il convient également de noter que les auteurs de cyberattaques réussies sont, semble-t-il, en grande partie ceux qui étaient actifs avant la pandémie.
Ils ont été rejoints par des opportunistes ayant des connaissances techniques limitées mais qui sont responsables d'un grand nombre d'attaques infructueuses lancées ces dernières semaines.

Phase 2 : le déconfinement crée de nouvelles opportunités criminelles

Selon Europol, un assouplissement des mesures de confinement va permettre, selon toute probabilité, de ramener l'activité criminelle à son niveau antérieur, avec le même type d'activités qu'avant la pandémie. Toutefois, les restrictions liées au confinement ont créé de nouvelles opportunités pour les criminels qui seront exploitées au-delà de la fin de la crise actuelle.

L’office de police observe que l'accent mis actuellement sur le recours aux logiciels malveillants et aux rançonlogiciels, qui visent des secteurs particulièrement touchés tels que les soins de santé et l'éducation, risque de se réorienter vers les entreprises à mesure qu'elles rouvriront physiquement ou continueront à développer leurs activités en ligne.

Les faux masques, un marché illicite en voie de développement

Le commerce de produits contrefaits, en particulier ceux liés aux soins de santé comme les produits pharmaceutiques et les équipements, a connu une recrudescence durant la pandémie.
Comme la demande pour ces produits reste très élevée, les contrefacteurs continueront à fournir des versions contrefaites de ces produits dans toute l'UE.
A ce sujet, l'introduction du port obligatoire de masques pourrait même accroître l'offre de ces articles contrefaits.

A ce propos, Europol s'attend à ce que les contrefacteurs et les fraudeurs investissent massivement le secteur des faux vaccins, notamment en ligne via différentes plateformes et sur les médias sociaux.
À la suite de la crise économique de 2007 et 2008, l'UE et ses États membres ont introduit des mesures de grande envergure pour limiter les transactions en espèces et prévenir les mécanismes de blanchiment d'argent.

Toutefois, la crise actuelle et son impact sur l'économie pourraient constituer un véritable test de l'efficacité de ces mesures.
L’office note que les groupes issus de la criminalité organisée les plus menaçants et les plus rentables restent très flexibles.
Aussi, il conjecture qu’ils profiteront des occasions de blanchir des profits chaque fois que cela sera possible.
Il se peut également que les groupes criminels basés dans l'UE déplacent leurs opérations de blanchiment de capitaux vers des pays hors UE dont le système anti-blanchiment est plus faible.

Une recrudescence du trafic de drogue et de la migration clandestine

Le trafic de cannabis, de cocaïne et d'héroïne s'est poursuivi tout au long de la pandémie, bien qu'à des niveaux moins élevés qu'auparavant. Après la levée des mesures de confinement et de quarantaine dans toute l'Union européenne, Europol s'attend à ce que l'approvisionnement régulier reprenne aux niveaux d'avant la pandémie.

Même si les prix des différents types de médicaments disponibles sur les marchés européens ont fluctué tout au long de la pandémie en raison de pénuries d'approvisionnement, l’office de police s'attend à ce que les prix se stabilisent aux niveaux pré-pandémiques une fois que les distributeurs et les consommateurs auront été assurés d'un approvisionnement stable et fiable.

Quant aux flux migratoires, ils ont été réduits pendant le confinement de COVID-19. Pour Europol, un assouplissement des restrictions de voyage et de circulation devrait entraîner une augmentation des mouvements de migrants clandestins, car ils n'ont pas été en mesure d’entreprendre leur voyage pendant le confinement.

Phase 3 : vers un retour à la normal et … vers une consolidation des pratiques criminelles

Selon Europol, les groupes issus de la criminalité organisée pourraient de plus en plus tenter de cibler ou d'infiltrer des établissements de soins de santé pour se procurer ou détourner des fournitures médicales très demandées.
Le trafic de migrants continuera, lui aussi d'être une source de profit importante pour les groupes issus de la criminalité organisée qui se livrent à cette activité.

Par ailleurs, les changements de mode de vie qui sont apparus pendant la pandémie, tels que le télétravail étendu, les achats en ligne généralisés et d'autres comportements, ne disparaîtront probablement pas après la fin du confinement.
A ce propos, les cybercriminels continueront à chercher des occasions d'exploiter ces habitudes en adaptant les attaques existantes ou en en concevant de nouvelles.

Avec la récession, la réduction du pouvoir d’achat va enrichir les criminels

Europol s’attend à ce que la récession stimuler la demande de biens de consommation courante moins chers, à laquelle vont répondre les groupes du crime organisé par une offre de produits de substitution contrefaits.
L’office estime à ce propos que l’aggravation des difficultés économiques vont conduire la population à se tourner vers ce type de produits car moins chers.
Il s’attend aussi à ce que la réduction du pouvoir d'achat des consommateurs incite les contrefacteurs à étendre leurs activités à d'autres gammes de produits.

Pour les mafieux, réduction de pouvoir d’achat = recrutement d’une nouvelle main-d’œuvre
Surtout, l’office s’inquiète du fait que certains des groupes criminels les plus dangereux, tels que les groupes mafieux, profitent de la crise qui s’annonce dans un avenir prévisible. 
C’est le moyen de recruter, par exemple pour travailler dans la culture du cannabis ou pour faire office de passeurs de drogues et d'argent.  Les jeunes sont dans le viseur.

En outre, Europol s’attend à une aggravation des pratiques criminelles. Il s’agit notamment des prêts usuraires, de l'extorsion et du racket.
Avec la crise économique, les risques de corruption des personnes occupant des postes clés dans le secteur public vont s’accroître.
C’est le cas dans les pays où d'importantes réductions de salaire vont avoir lieu.


synthèse et traduction du rapport par securiteinterieure.fr 



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